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Or
Avec ces deux « Morts d'Arthur », la tradition anglaise adapte La Mort le Roi Artu (RQRF 17) à sa sauce, déjà en la séparant du Lancelot-Graal, mais aussi en réintégrant des éléments de la « tradition historique » de Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) et ses continuateurs Wace et Layamon (RQRF 4).
La Morte Arthure stanzaïque (ou strophique) suit d'assez près la trame de son modèle français mais, privé des monologues intérieurs de la prose française, Lancelot se retrouve encore plus idéalisé comme le modèle courtois par excellence. Par contraste, le texte souligne la passivité d'Arthur, entraîné par les actions des autres, surtout Gauvain et son animosité contre Lancelot. Ses strophes rythment solennellement les batailles finales du royaume arthurien, avec quelques twists.
La Morte Arthure allitérative se démarque davantage. Cette forme de poésie qui repose sur l'allitération, la répétition de sons similaires (plutôt que la rime, par exemple) l'inscrit dans une ancienne tradition propre à la langue anglaise. L'histoire s'affranchit bien davantage de ses modèles antérieurs. Retour à Geoffrey, Wace et Layamon : les campagnes d'Arthur sur le continent, qui mènent à sa chute, n'ont plus de lien avec Lancelot, ce dernier étant un simple lieutenant, aucune relation avec Guenièvre en vue. Mais Arthur ne se satisfait pas d'avoir réglé son compte à Rome, il se déchaîne contre les habitants de la Toscane, projette de reconquérir la Terre Sainte, s'imagine presque en souverain du monde entier… quand la trahison de Mordred le ramène à la réalité, et en Grande-Bretagne.
Variations sur les thèmes connus de la chute du royaume arthurien, qui n'en finit plus de chuter, ils ont pourtant durablement marqué le verbe arthurien. Ce Lancelot très-courtois, cet Arthur particulièrement orgueilleux seront notamment repris par Thomas Malory : la Mort allitérative inspire directement ses campagnes continentales au début du règne d'Arthur, et la Mort stanzaïque la conclusion de sa grande fresque. Avec « l'anglicisation » contemporaine de l'Arthuriana, cela peut expliquer que leur sens de la formule, l'extériorité dramatique des déclamations de leurs chevaliers, soient devenus pour nous le langage de la légende arthurienne, peut-être plus encore que les vers fleuris de Chrétien de Troyes…
0:39:45 Sur le procès de Guenièvre, dans la Mort Artu on lui aurait coupé la tête plutôt que la brûler. Mais la Morte Arthure stanzaïque rajoute effectivement la torture des coupables.
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Avec ces deux « Morts d'Arthur », la tradition anglaise adapte La Mort le Roi Artu (RQRF 17) à sa sauce, déjà en la séparant du Lancelot-Graal, mais aussi en réintégrant des éléments de la « tradition historique » de Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) et ses continuateurs Wace et Layamon (RQRF 4).
La Morte Arthure stanzaïque (ou strophique) suit d'assez près la trame de son modèle français mais, privé des monologues intérieurs de la prose française, Lancelot se retrouve encore plus idéalisé comme le modèle courtois par excellence. Par contraste, le texte souligne la passivité d'Arthur, entraîné par les actions des autres, surtout Gauvain et son animosité contre Lancelot. Ses strophes rythment solennellement les batailles finales du royaume arthurien, avec quelques twists.
La Morte Arthure allitérative se démarque davantage. Cette forme de poésie qui repose sur l'allitération, la répétition de sons similaires (plutôt que la rime, par exemple) l'inscrit dans une ancienne tradition propre à la langue anglaise. L'histoire s'affranchit bien davantage de ses modèles antérieurs. Retour à Geoffrey, Wace et Layamon : les campagnes d'Arthur sur le continent, qui mènent à sa chute, n'ont plus de lien avec Lancelot, ce dernier étant un simple lieutenant, aucune relation avec Guenièvre en vue. Mais Arthur ne se satisfait pas d'avoir réglé son compte à Rome, il se déchaîne contre les habitants de la Toscane, projette de reconquérir la Terre Sainte, s'imagine presque en souverain du monde entier… quand la trahison de Mordred le ramène à la réalité, et en Grande-Bretagne.
Variations sur les thèmes connus de la chute du royaume arthurien, qui n'en finit plus de chuter, ils ont pourtant durablement marqué le verbe arthurien. Ce Lancelot très-courtois, cet Arthur particulièrement orgueilleux seront notamment repris par Thomas Malory : la Mort allitérative inspire directement ses campagnes continentales au début du règne d'Arthur, et la Mort stanzaïque la conclusion de sa grande fresque. Avec « l'anglicisation » contemporaine de l'Arthuriana, cela peut expliquer que leur sens de la formule, l'extériorité dramatique des déclamations de leurs chevaliers, soient devenus pour nous le langage de la légende arthurienne, peut-être plus encore que les vers fleuris de Chrétien de Troyes…
0:39:45 Sur le procès de Guenièvre, dans la Mort Artu on lui aurait coupé la tête plutôt que la brûler. Mais la Morte Arthure stanzaïque rajoute effectivement la torture des coupables.
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