Le Dieu fait homme : chronique d’un Dieu déroutant
Déjà le prophète Ésaïe nous parlait d’Emmanuel, montrant par ce nom que le Messie serait le « Dieu avec nous ». Mais la naissance du Messie sur cette Terre ira bien au-delà de l’image qu’on pouvait s’en faire. Ce « Dieu avec nous » est en fait le « Dieu fait homme » qui habite au milieu des siens. Les hommes ne sont pas des étrangers à ses yeux, ils sont les siens, hommes et femmes de son peuple. Ça m’a pris tout près de 40 années de vie chrétienne pour m’émerveiller devant ce fait inouï.
Le Dieu incarné ne se contentera pas seulement d’une courte visite éclair bien encadrée par une garde rapprochée qui assure sa sécurité le gardant distancé du peuple comme le font tous les grands de ce monde. Le Fils de Dieu, l’homme le plus prestigieux de toute l’histoire humaine plonge au beau milieu de cette humanité dans les apparats les plus ordinaire qui soient. Ce Jésus « n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n'avait rien pour nous plaire. (Es 53 : 3) Ce "Dieu avec nous", est avec les boiteux, les aveugles, les lépreux et les gens de mauvaise vie.
Jésus le Fils de Dieu est à ce point ordinaire que cette humble condition entrainera une curieuse discussion avec son disciple Philippe en Jean 14. Ce dernier aime bien Jésus mais à la fois, il semble trouver que le maitre n’est pas exactement à la hauteur de ce qu’on aurait pu s’attendre du Dieu incarné. Voici l’échange :
« Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffira. Eh quoi, lui répondit Jésus, après tout le temps que j'ai passé avec vous, tu ne me connais pas encore, Philippe ! Celui qui m'a vu, a vu le Père. Comment peux-tu dire : « Montre-nous le Père ? » Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Ce que je vous dis, je ne le dis pas de moi-même : le Père demeure en moi et c'est lui qui accomplit ainsi ses propres œuvres. » Jean 14 : 8-10
L’apôtre Paul nous dit en Colossien 2 : 9 « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » Jésus n’était pas un modèle réduit du Dieu trois fois saints, il est en sa personne divine et incarnée la présence même de ce Dieu éternel. Il n’est pas venu ici-bas pour une simple visite de courtoisie en serrant quelques mains avec des sourires forcés, il est venu tangiblement aimer sa création et communier avec ceux qu’il « a tant aimer ».
La morale de cette histoire est que la prochainement fois où comme pasteur je me laisserai gagner par la folie de croire que je suis suffisamment important pour qu’on m’ÉLÈVE à une place de choix et qu’on m’accorde des honneurs particuliers, je me repentirai sur le champ.
En ce monde, le seul moment où Jésus fut élevé par des hommes, c’est lorsqu’on le cloua bien haut sur une croix rugueuse ayant pour seule couronne un anneau d’épine cruellement enfoncé dans sa peau. Lui le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs, venu habité au milieu des siens, ne trouva devant ce trône de douleur qu’un peuple injurieux venu le haïr « sans cause ». Mais dans les lieux très haut, nous rappelle l’apôtre Paul :
« Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » Phi 2 : 9-11