Il aurait pu tirer un trait sur sa fraîche carrière et vivre de ses rentes – son père était l'un des barons de la sidérurgie austro-hongroise –, mais Paul Wittgenstein a décidé que ce jour funeste de la Grande Guerre qui a vu son bras droit fauché par des balles russes sur le front polonais ne serait pas l'accord final de sa vie de pianiste. Fort d'une exceptionnelle humilité face aux foudres du destin, il décide que sa musique passera désormais par sa seule main gauche, et comme le répertoire est quasi inexistant, il met à profit sa fortune pour solliciter les grands maîtres de son temps, qui pour beaucoup s'exécutent avec passion. Aux côtés des Britten, Prokofiev, Strauss et autres Hindemith et Korngold, Maurice Ravel fait partie de ceux qui mettent dans le mille avec un Concerto en ré entré aujourd'hui dans la légende. C'est un peu de son histoire que nous contera ici Yuja Wang, avant d'enchaîner avec l'autre concerto de Ravel – celui en sol pour les deux mains –, tandis que Tarmo Peltokoski et l'Orchestre Philharmonique de Radio France partiront seuls, après la pause, à la découverte d'une exposition de peintures… imaginaire.