Nous sommes le 5 juillet 1962. En France, l’actualité est marquée par la fin de la guerre d’Algérie. Happy day pour un chanteur syrien, jusque-là couronné de succès dans le monde du twist. Et pourtant… une mélodie douce-amère va s’imposer à contre-emploi comme le tube de l’été.
C’est un sifflement de train, un départ. Une voix grave et posée, celle de Richard Anthony, qu’on n’attendait pas vraiment dans ce registre. Ce tube de l’été ne fait pas danser. Il fait frissonner. C’est un slow de larmes, au goût salé des vacances qui s’achèvent trop tôt. Enfin… c’est ce qu’on croit comprendre en l’écoutant.
En juillet 62, deux chanteurs s’en emparent : Hugues Aufray et Richard Anthony. Aufray passera totalement inaperçu.
Tout commence avec un air venu d’Amérique. 500 Miles est une chanson folk popularisée un an plus tôt. L’adaptation en français est signée Jacques Plante. Mais ce n’est pas une simple traduction : c’est un vrai texte. Et même, un texte engagé.
La chanson rappelle aux familles ces trains qui emmenaient les soldats de l’autre côté de la Méditerranée.
Plus d’1,5 million d’exemplaires vendus en France. Numéro 1 chez nous, en Belgique. Des reprises en italien, en néerlandais… et même une version allemande, chantée par Richard Anthony lui-même. Elle s’appelle Und dein Zug fährt durch die Nacht, et sera un énorme succès en Allemagne de l’Ouest.
Tout l’été 62, de la Côte d’Azur à la mer du Nord, entre les sanglots longs des violons… on entend le sifflet du dernier train de nuit. Et on danse, sans toujours réfléchir aux paroles qui la portent…