Emission écrite, tournée, réalisée et montée par Nina Pavan pour la radio Dialogue RCF, Marseille

"Avec peu on fait beaucoup quand on veut partager", c'est ce que nous explique Emanuele Schiavoni. Il est italien et chef cuisinier, il a fondé à Marseille la cantine participative Casa Consolat. Un lieu de partage qui réunit art, cuisine, solidarité et écologie en plein centre ville ! 

La sensibilisation des jeunes à l'environnement qui les entoure ce n'est pas une idée nouvelle chez les scouts.

Dans Commune Planète nous recevons deux scouts Marseillais du mouvement des Éclaireurs Évangéliques de France pour nous parler de cette école de l'écologie qu'est le scoutisme.

Recevoir et transmettre

La pédagogie des scouts s'appuie sur l'apprentissage par l'expérience et la responsabilisation des jeunes. Chaque jeune scout est appelé à enseigner aux plus jeunes ce qui lui-même a reçu des scouts plus expérimentés.

Alors quelle meilleure école de l'écologie que d'aller vivre en pleine nature, devoir gérer des ressources au quotidien comme l'eau et le feu pour mener à bien sa journée, et faire tout cela en équipe ?

Répartis en clans (pour les filles) et patrouilles (pour les garçons), les jeunes scouts apprennent à vivre sans le confort auquel ils sont habitués et à travailler ensemble pour progresser.

Encouragés par la "loi de l'éclaireur" les scouts s'approprient des valeurs comme la franchise, la courtoise, la maîtrise de soi et le respect de la nature.

Le respect de la nature passe également par l'apprentissage. Les jeunes peuvent passer différents brevets, composés de théorie et de pratique, dans lesquels ils apprendront par exemple à différencier plusieurs espèces d'arbres, quels arbres couper et comment ; d'autres brevets leurs apprendront à reconnaître et prendre soin des animaux.

Pendant les camps d'été, les scouts mettent en pratique tout ce qu'ils apprennent lors des sorties de l'année, comme le tri sélectif, la cuisine sur feu de bois, limiter le gaspillage et laisser leur espace de vie intact après leur passage.

Rencontrer Dieu dans la nature

Apprendre à aimer et respecter la nature passe aussi par une réflexion sur la création de la nature.

A chaque rencontre, les Éclaireurs Évangéliques organisent des "temps spi" pour faire découvrir Dieu aux jeunes. S'immerger dans la nature est un autre moyen pour les jeunes scouts de rencontrer Dieu, le Créateur.

"Admirer les étoiles, un rayon de soleil quand il fait froid ou une petite pluie après une journée très chaude, on apprend à apprécier tous ces petits détails de la nature aux scouts", témoigne Aurélien.

Dans Commune Planète, Nina Pavan interroge le frère Pavel sur l'appel des chrétiens à prendre soin de la nature et revient sur cette citation du pape François qui parle de la nature :

''Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l'utilisation irresponsable et par l'abus des biens que Dieu a déposé en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l'exploiter.''

Aurions-nous mal interprété ce commandement de dominer la Terre et d'en être ses propriétaires ?

Pourquoi le pape François nous dit-il cela ? Le frère Pavel de l'ordre des Dominicains à Marseille nous réponds. 

Lutter contre la pollution plastique des océans, c'est le crédo de la jeune association Wings of the Ocean. Elle a à son actif quelques 20 tonnes de déchets ramassés en 39 missions de dépollution.

Créée en 2018 par Julien Wosnitza, L'association Wings of the Ocean s'embarque régulièrement dans des missions de dépollution à bord d'un voilier et compte désormais plus de 16 000 partisans sur leur page Facebook et 400 bénévoles.

La mer Méditerranée, pourtant hotspot de biodiversité est la mer la plus polluée du monde. Ils en sont les premiers témoins de cette pollution les matelots du Kraken, leur filets ne désemplissent malheureusement pas.

Des bouteilles, aux cannettes, des filets fantômes aux hameçons jusqu'au billes de plastique que l'on ne peut plus compter ils en auront repêché des saletés.

Nettoyage de l'étang de Berre

Leur fameux trois mâts, le Kraken, a profité des confinements pour faire peau neuve grâce au travail de bénévoles. Après des dépollution à Sète, Marseille, Strasbourg ou Dunkerque c'est sur l'étang de Berre que l'association porte son regard.

Fin prêts à repartir en mer, l'équipage et leur navire préparent une opération de nettoyage vers l'île des trois frères dans le port de Chateau-neuf-les-Martigues. Ce n'est pas la première fois qu'ils nettoient cette zone de l'étang de Berre, très polluée par les usines environnantes et par les déchets plastiques.

Le pont du navire est ouvert à tous les volontaires, pour dépolluer, aider aux cuisine ou sur le pont du navire car tout aide est bonne à prendre. La flotte de Wings of the Ocean s'est d'ailleurs agrandie et se réjouit de pouvoir embarquer plus de volontaires à chaque sortie.

La vie 0 déchets

La jeune équipe de permanents partage le même espace de vie au quotidien. Le confinement ils connaissent, mais un confinement heureux puisqu'ils ont choisi de vivre sur leur navire !

Ils en profitent d'ailleurs pour expérimenter le zéro déchet. Sur un bateau c'est plutôt bienvenu. Monter à bord du Kraken ouvre la voie vers un changement d'état d'esprit sur notre consommation et sur différentes techniques simples pour modifier durablement ses habitudes et son impact sur l'environnement. 

La Méditerranée et son écosystème fait partie des 10 hotspots de biodiversité au monde - comprendre l'un des 10 endroits au monde où la biodiversité est la plus riche.

Le bassin méditerranéen abrite quelques 10 000 espèces animales (dont un quart sont endémiques). C'est également l'un des endroits les plus peuplés au monde avec 500 millions d'habitants vivant sur tout son pourtour. La mer Méditerranée ne représente pourtant qu'un pourcent des eaux de la planète.

Cette surpopulation et l'exploitation agricole et industrielle qui vont avec fragilisent cet écosystème.

En 2020 s'est achevé le métaprogramme scientifique international MISTRALS, qui a regroupé plus de 1000 scientifiques de 23 pays différents pour mener des recherches approfondies sur cette zone géographique et pouvoir mieux comprendre les effets du réchauffement climatique.

Le professeur Virginie Baldy, et le professeur Joel Guiot et coordinateur du programme Medecc, ont tous deux participé au programme MISTRALS, chacun dans leur discipline, respectivement la biologie et les géosciences. Ils reviennent pour nous sur les premiers résultats de cette recherche scientifique d'envergure.

Avec le programme BioDivMex l'enseignante chercheuse à l'université Aix-Marseille Virginie Baldy a mené des expériences sur la canopé méditerranéenne en privant les forêts de 30% des précipitations pour mesurer l'effet des sécheresses à venir au vu de l'augmentation des températures.

Joel Guiot directeur de recherche au CNRS et coordinateur du programme Medecc travaille quant à lui sur la pollution atmosphérique et maritime en Méditerranée et observe déjà les très lourdes conséquences environnementales dans les pays du sud. 5 ans après la signature des accords de Paris il en appelle à l'action immédiate des gouvernements et des décideurs.

Marine Samzun reçoit le père Xavier Manzano, philosophe et vicaire général du diocèse de Marseille, et Laetitia Dourdent, banquière itinérante à la Nef, banque éthique française, pour poursuivre l'échange du Parcours Laudato Si à propos de l'économie et les finances... autrement.

Marine Samzun reçoit trois participants du parcours Laudato Si, l'occasion de réfléchir sur une autre façon d'envisager notre rapport à l'argent, pour avancer vers une vie plus sobre !

Une trentaine de jeunes actifs résidant à Marseille ont choisi de rejoindre le groupe Laudato Si qui se base sur l'encyclique du pape prônant l'écologie et le respect de la nature.

Ce parcours initié à Marseille vise à mieux comprendre les enjeux de la crise sociale et environnementale actuelle.

Cette semaine, Astrid, Yaëlle et Cyprien reviennent, au micro de Marine Samzun, sur le second thème du parcours : économie et finance.

Tout au long de l'émission, les trois jeunes membres du groupe vont nous expliquer comment l'idée d'écologie a germé dans leur esprit, leur prise de conscience, ainsi que les raisons qui les ont décidés à faire partie de ce groupe.

Les actions que nous pouvons mener de notre côté sont nombreuses comme l'a souligné Yaëlle : "Regardons où notre argent est placé, faisons attention à notre consommation, où achète-t-on nos vêtements, notre alimentation ?" Nous pouvons tous agir de façon individuelle ou ne pas être d'accord avec certaines façons de consommer pour (re)trouver une vie plus sobre... mais plus heureuse !

"A l'échelle de l'individu, la somme des actions de chacun a une réelle influence" témoigne Cyprien.

9 français sur 10 déclarent avoir consommé au moins une fois du bio en 2018 selon le "baromètre de consommation et perception des produits biologiques en France", publié par l'Agence Bio. Le label "biologique" jouit d'une image de nourriture saine et respectueuse de l'environnement mais est-il vraiment garant de fruits et légumes de qualité et de semences naturelles ?

Plusieurs associations tentent de sensibiliser les consommateurs aux bienfaits des semences paysannes. C'est le cas de Kokopelli, créée en 1999 l'association milite pour que la vente de semences libres de droit, reproductibles et favorables à la préservation de la biodiversité des sols soit légale. En effet les semences vendues dans le commerce et les fruits et légumes disponibles à la vente dans les grandes surfaces (Bio ou conventionnelle) sont issues d'un catalogue de variétés encadrées. Ces variétés ne sont des hybrides F1, c'est à dire non "reproductibles", la descendance des plantes n'est pas assurée.

Premier pas vers une évolution : la légalisation de la vente de semences paysannes aux jardiniers amateurs en France en juin 2020. Une petite victoire pour la biodiversité car 90% des semences traditionnelles ne sont plus cultivées.

Kokopelli cherche à sensibiliser l'opinion publique et appelle à "boycotter drastiquement tous les produits issus de la grande distribution. A consommer local, bio, sans hybride F1 et sans chimères génétiques.".

L'engouement grandissant pour les produits bio "inscrit cette agriculture dans les même schémas productivistes que l'agriculture conventionnelle" déplore Ananda Guillet qui reconnaît volontiers que le bio est toujours mieux que la conventionnelle bien que cette filière agricole utilise "80 à 90% d'hybrides F1".

Comme une alternative aux grandes surfaces, Les Paniers Marseillais sont implantés depuis déjà 13 ans dans la cité Phocéenne. Ce réseau d'AMAP quelques 1500 adhérents et organisent trente marchés locaux (points de distribution) où l'on peut trouver des fruits et légumes, issus de semences paysannes, cultivés à moins de trente kilomètres de la ville. Les confinements et l'année 2020 mouvementée leur a d'ailleurs permis de toucher de nouveaux publics, des marseillais "consomm'acteurs" de plus en plus soucieux de consommer local et plus naturel.

Fabriquer ses produits de beauté, d'entretien ou d'hygiène soi-même c'est en vogue.

Les temps de confinement ont d'ailleurs permis à certains de trouver le temps de tester eux-même des recettes simples. Un peu d'huile végétale, du bicarbonate de soude très souvent et quelques gouttes d'huiles essentielles parfois : le fait-maison semble facile et même ludique.

Les consommateurs semblent favorables à des produits aux compositions épurées, voir même prêts à se salir un peu les mains pour être sûrs de ce qui se cache dans leurs cosmétiques et autres produits ménagers.

Les soucis écologiques et économiques influent fortement sur cette volonté des consommateurs à fabriquer eux-mêmes leur dentifrice, lessive ou encore désinfectant.

Selon une étude parue au début de l'année 2020 de l'Observatoire Leclerc : 73% des Français qui pratiquent le Do It Yourself (DIY) le font par soucis écologique. Ils estiment également économiser 272 euros par an grâce à cette technique.

Le fait-maison ou DIY est-il vraiment rentable et aussi bon pour la santé comparé aux produits manufacturés ? On en parle avec nos deux invités de la distillerie Aroma Plantes.

Car chez Aroma Plantes, distillerie d'herbes aromatiques et de fleurs de Provence, implantée au pied du mont Ventoux depuis 1978, on adore le do it yourself.

Dieu doit influencer notre vision du monde et de l'écologie. C'est le constat que fait le pasteur Timothée Calvot, qui voit dans la Création le témoignage de la richesse et la diversité de Dieu, le Dieu trinitaire. Timothée Calvot qui, avant de devenir pasteur a entrepris un formation en gestion et préservation de la nature est particulièrement sensible à ce que Dieu nous révèle à travers le monde qui nous entoure.

Les chrétiens sont-ils appelés à être écolos ? 

L'écologie politique et l'écologie chrétienne sont-elles réconciliables ? Dieu nous appelle à porter du fruit, à avoir des enfants et régner sur la Terre. Pourtant dans le discours écologique que l'on peut entendre dans notre société, l'Homme est à la base de tous les maux de la Terre. Si les chrétiens ne sont pas en désaccord sur l'impact néfaste de l'Homme, avide de pouvoir et d'enrichissement, nous ne sommes pas d'accord sur ce regard défaitiste quant à l'avenir. L'espérance chrétienne en l'Evangile peut nous éclairer face à l'urgence climatique et nous aider à être des témoins de la générosité de dieu dans sa Création.