Chronique des matières premières

Le marché porteur des poudres de lait ré-engraissées vers l'Afrique


Listen Later

Les poudres de lait ré-engraissées sont des poudres qui sont fabriquées à partir de lait écrémé, auquel on ajoute de l'huile végétale. Ces poudres de lait sont exportées sur le continent africain, aussi bien déjà conditionnées pour la vente au détail ou en vrac, dans des sacs de 25 kg. Le marché est porteur et a attiré ces dernières années des pays qui sont devenus des plaque-tournantes de ce commerce.

Ces dix dernières années, la Malaisie et les Émirats arabes unis ont vu bondir leurs exportations de poudres ré-engraissées vers l'Afrique. Pourtant ce ne sont pas des exportateurs de lait. La traçabilité est très difficile à établir, explique Christian Corniaux, chercheur au Cirad, car dans certains pays un même code douanier englobe plusieurs produits, mais on sait que ces deux pays importent de Nouvelle-Zélande et d'Australie ces poudres qu'on appelle MGV, avant de les réexporter sous leur propre marque. 

L'essor est tel qu'en dix ans la Malaisie a vu ses exportations totales bondir, en valeur, de 66 % - pour 372 millions de dollars-, selon le dernier Baromètre 2025 des agricultures africaines publié par l'Afdi (Agriculteurs français et développement international), Farm (Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde) et la Pafo (Organisation panafricaine des agricultures).

Aux Émirats arabes unis, le taux a explosé : +277 % - pour 333 millions de dollars. Dans ce pays, on partait de très bas, mais la tendance est sans appel. En parallèle, les exportations directes continuent, l'Europe et la Nouvelle-Zélande restent des fournisseurs majeurs de produits laitiers à l'Afrique.

Intérêt grandissant pour le marché africain

Le continent est un terrain où les débouchés sont garantis. Sur les 20 dernières années, la consommation de produits laitiers en Afrique de l'Ouest a en effet triplé alors que la production locale n'a fait que doubler.

Si on ajoute à cela, une population qui va être multipliée par deux ces 25 prochaines années dans cette région d'Afrique, et une consommation de lait entier qui baisse au profit des poudres ré-engraissées, les perspectives commerciales sont séduisantes. On ne parle pas d'un produit qui rapporte beaucoup, rappelle Christian Corniaux, mais qui permet de réaliser des profits grâce aux volumes commercialisés.

Les fournisseurs traditionnels ne suffiront plus

Il est fort probable que les producteurs traditionnels de lait comme la Nouvelle-Zélande, ou l'Irlande, le Danemark et les Pays-Bas en Europe, ne suffisent plus pour répondre à la demande qui se profile en Afrique.

Il faudra compter peut-être demain avec plus de poudre fabriquée en Amérique du Sud, ou alors en Inde, pays globalement à l'équilibre aujourd'hui, mais qui pourrait devenir un acteur sur le marché export. L'augmentation de la production de lait en Chine, permettra peut-être aussi, si le pays importe moins, de faire augmenter l'offre disponible sur le marché, et ainsi de répondre à la demande africaine croissante.

À lire aussiScandale du lait en poudre Nestlé: l’un des plus longs boycott de l’histoire

...more
View all episodesView all episodes
Download on the App Store

Chronique des matières premièresBy RFI