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Ce récit hybride mêle témoignages, expériences personnelles et fragments poétiques, dans une réflexion sensible et pleine d'humour sur l'absurdité du monde du travail. Antoine Mouton revient également sur sa relation à son père, s'interroge sur son nom comme sur son origine. « Quand on me demande d'où je viens, je réponds : d'enfance. » Il agence les mots entre eux, pointe leurs accords leurs écarts et leurs égarements. « Je porte le nom d'un animal commun, qui ne doit sa survie qu'à la domestication, et dont la seule qualité reconnue est de se laisser exploiter. » Et voilà le travail. Une œuvre critique, entre ironie douce et gravité contenue. Une parole libre et originale. « Un poème comme une cicatrice qui rétablirait le contact même fugace entre le monde et soi. »
Nom d'un animal, Antoine Mouton, Éditions La Contre Allée, 2025.
Plus tard, cet arbre aura poussé. Ce bâtiment devrait brûler. Un chat attend de pouvoir se rouler dans les cendres. D'où tu viens, toi ? demande-t-on plus loin. Mais pas au chat. À un enfant qui a les genoux en sang. Et dont le visage n'est resté dans aucune mémoire.
Récapitulons. Une dispute éclate ici en septembre. Le 12, quelqu'un saisit une main et ne la lâche plus. Un arbre est abattu à 14 h 23. Vendredi, quelqu'un a des projets. Tous les vendredis depuis trois mois, quelqu'un a des projets pour cet endroit mais ils ne se réalisent pas. Les autres jours, quelqu'un a des rêves. Combien de rêveurs sont passés par là ? Quelqu'un a l'heure ? Quelqu'un a le temps ? J'ai des objectifs, moi.
Nous marchons dans le temps. Nous remontons vers une source tarie dont la fraîcheur nous parvient encore. Où niche, à la place, un renard au corps brûlant.
Un jour un moucheron passera, ce sera le dernier du monde. Pourquoi ? demandera un enfant en 2033. Mais la réponse aura déjà été donnée à 9 h 44. En 1912. À quelqu'un d'autre. Qui n'avait rien demandé. Et qui n'a transmis le secret à personne. L'enfant sans réponse restera sans voix.
Ici du vent sans rien dedans. Une trahison. Des insultes à peu près partout. Des arbres abattus, plantés, renversés, arrachés, brûlés. Combien d'animaux se sont frottés contre ce mur ? Nous voulons voir. Le temps passer, courir, sauter. Une minute se perdre, une heure détaler. Quelqu'un conduisait un troupeau par ici. Voici les empreintes profondes que le temps a comblées. Le temps nous comble. Il faut le dire. Le temps nous creuse, et il nous comble.
C'est une question de patience et d'attention.
Ça s'ouvre souvent quand tu ne t'y attends pas.
Alors ça saute, ça s'ouvre.
Les étendues sont exactes les dimensions propices rien ne semble étriqué.
Il y a le vent du large il y a l'appel du loin c'est très profond.
Et puis on ne sait pas pourquoi ça se ferme mais
et les journées où non je n'y arrive pas je les nomme
Toute la peur que le père m'avait infligée autrefois
J'ai le vertige depuis que je suis petit.
À présent je vois
Nom d'un animal, Antoine Mouton, Éditions La Contre Allée, 2025.
Vous pouvez suivre le podcast de ces lectures versatiles sur les différents points d'accès ci-dessous :
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By Pierre MénardCe récit hybride mêle témoignages, expériences personnelles et fragments poétiques, dans une réflexion sensible et pleine d'humour sur l'absurdité du monde du travail. Antoine Mouton revient également sur sa relation à son père, s'interroge sur son nom comme sur son origine. « Quand on me demande d'où je viens, je réponds : d'enfance. » Il agence les mots entre eux, pointe leurs accords leurs écarts et leurs égarements. « Je porte le nom d'un animal commun, qui ne doit sa survie qu'à la domestication, et dont la seule qualité reconnue est de se laisser exploiter. » Et voilà le travail. Une œuvre critique, entre ironie douce et gravité contenue. Une parole libre et originale. « Un poème comme une cicatrice qui rétablirait le contact même fugace entre le monde et soi. »
Nom d'un animal, Antoine Mouton, Éditions La Contre Allée, 2025.
Plus tard, cet arbre aura poussé. Ce bâtiment devrait brûler. Un chat attend de pouvoir se rouler dans les cendres. D'où tu viens, toi ? demande-t-on plus loin. Mais pas au chat. À un enfant qui a les genoux en sang. Et dont le visage n'est resté dans aucune mémoire.
Récapitulons. Une dispute éclate ici en septembre. Le 12, quelqu'un saisit une main et ne la lâche plus. Un arbre est abattu à 14 h 23. Vendredi, quelqu'un a des projets. Tous les vendredis depuis trois mois, quelqu'un a des projets pour cet endroit mais ils ne se réalisent pas. Les autres jours, quelqu'un a des rêves. Combien de rêveurs sont passés par là ? Quelqu'un a l'heure ? Quelqu'un a le temps ? J'ai des objectifs, moi.
Nous marchons dans le temps. Nous remontons vers une source tarie dont la fraîcheur nous parvient encore. Où niche, à la place, un renard au corps brûlant.
Un jour un moucheron passera, ce sera le dernier du monde. Pourquoi ? demandera un enfant en 2033. Mais la réponse aura déjà été donnée à 9 h 44. En 1912. À quelqu'un d'autre. Qui n'avait rien demandé. Et qui n'a transmis le secret à personne. L'enfant sans réponse restera sans voix.
Ici du vent sans rien dedans. Une trahison. Des insultes à peu près partout. Des arbres abattus, plantés, renversés, arrachés, brûlés. Combien d'animaux se sont frottés contre ce mur ? Nous voulons voir. Le temps passer, courir, sauter. Une minute se perdre, une heure détaler. Quelqu'un conduisait un troupeau par ici. Voici les empreintes profondes que le temps a comblées. Le temps nous comble. Il faut le dire. Le temps nous creuse, et il nous comble.
C'est une question de patience et d'attention.
Ça s'ouvre souvent quand tu ne t'y attends pas.
Alors ça saute, ça s'ouvre.
Les étendues sont exactes les dimensions propices rien ne semble étriqué.
Il y a le vent du large il y a l'appel du loin c'est très profond.
Et puis on ne sait pas pourquoi ça se ferme mais
et les journées où non je n'y arrive pas je les nomme
Toute la peur que le père m'avait infligée autrefois
J'ai le vertige depuis que je suis petit.
À présent je vois
Nom d'un animal, Antoine Mouton, Éditions La Contre Allée, 2025.
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