Robert Werner lit les poètes

Rose Blanche, Aristide Bruant


Listen Later

Elle avait sous sa toque d’martre,Sur la butte Montmartre,Un p’tit air innocent.On l’appelait rose, elle était belle,A’ sentait bon la fleur nouvelle,Rue Saint-Vincent.On n’ avait pas connu son p ère,A n’ avait p’us d’mère,Et depuis 1900,A’ d’meurait chez sa vieille aïeuleOù qu’a’ s’élevait comme ça, toute seule,Rue Saint-Vincent.A’ travaillait déjà pour vivreEt les soirs de givre,Sous l’froid noir et glaçant,Son p’tit fichu sur les épaules,A’ rentrait par la rue des Saules,Rue Saint-Vincent.A voyait dans les nuit d’gelée,La nappe étoilée,Et la lune en croissantQui brillait, blanche et fatidiqueSur la p’tite croix d’la basilique,Rue Saint-Vincent.L’été, par les chauds crépuscules,A rencontrait Jules,Qu’était si caressant,Qu’a’ restait la soirée entière,Avec lui près du vieux cim’tière,Rue Saint-Vincent.Mais le p’tit Jules était d’la tierceQui soutient la gerce,Aussi l’adolescent,Voyant qu’a n’marchait pas au pantre,D’un coup d’surin lui troua l’ventre,Rue Saint-Vincent.Quand ils l’ont couché sur la planche,Elle était toute blanche,Même qu’en l’ensevelissant,Les croqu’morts disaient qu’la pauv’ gosseEtait claqué’ l’soir de sa noce,Rue Saint-Vincent.Elle avait sous sa toque d’martre,Sur la butte Montmartre,Un p’tit air innocent.On l’appelait rose, elle était belle,A’ sentait bon la fleur nouvelle,Rue Saint-Vincent.
...more
View all episodesView all episodes
Download on the App Store

Robert Werner lit les poètesBy Institut de France