Lors de la crise liée à la pandémie de Covid-19, les secteurs socio-culturels et artistiques ont été largement impactés : institutions fermées, activités avec public interdites, contrats artistiques annulés... Face à ces fermetures annoncées, l'inquiétude de nos secteurs était palpable et légitime. Durant de longs mois, l'essentiel des discussions et négociations se sont concentrées sur les risques économiques. Les subventions seront-elles garanties ? Les emplois seront-il sauvegardés? Le chÎmage temporaire s'appliquera-t-il à notre secteur? Comment assurer des revenus aux artistes qui voient leurs contrats annulés?
Bien que la légitimité de ces questions soit réelle, ces derniÚres ont parfois occulté d'autres préoccupations, et particuliÚrement celle de l'impact d'une fermeture de nos secteurs sur la société. En d'autres termes : l'impact sur le nécessaire débat démocratique, sur notre capacité à faire société malgré le drame collectif et individuel.
Force est de constater que, comme pour d'autres champs, l'économique a donné le tempo sur les débats et décisions politiques. Malgré tout, aprÚs plusieurs mois, des voix de plus en plus fortes se sont élevées pour rappeler que la culture poursuit d'autres objectifs. Finalement, face aux fermetures et ouvertures successives, les secteurs socio-culturels et artistiques se sont finalement organisés et ont décidé, ici et là , de résister.
Ré-ouvrir quoi qu'il en coûte. Aux arguments économiques et sanitaires, quelques institutions et collectifs ont opposé la valeur sociale et politique de notre travail.
Cette temporalité nous amÚne plusieurs questionnements. La valeur sociale et politique de la culture a-t-elle été reléguée au second plan face à des impératifs économiques ? La culture et le socio-culturel sont-ils des secteurs économiques comme les autres ? Comment et qui détermine-t-on ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas ? Quel est le statut de la culture dans une démocratie face aux enjeux économiques ?