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Or
Salut à toi, la militante pour tes droits,
Du haut des sphères de je-ne-sais-où, on te dédie aujourd’hui, dans le monde, une journée. Aujourd’hui, vois-tu, tu as le droit d’avoir des droits, de le dire et de le faire savoir. La gentillesse du monde est à son comble avec toi aujourd’hui. Oh, on ne la confond plus cette journée avec l’invitation galante à ne pas oublier de te dire qu’on t’aime en ce jour qui t’est dédié ou à t’offrir un bouquet de fleurs, allez, soyons fous, à te sortir au resto le soir pour t’épargner une fois par an la vaisselle et la pitance de tes proches.
Non, on ne la confond plus ta journée, comme c’était le cas il y a peu encore. Avant ton moi aussi qui a déferlé sur le web en nous mouillant les yeux de larmes devant la régularité et l’ampleur des assauts qui te sont faits, avec la journée mondiale de la galanterie masculine qui d’ailleurs n’existe pas.
Il y a 661 journées de répertoriées sur le site des journées mondiales, c’est plus qu’il n’y a de jours dans l’année. La tienne est là quelque part, entre la journée mondiale de la licorne et celle de la procrastination. Il y a même une journée mondiale du jardinage nu et du panda roux, mais il n’y a pas de journée internationale des droits des hommes. C’est un fait semblerait-il acquis.
Une fois encore, tu vas te déployer dans les rues, dresser ton pavillon pourpre à têtes de mortes, à têtes d’assassinées, à têtes de violentées et de violées. Rassembler ta force en des lieux précis, dans le plein-centre de nos villes affairées. Et pour ce qui est de Genève, la ville internationale des droits humains piétinés, des conventions internationales pour la parade, tu vas hurler 11 minutes durant. La durée exacte d’un viol qualifié de court par le Tribunal fédéral d’un pays doté, paraît-il, du plus haut degré de démocratie dans le monde. Dans ce même monde qui informe dans ses médias, après enquête auprès de centaines de couples à travers tous les continents, que la durée moyenne mondiale d’un rapport sexuel est de 5 minutes. 5 minutes de sexualité consentie d’un côté, contre 11 minutes de viol de l’autre. Et ce sont ces 11 minutes que la justice de ce pays qualifie de courtes. Ce qui est court, c’est la teneur de ce jugement, comme on disait autrefois, pour dégonfler de sa suffisance une paresse de raisonnement: C’est un peu court, Monsieur. Court comme le chemin que parcourt l’influx nerveux d’un neurone à l’autre pour aboutir à ce type de verdict de la part de la plus Haute Cour de justice du pays. Après quoi, on peut toujours rouspéter et s’inquiéter dans l’espoir vain de sauver les apparences de ce que ces affaires ne sont pas justiciables de l’opinion publique, mais des seuls magistères de juges assermentés. Une fois encore, c’est un peu court, Monsieur.
Un terme de grec ancien vient ici tout éclairer et faire rendre gorge aux abus d’autorité. Le Nómos: la coutume. Dont la loi se doit d’être la forme écrite. Le Nómos s’oppose à la loi du législateur en tant qu’il est le droit qui préexiste à la loi. Le droit qui préexiste à la loi, c’est celui de ne pas se faire violer. C’est celui de ne pas être réduite à un objet de chair dont on dispose à son gré, avec ses doigts sales, ses paroles crapuleuses et ordurières, sa contrainte par la force. L’autorité du jugement d’une cour de justice est créditée parce qu’elle applique une loi présumée exister en-dehors d'elle et fondée sur l’opinion diffuse de ce qui est juste. C’est seulement à cette condition qu’un groupe humain peut vivre en commun, selon des règles communes, dans la catégorie de relations ordonnées que nous appelons société. Sans ces relations ordonnées par la justice fondées sur ce qui est juste, le Nómos, nous ne faisons pas société.
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Salut à toi, la militante pour tes droits,
Du haut des sphères de je-ne-sais-où, on te dédie aujourd’hui, dans le monde, une journée. Aujourd’hui, vois-tu, tu as le droit d’avoir des droits, de le dire et de le faire savoir. La gentillesse du monde est à son comble avec toi aujourd’hui. Oh, on ne la confond plus cette journée avec l’invitation galante à ne pas oublier de te dire qu’on t’aime en ce jour qui t’est dédié ou à t’offrir un bouquet de fleurs, allez, soyons fous, à te sortir au resto le soir pour t’épargner une fois par an la vaisselle et la pitance de tes proches.
Non, on ne la confond plus ta journée, comme c’était le cas il y a peu encore. Avant ton moi aussi qui a déferlé sur le web en nous mouillant les yeux de larmes devant la régularité et l’ampleur des assauts qui te sont faits, avec la journée mondiale de la galanterie masculine qui d’ailleurs n’existe pas.
Il y a 661 journées de répertoriées sur le site des journées mondiales, c’est plus qu’il n’y a de jours dans l’année. La tienne est là quelque part, entre la journée mondiale de la licorne et celle de la procrastination. Il y a même une journée mondiale du jardinage nu et du panda roux, mais il n’y a pas de journée internationale des droits des hommes. C’est un fait semblerait-il acquis.
Une fois encore, tu vas te déployer dans les rues, dresser ton pavillon pourpre à têtes de mortes, à têtes d’assassinées, à têtes de violentées et de violées. Rassembler ta force en des lieux précis, dans le plein-centre de nos villes affairées. Et pour ce qui est de Genève, la ville internationale des droits humains piétinés, des conventions internationales pour la parade, tu vas hurler 11 minutes durant. La durée exacte d’un viol qualifié de court par le Tribunal fédéral d’un pays doté, paraît-il, du plus haut degré de démocratie dans le monde. Dans ce même monde qui informe dans ses médias, après enquête auprès de centaines de couples à travers tous les continents, que la durée moyenne mondiale d’un rapport sexuel est de 5 minutes. 5 minutes de sexualité consentie d’un côté, contre 11 minutes de viol de l’autre. Et ce sont ces 11 minutes que la justice de ce pays qualifie de courtes. Ce qui est court, c’est la teneur de ce jugement, comme on disait autrefois, pour dégonfler de sa suffisance une paresse de raisonnement: C’est un peu court, Monsieur. Court comme le chemin que parcourt l’influx nerveux d’un neurone à l’autre pour aboutir à ce type de verdict de la part de la plus Haute Cour de justice du pays. Après quoi, on peut toujours rouspéter et s’inquiéter dans l’espoir vain de sauver les apparences de ce que ces affaires ne sont pas justiciables de l’opinion publique, mais des seuls magistères de juges assermentés. Une fois encore, c’est un peu court, Monsieur.
Un terme de grec ancien vient ici tout éclairer et faire rendre gorge aux abus d’autorité. Le Nómos: la coutume. Dont la loi se doit d’être la forme écrite. Le Nómos s’oppose à la loi du législateur en tant qu’il est le droit qui préexiste à la loi. Le droit qui préexiste à la loi, c’est celui de ne pas se faire violer. C’est celui de ne pas être réduite à un objet de chair dont on dispose à son gré, avec ses doigts sales, ses paroles crapuleuses et ordurières, sa contrainte par la force. L’autorité du jugement d’une cour de justice est créditée parce qu’elle applique une loi présumée exister en-dehors d'elle et fondée sur l’opinion diffuse de ce qui est juste. C’est seulement à cette condition qu’un groupe humain peut vivre en commun, selon des règles communes, dans la catégorie de relations ordonnées que nous appelons société. Sans ces relations ordonnées par la justice fondées sur ce qui est juste, le Nómos, nous ne faisons pas société.
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