Il avait violé sa sœur, coupé sa mèreen tous petits morceaux : jugeant la vie amèreet voulant se donner quelque distraction,il servit à son père une décoctionvénéneuse, du foie et des reins ennemie(car il avait un peu potassé la chimie).Cette mixture fit mourir le doux vieillard.Il était mal poli, journaliste, paillardtrichait au jeu, faisait des vers, fumait la pipedans la rue, et le soir se gavait de tripesà la mode de Caen parmi les croquemorts.Cependant, il n’éprouvait pas l’ombre d’un remordset vivait très tranquille et très digne et coulait debien beaux jours (comme fait M. Paul Déroulède).Mais Dieu possède un DOIGT et l’immoraliténe saurait échapper à la fatalité…Un matin, comme il avait fait la grande fêteUn pot de réséda lui tomba sur la tête,et le Seigneur l’admit au Paradis profondcar il était plus vif que méchant dans le fond.