« Police partout, justice nulle part ».

La formule est ancienne, je la chantais déjà dans les cortèges étudiants il y a plus de 25 ans. Mais ce qui n’était qu’un simple slogan devient une triste et affligeante réalité quand il s’agit des suites judiciaires des violences policières.

Suites judiciaires classées sans suite, procédures débouchant sur des non-lieux presque systématiques.

Non-lieu. Le mot est intéressant. On devrait se pencher plus souvent sur les termes qu’on emploie et leur portée symbolique.

Non-lieu, c’est ce qui n’a pas eu lieu. Ce qui ne s’est pas produit. Il ne s’est rien passé, circulez il n’y a rien à voir.

Non-lieu, ça signifie aussi qu’il n’y a pas lieu de condamner, il n’y a pas lieu de s’indigner, il n’y a pas lieu de s’offusquer. Tout cela est parfaitement normal.

Non-lieu enfin, c’est ce qui ne s’est produit dans aucun lieu, ou alors dans la banlieue, un lieu banni, mis au ban de la société.

Le lieu renvoie au lieu-dit, un endroit n’existe que parce qu’il est dit, parce qu’on en parle. Un non-lieu c’est un non-dit, une chose dont on ne veut pas parler, dont l’idée même est niée parce qu’on préfère la taire.

Ne parlez pas de violences policières.

Invité-e-s :

- Elise MALLET, Comité Justice et Vérité pour Wissam

- Sophie BRUTUS, CGT-Educ'action 63

- Edgar KIGANGA, membre du Syndicat des Avocats de France