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Colorer le quotidien
La styliste Lucie Guiragossian est une ancienne étudiante de la HEAD. Sa formation achevée, elle fonde à Genève, en 2019, sa marque Lundi Piscine. Les pièces proposées par la créatrice sont colorées et joyeuses, en accord avec son objectif premier: rendre heureux·se par les vêtements. La fonctionnalité émotionnelle de l'habillement compte énormément pour Lucie Guiragossian, qui aime explorer, inspirée par exemple par les tendances suisses allemandes. Contrairement aux idées reçues, ces dernières sont bien plus libres et exubérantes qu'en Suisse romande.
Une production plus verte dans l'industrie de la mode
Lucie Guiragossian fait le constat de la situation:
À l'heure actuelle, l'industrie textile tient la palme de la deuxième industrie la plus polluante au monde.
Elle s'interroge alors sur les possibilités de créer sans détruire, mais en valorisant ce qui est déjà. L'upcycling est l'une des approches de la création de vêtements durables: il s'agit de récupérer le textile d'éléments de seconde main pour fabriquer les nouvelles pièces. Présent de tous temps et à travers de nombreuses cultures, l'upcycling a d'abord été une nécessité induite par la rareté des matériaux. Lorsque le textile est fabriqué à la main sur un métier à tisser, il est indispensable d'en utiliser chaque morceau et de valoriser le matériau. Lucie Guiragossian s'aventure également du côté de la sérigraphie pour créer des modèles uniques et ne perd jamais de vue ses valeurs. Sa dernière collection mêle le durable à la recherche artistique: à la manière d’un cadavre exquis, Lundi Piscine lance Rond-point fleuri, une collection inspirée des dessins d’Elorri Charriton, eux-mêmes réalisés pour une exposition de Manon Thomas Pavlowsky. Les rideaux de l'exposition sont récupérés par la styliste qui s'en sert pour confectionner vestes et pantalons.
La récupération pour la création n'est pas une nouveauté dans la pratique artistique de Lucie Guiragossian, qui vient de la HEAD, au sein de laquelle l'upcycling d'objets chinés est encouragé. Celui-ci avantage non seulement les porte-monnaies, mais est également intrinsèquement lié au processus créatif de l'école. Lucie Guiragossian ne voit pas la production éthique et durable d'un vêtement uniquement dans les tissus utilisés et les conditions de travail des couturier·ère·s. En désaccord avec le dicton Il faut souffrir pour être belle, la styliste propose des pièces unisexes, qui s'adaptent aux morphologies et aux variations de poids:
La durabilité n'est pas qu'une question de textile, mais aussi de design.
La conception d'un vêtement, de son ébauche sur papier à sa fabrication, peut considérablement influencer sa durée de vie et donc son impact écologique.
Le coût d'une marque éthique et durable
Si les prix des vêtements fabriqués dans de bonnes conditions humaines et environnementales peuvent être intimidants pour les consommateur·trice·s, il est également difficile pour les stylistes de rentrer dans leurs frais. Lucie Guiragossian explique que certains ateliers refusent de travailler avec elle pour cette raison. Elle fait le calcul: les couturier·ière·s genevois·ses sont rémunéré·e·s 60 CHF de l'heure. Un T-shirt leur prend entre une heure et une heure et demie, puis le coût du matériel s'ajoute, ainsi que les frais liés à l'espace de travail et la marge à appliquer. Tout en gardant une marge aussi basse que possible, Lucie Guiragossian n'arrive pas à se rémunérer. Pour cela, le marché à Genève devrait évoluer. En effet, pour le moment, celles et ceux qui ont les moyens d'investir dans des pièces locales leur préfèrent les grandes marques.
Il faut partir dans la décroissance, consommer seconde main, économiser pour s'offrir une pièce qui fait sens et va durer.
La mode n'est donc pas un domaine superficiel, futile ou dépourvu d'enjeux. Économiques, sociaux ou écologiques, les questionnements sont nombreux et les artistes engagé·e·s s'interrogent et agissent tout en créant.
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Colorer le quotidien
La styliste Lucie Guiragossian est une ancienne étudiante de la HEAD. Sa formation achevée, elle fonde à Genève, en 2019, sa marque Lundi Piscine. Les pièces proposées par la créatrice sont colorées et joyeuses, en accord avec son objectif premier: rendre heureux·se par les vêtements. La fonctionnalité émotionnelle de l'habillement compte énormément pour Lucie Guiragossian, qui aime explorer, inspirée par exemple par les tendances suisses allemandes. Contrairement aux idées reçues, ces dernières sont bien plus libres et exubérantes qu'en Suisse romande.
Une production plus verte dans l'industrie de la mode
Lucie Guiragossian fait le constat de la situation:
À l'heure actuelle, l'industrie textile tient la palme de la deuxième industrie la plus polluante au monde.
Elle s'interroge alors sur les possibilités de créer sans détruire, mais en valorisant ce qui est déjà. L'upcycling est l'une des approches de la création de vêtements durables: il s'agit de récupérer le textile d'éléments de seconde main pour fabriquer les nouvelles pièces. Présent de tous temps et à travers de nombreuses cultures, l'upcycling a d'abord été une nécessité induite par la rareté des matériaux. Lorsque le textile est fabriqué à la main sur un métier à tisser, il est indispensable d'en utiliser chaque morceau et de valoriser le matériau. Lucie Guiragossian s'aventure également du côté de la sérigraphie pour créer des modèles uniques et ne perd jamais de vue ses valeurs. Sa dernière collection mêle le durable à la recherche artistique: à la manière d’un cadavre exquis, Lundi Piscine lance Rond-point fleuri, une collection inspirée des dessins d’Elorri Charriton, eux-mêmes réalisés pour une exposition de Manon Thomas Pavlowsky. Les rideaux de l'exposition sont récupérés par la styliste qui s'en sert pour confectionner vestes et pantalons.
La récupération pour la création n'est pas une nouveauté dans la pratique artistique de Lucie Guiragossian, qui vient de la HEAD, au sein de laquelle l'upcycling d'objets chinés est encouragé. Celui-ci avantage non seulement les porte-monnaies, mais est également intrinsèquement lié au processus créatif de l'école. Lucie Guiragossian ne voit pas la production éthique et durable d'un vêtement uniquement dans les tissus utilisés et les conditions de travail des couturier·ère·s. En désaccord avec le dicton Il faut souffrir pour être belle, la styliste propose des pièces unisexes, qui s'adaptent aux morphologies et aux variations de poids:
La durabilité n'est pas qu'une question de textile, mais aussi de design.
La conception d'un vêtement, de son ébauche sur papier à sa fabrication, peut considérablement influencer sa durée de vie et donc son impact écologique.
Le coût d'une marque éthique et durable
Si les prix des vêtements fabriqués dans de bonnes conditions humaines et environnementales peuvent être intimidants pour les consommateur·trice·s, il est également difficile pour les stylistes de rentrer dans leurs frais. Lucie Guiragossian explique que certains ateliers refusent de travailler avec elle pour cette raison. Elle fait le calcul: les couturier·ière·s genevois·ses sont rémunéré·e·s 60 CHF de l'heure. Un T-shirt leur prend entre une heure et une heure et demie, puis le coût du matériel s'ajoute, ainsi que les frais liés à l'espace de travail et la marge à appliquer. Tout en gardant une marge aussi basse que possible, Lucie Guiragossian n'arrive pas à se rémunérer. Pour cela, le marché à Genève devrait évoluer. En effet, pour le moment, celles et ceux qui ont les moyens d'investir dans des pièces locales leur préfèrent les grandes marques.
Il faut partir dans la décroissance, consommer seconde main, économiser pour s'offrir une pièce qui fait sens et va durer.
La mode n'est donc pas un domaine superficiel, futile ou dépourvu d'enjeux. Économiques, sociaux ou écologiques, les questionnements sont nombreux et les artistes engagé·e·s s'interrogent et agissent tout en créant.
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