Le mouvement de flux et de reflux de la mer a été l’objet d’un premier travail de théorisation dans les Philosophiae Naturalis Principia Mathematica (1687) d’Isaac Newton (1642-1727), qui applique le problème des trois corps pour déterminer les influences respectives de la Lunet et du Soleil sur la terre et la mer. Mais la théorie newtonienne est une théroie satique, qui ne fait pas intervenir la réponse de l’océan à ces frces d’attraction. Dans son grand traité de Mécanique Céleste (1799-1825), Pierre-Simon de Laplace (1748-1827) établit la théorie dynamique des marées : il fournit les équations différentielles et détermine l’existence de leurs composantes, diurne, semi-diurne et annuelle, au prix cependant d’hypothèses simplificatrices considérables. Avant même l’invention du marégraphe auto-enregistreur, et leur installation dans différents ports de France, d’Angleterre et de leurs colonies respectives, l’ingénieur hydrographe Antoine M. Chazallon (1802-1872), qui publie en 1839 le premier Annuaire des marées des côtes de France, présente à l’Académie des Sciences en 1837 une méthode des harmoniques pour la prédiction des marées, à laquelle les hydrographes continuent de se référer au XXe siècle, tout en achetant les prédicteurs de marées en Grande-Bretagne. Cette méthode de calcul s’appuie essentiellement sur un examen minutieux des données d’observation transcrites graphiquement. Eclipsé par la production des analyseurs harmoniques et les travaux de William Thomson (1824-1907) – Lord Kelvin – sur l’analyse harmonique. Ce travail reste cependant méconnu. Cet exposé analysera le mémoire de 1837 et tentera d’analyser les conditions de son effacement historique.