Avec Naïma Ghermani (Université Grenoble-Alpes) et Jonathan Miaz (Université de Lausanne)
Cet épisode explore l’histoire du droit d’asile depuis le XVIIᵉ siècle jusqu’aujourd’hui. Il met en lumière l’origine de ce droit, les débats qui l’entourent, ainsi que ses évolutions au fil du temps.
Dans un premier temps, Naïma Ghermani, professeure d’histoire moderne à l’Université de Grenoble Alpes, revient sur la crise des réfugiés en Europe au XVIIᵉ siècle, marquée par l’exil massif de populations persécutées, notamment pour des motifs religieux. C’est dans ce contexte qu’émerge un droit des exilés et que des juristes protestants allemands ont posé les fondements d’un droit d’asile, un concept qui perdure aujourd’hui.
Dès sa création, le droit d’asile a été pensé dans une logique de protection des victimes de persécutions, mais avec des limites : les États pouvaient refuser l’accueil selon leurs besoins, une ambivalence qui persiste de nos jours.
Dans un deuxième temps, Jonathan Miaz, chercheur à l’UNIL à l’institut d’études politiques, explique comment la politique d’asile actuelle en Suisse repose sur des catégorisations administratives strictes, distinguant réfugiés « légitimes » et « migrants économiques ». Ce tri repose sur des critères de crédibilité et des procédures où les récits des demandeurs et demandeuses d’asile sont scrutés pour détecter d’éventuelles contradictions.
Enfin, l’échange entre les deux spécialistes met en évidence comment les débats sur l’asile sont aujourd’hui influencés par un climat de suspicion, où l’accueil des réfugiés est souvent perçu sous un prisme sécuritaire et politique, plutôt que sous celui de la solidarité et du droit fondamental. La réflexion sur l’exil reste donc essentielle pour comprendre les enjeux actuels des politiques migratoires.