L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le barrage de Sivens. Le centre d’enfouissement des déchets
nucléaires à Bure. Le Center Parc de Roybon. L’autoroute A69 entre Toulouse et Castres... Autant de
projets d’aménagement et d’infrastructures, autant de luttes et de combats. Ce n’est pas nouveau :
depuis l’extension du camp militaire du Larzac en 1971, à chaque grand projet inutile et imposé, les
citoyens se mobilisent, les opposants s’organisent, les défenseurs de la terre se soulèvent.
Les Soulèvements de la Terre, c’est justement le nom d’un collectif qui tente de fédérer et de mettre en
réseau toutes ces luttes. Et elles sont nombreuses. Qu’il s’agisse de défendre une forêt ou de préserver
les terres agricoles, de protéger la biodiversité, les paysages ou la tranquillité des riverains, un peu
partout en France, ceux qu’on surnomme souvent les « zadistes » font office d’empêcheurs de bétonner
en rond.
Syndrome Nimby, répondent les promoteurs de ces projets mortifères. Nimby, ou l’acronyme de Not in
my backyard, en français « pas dans mon jardin ». Une manière de dénoncer ceux qui sont contre les
autoroutes quand elles passent sous leurs fenêtres, mais qui sont bien contents de les utiliser quand ils
partent en vacances. Peut-être. Peut-être que parmi les opposants il y a parfois un peu de ça. Mais pas
seulement. Et leurs détracteurs le savent bien, d’ailleurs. Pour preuve, quand des grands
rassemblements attirent des militants écologistes venus de toute la France, voire de toute l’Europe, ces
mêmes détracteurs ne manquent pas de les accuser de n’être « même pas d’ici » et de venir
uniquement pour semer le désordre alors qu’ils ne sont pas directement concernés par les projets qu’ils
dénoncent.
En résumé, les opposants sont soit « trop d’ici », et donc motivés par des intérêts purement égoïstes,
soit « pas assez d’ici » et animés uniquement par le goût de l’affrontement et le désir de « bordéliser le
pays ». L’idée que des citoyens politiquement et écologiquement conscientisés puissent se mobiliser
pour la défense de l’intérêt général ne semble pas effleurer les esprits.
Somme toute, cette double accusation est révélatrice de ce qui fait la force et la spécificité de ces
mouvements : c’est d’être à la croisée des luttes locales et des revendications globales. Car derrière la
défense d’un simple lopin de terre, c’est toute une vision de la société qui se joue. C’est le combat pour
un monde débarrassé de la prédation capitaliste et de la recherche de la rentabilité à tout prix, un monde
préservé de ces projets destructeurs qui ne voient dans la nature que des ressources à exploiter, et dans
nos territoires des espaces à conquérir.
Au cours des quatre semaines qui viennent, le Grain de Son, l’émission d’Attac Puy-de-Dôme, vous
emmène à la rencontre de quelques-unes de ces luttes. Nous irons dans l’Allier, là où une mine de
lithium menace l’eau et la biodiversité; nous nous intéresserons aussi, plus près d’ici, aux projets
d’urbanisation autour de Clermont-Ferrand. Mais nous allons commencer par vous parler d’un type de
grand projet inutile particulièrement inquiétant, et qui a tendance à se multiplier en France, je veux parler
des projets de méga-bassines. L’opposition à ces installations a fait grand bruit avec le rassemblement
de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres et les heurts qui l’ont marqué, mais la menace se rapproche et
les méga-bassines s’apprêtent à envahir le Puy-de-Dôme. A moins qu’une bande d’irréductibles gaulois
ne résiste vaillamment à cette invasion.
Ce sont trois d’entre eux que nous recevons aujourd’hui : Christian AMBLARD, du Greffe, le Groupe
scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable ; Ludo LANDAIS de la
Confédération Paysanne du Puy-de-Dôme ; et Jacky CHABROL d’Altenatiba/ANV 63.