Roses de juin, vous les plus bellesRoses de juin, vous les plus belles,Avec vos coeurs de soleil transpercés ;Roses violentes et tranquilles, et tellesQu’un vol léger d’oiseaux sur les branches posés ;Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,Bouches, baisers qui tout à coup s’émeuventOu s’apaisent, au va-et-vient du vent,Caresse d’ombre et d’or, sur le jardin mouvant ;Roses d’ardeur muette et de volonté douce,Roses de volupté en vos gaines de mousse,Vous qui passez les jours du plein étéA vous aimer, dans la clarté ;Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos rosesOh ! que pareils à vous nos multiples désirs,Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisirS’entr’aiment, s’exaltent et se reposent !La cueillette, Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,S'effeuillent chaque été ?Leurs tiges vont plier au grand vent qui s'élève.Des pétales de rose ont chu dans le chemin.Ô Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêveSe faneront demain !Mets-les dans une coupe et toutes portes doses,Alanguis et cruels, songeant aux jours défunts,Nous verrons l'agonie amoureuse des rosesAux râles de parfums. Le grand jardin est défleuri, mon égoïste,Les papillons de jour vers d'autres fleurs ont fui,Et seuls dorénavant viendront au jardin tristeLes papillons de nuit.Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur.Belle, sanglote un peu... Chaque fleur qui se fane,C'est un amour qui meurt !