Midi Bascule

S3E15 Chronique de José - Davos, mon amour


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Salut à toi ensemble complexe constitué de cellules spécialisées qui fonctionnent ensemble pour assurer les fonctions spécifiques nécessaires au maintien de la vie. Oui, c’est le début d’année, je me suis facilité la vie, j’ai pris la définition simple du corps humain, voilà. Comme ça, je n’ai exclu personne et j’ai englobé par cette périphrase certes un peu longuette l’ensemble des organismes vivants susceptibles d’entrer en contact cognitif avec cette chronique. Même si fonctionner ensemble pour assurer les fonctions spécifiques nécessaires au maintien de la vie, ce n’est pas ce qui nous caractérise en ce moment. Collectivement parlant j’entends... Franchement, en tant qu’espèce, on serait plutôt en-dessous des fonctions biologiques de base du corps humain. On est absolument inaptes à accomplir par l’intelligence, pour nos propres conditions de survie, ce que notre propre corps fait spontanément pour nous H24 tous les jours.



Heureusement il y a Davos! Ah Davos! Son Forum économique mondial, ses élites internationales aérolivrées et leur vocation chevillée au corps du bien commun planétaire, qui vont une fois de plus réfléchir ensemble à des solutions aux problèmes mondiaux, c’est beau! C’est beau! Non, moi, quand j’ai un petit coup de déprime, quand c’est le Blue Monday dans ma vie, que tous les jours de la semaine sont comme un troisième lundi de janvier, je pense à Davos. Je pense à Davos, les gens! Et une petite lumière dans mon cœur s’allume, et mon regard s’embrume de larmes naissantes et je chiale, les amis. Oui, je chiale. Comme la banquise sous un beau soleil d’été, comme un glacier suisse dans un rapport du GIEC. Je fais comme la théorie néolibérale, je ruisselle. Je veux dire, sans Davos, vous croyez par exemple que la start-up groenlandaise Artic Ice aurait pu extraire des fonds marins de la glace millénaire, gelée depuis plus de 100’000 ans pour l’expédier en glaçons dans les bars à cocktails de Dubaï et embellir les cuites de la jetset? Et développer au Groenland une autre source de revenu que juste le tourisme ou la pêche, qui fait du mal aux poissons?



Parce que le tourisme ou la pêche, je rappelle que ce n'est pas très écologique tout ça, en termes d’écosystème. Et puis quitte à se les peler sur place toute l’année, autant faire un peu de fric pour s’adoucir le passage sur terre et, en plus, créer de l’emploi, de la croissance et quoi de mieux pour ça que de la transition verte façon Artic Ice. Non, les gens, pour que des initiatives de ce genre puissent voir le jour, il faut de la dérégulation mondiale. Il faut du rien-à-foutrisme organisé. Il faut du libertarianisme économique à échelle mondiale. Il faut du Davos! Je rappelle que Nuuk-Dubaï c’est à 30'000 kilomètres de flotte: Océan nord Atlantique, Méditerranée, Canal de Suez, Mer Rouge, Mer d’Arabie, Golfe d’Oman. C'est pas beau cet accord économique territorial naval, c’est pas beau le multiculturalisme de la marchandise!



La liberté du commerce mondialisé, moi je dis c’est la Joconde du XXIe siècle. Ça te regarde avec un petit sourire en coin et tu ne sais pas si ça se fout de ta gueule ou si c’est simplement du bonheur à l’état pur. Je trouve que de façon générale, nous les gens, le commun, le vulgaire, les gauchiantes et les gauchiants, on souffre de manque de gratitude envers nos élites. C’est juste que vous et moi, on ne peut pas se payer un petit mojito bien trempé dans du glaçon multimillénaire à Dubaï, au milieu des belles personnes qui ont compris que la vie ce n'était pas gueuler sur Macron à un rond-point ou sur Trump dans des Tweetos faciles, mais qu’il valait mieux vendre de la daube sur le net avec un filtre sur la gueule. Crasser les cervelles et catcher du following sur n’importe quel réseau pour pouvoir enfin s’asseoir à la bonne table des vivants. La vie est courte, on ne va pas vers le mieux, c’est maintenant qu’il faut en profiter.



Mais voilà, on est des jaloux, on est des mesquins, on est là, tout le temps à critiquer ceusses qui osent, gna gna gna! Vous voulez que je vous dise, on a peur de la liberté. C’est Javier Milei, le président à la tronçonneuse, le Leatherface argentin, qui a raison dans son discours à Davos. On s’est laissé pourrir en Occident par un socialisme grincheux, obsédé par l’impôt et la redistribution, qui est en train de virer soviet rose-vert avec ses camps de déconstruction pour bobos oisifs. Ah, putain, j’ai la larmichette qui pisse tellement ce mec m’a ouvert les yeux. Oui, les gens:



Le capitalisme est le meilleur moyen pour mettre un terme à la pauvreté extrême dans le monde.



Merci Javier, merci Davos! Vous savez quoi, pour la première fois de ma vie, j’ai envie de dire Davos, mon amour!



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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 janvier 2024

Publiée le 22 janvier 2024

Crédits photo : Anne Bouchard

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