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Or
Désobéir. C’est un truc que l'on ne nous apprend pas à faire. En tout cas, pas à l’école ou à la maison. Mais ça peut sauver des vies, des trajectoires. Des fois, désobéir, c’est une question de survie. Sortir de l’enfermement d’un mari, d’un père, d’une communauté, d’une religion. En 2017, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, dans le 9-3 comme on dit - là où on nous dit dans les médias que ça craint, qu’il ne faut pas y aller, que ça tire à balle réelle, qu’il y a de la drogue, de la violence, mais pas policière, bref, la banlieue parisienne et tous ses clichés - à la commande du Théâtre de la Commune, Julie Berès et son équipe sont allés rencontrer des jeunes femmes issues de plusieurs générations d’immigration. Sophia, Sephora, Hatice, Hayet, Lou et Charmine. Ce sont elles qui ont participé à l’écriture du spectacle, à partir de leur vécu. Et à son interprétation.
De quoi ça parle alors? De la difficulté d’être une femme issue de l’immigration. En gros, comment est-ce que tu te construis socialement entre pression sociale de l’intégration et conservatisme religieux familial? Comment est-ce que tu apprends à devenir toi-même en grandissant dans des contradictions? Ces batailles intériorisées sont maintenant sur le plateau du théâtre. Ce spectacle donne la voix à celles que l'on aimerait faire taire. Il visibilise ces femmes, ces luttes et ces questionnements.
Et ça fait du bien. Ça fait du bien parce que je n'ai pas l’habitude qu’une jeune fille de 25 ans me dise qu’elle a jeté tous ses habits moulants pour porter le voile, contre la volonté de ses parents, parce qu’elle a rencontré un mec sur Internet. C’est clair que je n'ai pas l’habitude de voir ça au théâtre. Désobéir vient ébranler nos grilles de perception.
Ces témoignages, ils sont forts parce qu’ils sont vrais et interprétés avec justesse et émotion. Et de voir ces filles se libérer par le corps, en dansant, en chantant, en criant, en taguant les murs, en allant chercher dans leurs tripes, c’est beau. Tout y passe, la religion, les clichés, le métissage, les tabous sur la sexualité, la dot, les traditions, les violences physiques, la psychiatrie, le discours de Dakar de Sarkozy, L'école des femmes de Molière.
Une, deux, trois, puis quatre voix à l’unisson pour dénoncer les injustices et réfléchir ensemble sur les questions fondamentales de leur construction. Lou dit: j’ai toujours ce doute-là de me dire, est ce que cette femme-là, elle est vraiment libre? La question du voile est centrale. Pourquoi le féminin doit être de l’ordre du privé? Charmine dit: c'est pas tant les traditions que j'ai combattu, c'est les hommes qui vivent dans ces traditions. Elles sont jeunes, mais on leur a déjà trop imposé. Julie Berès nous rappelle que l’intime est politique. Amour, famille, croyances, justice, violences. Plus les filles vont être enfermées et réduites au silence, plus la rébellion va être puissante. La radicalité pour affirmer sa liberté. Désobéir, c’est ce que nous apprend ce spectacle fondamental.
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Désobéir. C’est un truc que l'on ne nous apprend pas à faire. En tout cas, pas à l’école ou à la maison. Mais ça peut sauver des vies, des trajectoires. Des fois, désobéir, c’est une question de survie. Sortir de l’enfermement d’un mari, d’un père, d’une communauté, d’une religion. En 2017, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, dans le 9-3 comme on dit - là où on nous dit dans les médias que ça craint, qu’il ne faut pas y aller, que ça tire à balle réelle, qu’il y a de la drogue, de la violence, mais pas policière, bref, la banlieue parisienne et tous ses clichés - à la commande du Théâtre de la Commune, Julie Berès et son équipe sont allés rencontrer des jeunes femmes issues de plusieurs générations d’immigration. Sophia, Sephora, Hatice, Hayet, Lou et Charmine. Ce sont elles qui ont participé à l’écriture du spectacle, à partir de leur vécu. Et à son interprétation.
De quoi ça parle alors? De la difficulté d’être une femme issue de l’immigration. En gros, comment est-ce que tu te construis socialement entre pression sociale de l’intégration et conservatisme religieux familial? Comment est-ce que tu apprends à devenir toi-même en grandissant dans des contradictions? Ces batailles intériorisées sont maintenant sur le plateau du théâtre. Ce spectacle donne la voix à celles que l'on aimerait faire taire. Il visibilise ces femmes, ces luttes et ces questionnements.
Et ça fait du bien. Ça fait du bien parce que je n'ai pas l’habitude qu’une jeune fille de 25 ans me dise qu’elle a jeté tous ses habits moulants pour porter le voile, contre la volonté de ses parents, parce qu’elle a rencontré un mec sur Internet. C’est clair que je n'ai pas l’habitude de voir ça au théâtre. Désobéir vient ébranler nos grilles de perception.
Ces témoignages, ils sont forts parce qu’ils sont vrais et interprétés avec justesse et émotion. Et de voir ces filles se libérer par le corps, en dansant, en chantant, en criant, en taguant les murs, en allant chercher dans leurs tripes, c’est beau. Tout y passe, la religion, les clichés, le métissage, les tabous sur la sexualité, la dot, les traditions, les violences physiques, la psychiatrie, le discours de Dakar de Sarkozy, L'école des femmes de Molière.
Une, deux, trois, puis quatre voix à l’unisson pour dénoncer les injustices et réfléchir ensemble sur les questions fondamentales de leur construction. Lou dit: j’ai toujours ce doute-là de me dire, est ce que cette femme-là, elle est vraiment libre? La question du voile est centrale. Pourquoi le féminin doit être de l’ordre du privé? Charmine dit: c'est pas tant les traditions que j'ai combattu, c'est les hommes qui vivent dans ces traditions. Elles sont jeunes, mais on leur a déjà trop imposé. Julie Berès nous rappelle que l’intime est politique. Amour, famille, croyances, justice, violences. Plus les filles vont être enfermées et réduites au silence, plus la rébellion va être puissante. La radicalité pour affirmer sa liberté. Désobéir, c’est ce que nous apprend ce spectacle fondamental.
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