Invité de l'émission : Manfred Stoffl, directeur du Goethe-Institut de Montréal.
Le mois dernier, chers auditeurs, nous étions partis ensemble au Brésil pour deux émissions. Eh bien à l’occasion des élections générales allemandes le 22 septembre prochain, je vous propose là encore de faire deux étapes dans le pays de Goethe, de Beethoven et de Fassbinder.
La semaine prochaine, nous évoquerons les enjeux électoraux mais également la place que tient aujourd’hui l’Allemagne au sein de l’Union européenne. Mais pour l’heure, nous allons tenter de connaître un peu mieux la société allemande.
L’histoire de ce pays de 82 millions d’habitants, ce qui fait de l’Allemagne non seulement le pays le plus puissant, mais également le plus peuplé de l’Union européenne à 28, illustre jusqu’au paroxysme l’histoire déchirante, tragique, fratricide de l’Europe au XXe siècle. L’Allemagne aura connu les horreurs de la guerre, le totalitarisme nazi et le joug communiste, la division de son propre territoire et de son propre peuple.
Mais l’Allemagne représente également l’Europe dans son idéal de paix, de réconciliation et de travail sur la mémoire. La semaine dernière, le Président de l’Allemagne, l’ancien pasteur luthérien et anticommuniste, Joachim Gauch a marqué l’histoire en se rendant en compagnie du président français François Hollande dans le petit village martyr d’Oradour-sur-Glane, là où, le 10 juin 1944, la division SS Das Reich exterminait 642 personnes, dont près de 400 femmes et enfants.
« Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier » saluait ainsi le président français. L’Allemagne n’est pas seulement cette formidable puissance économique et commerciale qui a su se relever de ses ruines. Sa littérature et son cinéma notamment, qui plongent leurs racines dans cette histoire tumultueuse, ont obtenu un grand succès hors de leurs frontières car ils adressent des questions contemporaines qui nous concernent tous : immigration, nationalisme et postnationalisme, sécurité personnelle face aux intrusions de l’État.
C’est ce dont il est question aujourd’hui : cette société et cette culture allemande, qui en dit plus long que nous le pensons sur nous-mêmes.