
Sign up to save your podcasts
Or
Le Röstigraben. Alors moi clairement, je suis plus rösti que graben. C’est-à-dire que j’aime bien Berlin, mais la comparaison s’arrête là. Par contre, j’adore l’expression. Parler de bouffe dans une métaphore sur une barrière politique remontant à la Première Guerre mondiale: génial. C’est très imagé en plus. À chaque fois que je vais à Berne, je me dis que je vais avoir des patates et du saindoux dans les cheveux.
Donc, il existe des différences culturelles entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Et une expression a été créée pour nous le rappeler. Dans l’Atlas du folklore suisse, qui a été écrit en allemand, on parle des différentes perceptions des légendes.
Pour faire peur aux enfants, oui c’était avant l’éducation positive, en Suisse romande, on parle du Loup, du Gendarme ou du Ramoneur. Des choses concrètes. En Suisse alémanique, on évoque la chouette, ok ça fait super peur, et des créatures légendaires comme l’Homme au crochet ou la Femme de la nuit.
Attendez, la quoi? La femme de la nuit, sérieusement? Olala je sens que cette histoire va me plaire! Nachtfräuli. Littéralement la jeune fille de la nuit. C’est une créature mystérieuse qui apparaît la nuit pour orienter les personnes perdues dans les bois. Alors déjà, je ne vois pas en quoi être une jeune femme, c’est être une créature mystérieuse. Ensuite, qu’est-ce qu’elle fait la nuit toute seule dans les bois? Chelou.
Et en plus de ça, elle a une sorte de double personnalité. Soit elle est gentille et protectrice et elle aide les voyageurs égarés à retrouver leur chemin, voire même elle leur paie l’apéro tranquille. Soit elle est mauvaise et fourbe et elle donne des fausses indications et joue des mauvais tours.
Ah oui, et aussi je ne vous ai pas dit, mais elle est belle. Longs cheveux noirs, yeux brillants, c’est une pub pour l’Oréal en fait. Enfin plutôt Twilight. Jeune, mystérieuse et séduisante. Sacré programme.
Ok et après il se passe quoi? Justement, on ne sait pas trop. C’est-à-dire que c’est une légende orale du folklore suisse allemand. Donc clairement, on n’a pas toutes les infos. Mais la question que je me pose c’est: pourquoi est-ce qu’on raconte l’histoire d’une jeune femme seule dans la forêt la nuit pour faire peur aux enfants? C’est quoi le message? Pourquoi est-ce qu’on se sert des stéréotypes de genre dans un conte à visée éducative? Pourquoi cette dualité? La figure bienveillante de la féminité protectrice et nourricière, aka la maman, versus la séductrice dangereuse, capricieuse et instable, aka la putain. Ah ouais, il est beau le monde binaire. C’est facile à retenir ça les enfants. Le bien, le mal, tu choisis ton camp.
Alors oui je sais, c’est une autre époque, une autre culture, et puis de toute façon c’est de la fiction! Mais quand même. Ok pour donner plus de place aux personnages féminins dans la mythologie. Mais pour en faire quoi? Des fées, des sorcières ou des déesses? Super le choix. Alors que les mecs sont des héros, des chevaliers, des Robin des Bois?
C’est quoi la morale de cette chronique? Je crois que c’est la même que celle de l’histoire de la femme de la nuit, il n'y en a pas vraiment. Ou du moins, on ne la comprend pas tout de suite. Peut-être qu’on reste sur la version romande du gendarme. Quel meilleur exemple pour incarner la peur aux yeux des enfants?
---
Le Röstigraben. Alors moi clairement, je suis plus rösti que graben. C’est-à-dire que j’aime bien Berlin, mais la comparaison s’arrête là. Par contre, j’adore l’expression. Parler de bouffe dans une métaphore sur une barrière politique remontant à la Première Guerre mondiale: génial. C’est très imagé en plus. À chaque fois que je vais à Berne, je me dis que je vais avoir des patates et du saindoux dans les cheveux.
Donc, il existe des différences culturelles entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Et une expression a été créée pour nous le rappeler. Dans l’Atlas du folklore suisse, qui a été écrit en allemand, on parle des différentes perceptions des légendes.
Pour faire peur aux enfants, oui c’était avant l’éducation positive, en Suisse romande, on parle du Loup, du Gendarme ou du Ramoneur. Des choses concrètes. En Suisse alémanique, on évoque la chouette, ok ça fait super peur, et des créatures légendaires comme l’Homme au crochet ou la Femme de la nuit.
Attendez, la quoi? La femme de la nuit, sérieusement? Olala je sens que cette histoire va me plaire! Nachtfräuli. Littéralement la jeune fille de la nuit. C’est une créature mystérieuse qui apparaît la nuit pour orienter les personnes perdues dans les bois. Alors déjà, je ne vois pas en quoi être une jeune femme, c’est être une créature mystérieuse. Ensuite, qu’est-ce qu’elle fait la nuit toute seule dans les bois? Chelou.
Et en plus de ça, elle a une sorte de double personnalité. Soit elle est gentille et protectrice et elle aide les voyageurs égarés à retrouver leur chemin, voire même elle leur paie l’apéro tranquille. Soit elle est mauvaise et fourbe et elle donne des fausses indications et joue des mauvais tours.
Ah oui, et aussi je ne vous ai pas dit, mais elle est belle. Longs cheveux noirs, yeux brillants, c’est une pub pour l’Oréal en fait. Enfin plutôt Twilight. Jeune, mystérieuse et séduisante. Sacré programme.
Ok et après il se passe quoi? Justement, on ne sait pas trop. C’est-à-dire que c’est une légende orale du folklore suisse allemand. Donc clairement, on n’a pas toutes les infos. Mais la question que je me pose c’est: pourquoi est-ce qu’on raconte l’histoire d’une jeune femme seule dans la forêt la nuit pour faire peur aux enfants? C’est quoi le message? Pourquoi est-ce qu’on se sert des stéréotypes de genre dans un conte à visée éducative? Pourquoi cette dualité? La figure bienveillante de la féminité protectrice et nourricière, aka la maman, versus la séductrice dangereuse, capricieuse et instable, aka la putain. Ah ouais, il est beau le monde binaire. C’est facile à retenir ça les enfants. Le bien, le mal, tu choisis ton camp.
Alors oui je sais, c’est une autre époque, une autre culture, et puis de toute façon c’est de la fiction! Mais quand même. Ok pour donner plus de place aux personnages féminins dans la mythologie. Mais pour en faire quoi? Des fées, des sorcières ou des déesses? Super le choix. Alors que les mecs sont des héros, des chevaliers, des Robin des Bois?
C’est quoi la morale de cette chronique? Je crois que c’est la même que celle de l’histoire de la femme de la nuit, il n'y en a pas vraiment. Ou du moins, on ne la comprend pas tout de suite. Peut-être qu’on reste sur la version romande du gendarme. Quel meilleur exemple pour incarner la peur aux yeux des enfants?
---