« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
« Voici le livre des révolutions possibles. Il s’appuie sur une expérience acquise dans près de cinquante pays. Il prend la voix exceptionnelle de Srdja Popovic, apôtre de la lutte non violente, qui fit tomber Milosevic, fut de toutes les « révolutions fleuries » et a été considéré comme l’architecte secret du printemps arabe. »
Assurément, « Comment faire tomber un dictateur » quand on est seul, tout petit et sans armes de Srdja Popovic (Petite Biblio Payot), méritait bien trois passages sur antenne et le site. Voici la deuxième des trois chroniques sur cet activisme pacifiste qui réconcilie avec l’action politique !
Ce mode d’activisme pacifique inspira d’autres actions que celles de faire tomber des Milosevic, Moubarak, Ben Ali… et, avant eux, Salazar et consorts. Ainsi, très récemment en Belgique, le collectif « Flashmob Justice Fiscale» a fait bouger les lignes avec ses inspirations, comme le décrit la « RTBF », « RTL », « POUR » (merci pour l’autorisation de reproduction des documents), « Le Soir »[1]… : « C’est par des actions qui rendent le pouvoir en place ridicule, par l’absurde, qu’on peut pousser le gouvernement à réagir et il est inutile d’être violent, car il y a toujours plus fort que soi...», expliqua un membre de ce collectif citoyen.
Ainsi, pour protester contre l’évasion fiscale, estimée à l’équivalent du financement annuel d’un hôpital de 350 lits, un magasin du géant du meuble à emporter fut envahi pacifiquement par les manifestants habillés en personnel soignant mimant des scènes hospitalières dans le rayon literie. Une sensibilisation du public fut, bien entendu, opérée et les médias, en nombre, relatèrent cette action à Ikea.
Comme le dit Popovic : « Si vous avez des fusils-mitrailleurs, des tanks, si détruisez le mobilier urbain, des vitrines… d’un côté, et des manifestants pacifistes souriants, sans armes, avec des pancartes, drapeaux et fleurs, de l’autre côté, pas de longue interrogation aux yeux des gens et des médias pour savoir qui est la Belle et la Bête ! »
Et, aussi étonnant que cela puisse être, le « dérisionnisme » fonctionne bien parmi d’autres actions comme celle décrite ci avant, du moins, pour les activistes qui ont le cran de mener pareille opération.
« La seule chose capable de venir à bout de la peur, c’est le rire, car l’humour ne vous fait pas seulement glousser : il vous fait réfléchir, conseille Popovic. Et rien, dans la formation des forces de l’ordre ne les a préparées à gérer des gens rigolos. Un exemple, en Pologne, du temps de Solidarnosc. Las d’écouter le JT du soir manipulé par des journalistes lisant les infos provenant de lui sur un prompteur, les gens pouvaient, bien sûr, ne pas regarder ce JT à l’eau de rose. Mais, seul dans son salon, quel impact ? Alors, des activistes non violents eurent une idée géniale : à 19h30, les gens plaçaient leur téléviseur dans une brouette ou une poussette et se promenaient dans les rues ! C’était clair et net. Les journaux d’opposition se régalèrent de cette info citoyenne et les forces de l’ordre dépourvues face à Monsieur et Madame Tout-le-Monde, parfois accompagnés de leurs enfants, se promenant avec leur TV.
Cette action citoyenne, « dérisionniste », parmi tant d’autres, participa à une prise de conscience collective du peuple de la désobéissance civile.
Quelques mois plus tard, l’opposition parvint à instituer des élections semi-libres, puis, un an plus tard, elle était au pouvoir ! »
Notre troisième chronique évoquera d’autres corollaires de succès et, surtout, de surprenantes et encourageantes statistiques.
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