Éditorial de la 502ème
La deuxième vague devait arriver. On l'attendait. Elle devait être "plus forte" que la première (voir notre éditorial n°500). Mais on a assisté dès la deuxième quinzaine d'octobre à un ralentissement des signaux d'alerte, bien avant les effets escomptés du confinement ou des couvre-feux locaux. Aujourd'hui, finalement, c'est la troisième vague que les experts redoutent, après les regroupements familiaux, principaux vecteurs de propagation du virus, que favorisent la période de Noël. Un pas de plus vers une vaccination massive dès le printemps ?
Vers une troisième vague ?
À l'annonce du confinement, le 28 octobre dernier, Emmanuel Macron nous prédisait "quoi que nous fassions" un pic d'admission en réanimation de "9000 personnes à la mi-novembre". Or, les chiffres aujourd'hui sont bien en-dessous des projections les plus optimistes : le 15 novembre, 3 880 personnes avaient été admises en réanimation. Quand les projections optimistes de l'Institut Pasteur tablaient sur un pic de 5 500 hospitalisations en réanimation le 12 novembre.
Les dernières projections présentées par l'Institut Pasteur, en début de semaine dernière, prévoient "entre 1.600 et 2.600 lits le 15 décembre". De quoi légitimement lever le confinement comme prévu par l'exécutif pour les fêtes de Noël...
Au 8 décembre selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, on comptabilisait 56 352 décès dont 30 000 lors de la première vague.
Question subsidiaire : si la pire des projections évoquaient 9000 personnes en réanimation pour la mi-novembre, pourquoi le chef de l'État a-t-il retenu ce scénario catastrophe ? Ou plutôt, pourquoi l'a-t-il asséné publiquement comme une menace anxiogène ?
Lire : Dépistage Covid-19 : la stratégie du Gouvernement dans le flou
Interrogé sur BFMTV, Olivier Veran, le Ministre de la Santé, s'est défendu de toute exagération : "Notre objectif, c'est de faire mentir ces courbes. En l'occurrence, la charge sanitaire est extrêmement élevée dans notre pays, il y a plus de malades à l'hôpital pour Covid que lors de la première vague, il y a un peu moins de réanimation, parce que nous avons transformé les prises en charge, transformé le fonctionnement hospitalier, nous nous appuyons davantage sur la médecine de ville". Ce qui est vrai.
Le plan de vaccination prévu par le Gouvernement
Dans son adresse du 24 novembre dernier, Emmanuel Macron a développé sa "stratégie" qui repose sur "plusieurs vaccins" dont des doses massives ont déjà été commandées. "Les premiers vaccins, sous réserve des résultats des essais cliniques, pourront être administrés dès la validation des autorités sanitaires compétentes. (...) Nous allons organiser une campagne de vaccination rapide et massive au plus près des personnes."
Le 28 juillet dernier, la HAS avait publié des recommandations préliminaires sur la stratégie vaccinale à adopter contre la Covid-19. Elle proposait entre autre une "priorisation des populations" à vacciner. Le 30 novembre dernier, dans une nouvelle publication, elle a précisé la stratégie vaccinale à développer. "Dans l’objectif d’une vaccination visant à réduire le plus grand nombre d’hospitalisations et de décès attribuables à la Covid-19, les principaux facteurs à considérer dans une perspective de priorisation des populations à vacciner au cours des premières étapes de la campagne sont l’âge élevé, certaines comorbidités et leur association éventuelle."
La note de la HAS revient ainsi sur le profil des décès observés pendant la pandémie afin d'établir sa stratégie de priorisation.
Reprenant les derniers chiffres connus, l'étude recense du 1er mars au 18 novembre 2020, 208 367 patients ayant été hospitalisés. Leur âge médian est de 72 ans. Moins de 5% avaient moins de 44 ans.
La typologie des risques établie par la HAS