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Or
Salut à toi,
Embarqué dans cette époque contre ta volonté et que, sans doute, tu n’aurais jamais pensé vivre. Oui, bon, il me semble que c’est un peu l’état général en ce moment, la sidération. Je ne connais personne qui soit là: ah mais 2023 mais c’est trop cool, j’adore! Ni 2022 d’ailleurs, ni 2021, ni... Ouais, bon, on peut dérouler comme ça jusqu’à je-ne-sais-plus.
Je dis contre ta volonté parce que je soupçonne que si tu avais été un tant soit peu prévenu de ce que ça impliquait d’être contemporain de 2023, tu te serais dit: eh oh, ça va pas, me réveiller avec des images d’enfants défoncés dans des ruines chaque matin et des films de femmes pantelantes à moitié mortes et en sang, emmenées par des monstres, des travellings de cadavres au sol à perte de vue. Disparition des espèces, des glaciers, des coraux, des peuples, phénomènes extrêmes, dans la nature et dans le cœur humain.
Je ne suis pas fait pour. C’est trop pour ma force.
Je soupçonne que si tu avais eu le choix de la période terrestre historique à vivre en mode C’est toi le client! Allez, choisis, c’est la maison qui offre: première moitié du XXIe siècle? Oui? Non? tu aurais peut-être pas forcément fait allez go, ça c’est pour moi, je me sens dans mon élément là. Mais alors quoi? Moitié du XXe siècle? Début du confort moderne, eau chaude, frigo, mais génocide nazi et Guerre mondiale, bombe atomique, guerre froide, Vietnam, Staline, début du putain de gros délire consumériste et exploitation sans limite de la planète, mais cinéma, liberté d’expression, rallongement de l’espérance de vie...
Tentant mais en même temps, comment dire, non plus hein. Ou alors, carrément chasseresses-cueilleurs à moitié à poil l’été? Svelte et fringuant avec le clan, loin, très loin de toute cette merde, en -10'000 avant le gars qui a dit: Mais aimez-vous les uns les autres bordel ou ça va mal finir! Bon, ce n'est pas littéralement ça, mais c’est à peu près l’idée il me semble. Mais en -10'000, pas de séries à streamer le soir, pas de podcasts, pas de GTA V, pas de WiFi, pas Tik-Tok ou Insta, pas Midi Bascule, je sais pas, j’hésite... -10'000, c’est cool, il y a la nature intacte et tout, des fruits avec du vrai goût de fruit, l’air doit être tellement pur que ça doit te faire direct tomber dans les vapes! On n'a plus l’habitude, vu d’ici.
Non, nous, en 2023, ce dont on a pris l’habitude maintenant, c’est d’entendre paniquer la communauté scientifique, genre: Eh, c’est la première fois dans l’histoire qu’on a une journée qui dépasse les 2 degrés de réchauffement en moyenne globale avec un pic de 60 degrés à Rio qui a contraint Taylor Swift à reporter ses dates après que le cœur d’une femme de 23 ans ait lâché pendant qu’elle faisait la queue pour le concert. C’est pas du tout ce qu’on avait convenu dans les accords de Paris en 2015. On est en 2023 et on n’a baissé que de 2% nos émissions de gaz à effets de serre alors que l'on a juré de les diminuer de 43% d’ici 2030, pour que le réchauffement se maintienne à maximum 1,5 degré.
Nous ne sommes pas du tout là où nous devrions en être.
Et c’est un euphémisme: feux incontrôlables, inondations dévastatrices, sécheresses, famines, tout ça est déjà là. Et ça, c’est sur un réchauffement irréversible déjà atteint de 1,2 degré. On bat successivement tous les records de chaleurs comme des sportifs surdopés les précédents records dans des championnats d’athlétisme. Sauf que là, ce sont les mondiaux de la connerie, de l’irresponsabilité et du déni pathologique, de la débilocratie et de la vénalité poussée jusqu’à la pulsion de mort collective. La trajectoire du réchauffement climatique actuelle nous précipite, d’ici la fin du siècle, à 3 degrés supplémentaires dans le monde par rapport à l’ère préindustrielle. 3 degrés. La ligne rouge à expressément ne pas franchir est à 2 degrés sous peine de réactions en chaîne incommensurables.
Tu sais quoi, nous sommes toutes et tous placé·e·s dans la situation d’Hamlet et, comme lui, nous n’avons pas le choix: Le temps est disloqué. Ô sort maudit, faut-il que je sois né pour le remettre en ordre? La réponse, impérative, catégorique, irrésistible, est: Oui.
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Salut à toi,
Embarqué dans cette époque contre ta volonté et que, sans doute, tu n’aurais jamais pensé vivre. Oui, bon, il me semble que c’est un peu l’état général en ce moment, la sidération. Je ne connais personne qui soit là: ah mais 2023 mais c’est trop cool, j’adore! Ni 2022 d’ailleurs, ni 2021, ni... Ouais, bon, on peut dérouler comme ça jusqu’à je-ne-sais-plus.
Je dis contre ta volonté parce que je soupçonne que si tu avais été un tant soit peu prévenu de ce que ça impliquait d’être contemporain de 2023, tu te serais dit: eh oh, ça va pas, me réveiller avec des images d’enfants défoncés dans des ruines chaque matin et des films de femmes pantelantes à moitié mortes et en sang, emmenées par des monstres, des travellings de cadavres au sol à perte de vue. Disparition des espèces, des glaciers, des coraux, des peuples, phénomènes extrêmes, dans la nature et dans le cœur humain.
Je ne suis pas fait pour. C’est trop pour ma force.
Je soupçonne que si tu avais eu le choix de la période terrestre historique à vivre en mode C’est toi le client! Allez, choisis, c’est la maison qui offre: première moitié du XXIe siècle? Oui? Non? tu aurais peut-être pas forcément fait allez go, ça c’est pour moi, je me sens dans mon élément là. Mais alors quoi? Moitié du XXe siècle? Début du confort moderne, eau chaude, frigo, mais génocide nazi et Guerre mondiale, bombe atomique, guerre froide, Vietnam, Staline, début du putain de gros délire consumériste et exploitation sans limite de la planète, mais cinéma, liberté d’expression, rallongement de l’espérance de vie...
Tentant mais en même temps, comment dire, non plus hein. Ou alors, carrément chasseresses-cueilleurs à moitié à poil l’été? Svelte et fringuant avec le clan, loin, très loin de toute cette merde, en -10'000 avant le gars qui a dit: Mais aimez-vous les uns les autres bordel ou ça va mal finir! Bon, ce n'est pas littéralement ça, mais c’est à peu près l’idée il me semble. Mais en -10'000, pas de séries à streamer le soir, pas de podcasts, pas de GTA V, pas de WiFi, pas Tik-Tok ou Insta, pas Midi Bascule, je sais pas, j’hésite... -10'000, c’est cool, il y a la nature intacte et tout, des fruits avec du vrai goût de fruit, l’air doit être tellement pur que ça doit te faire direct tomber dans les vapes! On n'a plus l’habitude, vu d’ici.
Non, nous, en 2023, ce dont on a pris l’habitude maintenant, c’est d’entendre paniquer la communauté scientifique, genre: Eh, c’est la première fois dans l’histoire qu’on a une journée qui dépasse les 2 degrés de réchauffement en moyenne globale avec un pic de 60 degrés à Rio qui a contraint Taylor Swift à reporter ses dates après que le cœur d’une femme de 23 ans ait lâché pendant qu’elle faisait la queue pour le concert. C’est pas du tout ce qu’on avait convenu dans les accords de Paris en 2015. On est en 2023 et on n’a baissé que de 2% nos émissions de gaz à effets de serre alors que l'on a juré de les diminuer de 43% d’ici 2030, pour que le réchauffement se maintienne à maximum 1,5 degré.
Nous ne sommes pas du tout là où nous devrions en être.
Et c’est un euphémisme: feux incontrôlables, inondations dévastatrices, sécheresses, famines, tout ça est déjà là. Et ça, c’est sur un réchauffement irréversible déjà atteint de 1,2 degré. On bat successivement tous les records de chaleurs comme des sportifs surdopés les précédents records dans des championnats d’athlétisme. Sauf que là, ce sont les mondiaux de la connerie, de l’irresponsabilité et du déni pathologique, de la débilocratie et de la vénalité poussée jusqu’à la pulsion de mort collective. La trajectoire du réchauffement climatique actuelle nous précipite, d’ici la fin du siècle, à 3 degrés supplémentaires dans le monde par rapport à l’ère préindustrielle. 3 degrés. La ligne rouge à expressément ne pas franchir est à 2 degrés sous peine de réactions en chaîne incommensurables.
Tu sais quoi, nous sommes toutes et tous placé·e·s dans la situation d’Hamlet et, comme lui, nous n’avons pas le choix: Le temps est disloqué. Ô sort maudit, faut-il que je sois né pour le remettre en ordre? La réponse, impérative, catégorique, irrésistible, est: Oui.
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