L'Atelier politique

Sarah El Haïry: «On ne peut pas considérer un enfant comme une nuisance»


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Haut-Commissaire à l’enfance depuis mars 2025, Sarah El Haïry est l'invitée de l’Atelier politique. Des violences en milieu scolaire à la surexposition aux écrans, en passant par la place des enfants dans la société l’ancienne ministre décline les priorités de son action au micro de Frédéric Rivière.

Ex-ministre déléguée, Sarah El Haïry défend aujourd’hui une fonction inédite : Haut-Commissaire à l’enfance. Un choix dicté, selon elle, par un besoin de stabilité politique : « On a connu dans notre pays le passage de la majorité absolue à la majorité relative [...] On a fait le choix [...] d’apporter une sorte de nouveauté, de stabilité». Avec, affirme-t-elle, un pouvoir différent mais renforcé : « Il est plus fort par la stabilité [...] en coordination interministérielle ».

Violences sexuelles : «Le temps est venu de briser ces silences»

Le scandale de l’établissement Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques souligne pour elle l’urgence à agir. « Il y a d'autres endroits, d'autres scandales que l'on a découverts [...] Le temps est venu de briser ces tabous, de briser ces silences ». Refusant la personnalisation du débat autour de François Bayrou, elle note que : « Le Premier ministre s'est exprimé devant la commission d'enquête parlementaire, a apporté un certain nombre d'éléments de preuve [...] mais moi, je ne suis pas naïve, on voit une cristallisation volontaire sur un homme.» Mon enjeu conclut-elle: « ce sont les victimes, [...] la protection pour ne pas avoir de victimes futures »

Écrans et pornographie : la dérégulation du quotidien

Parmi les priorités qu'elle s'est fixées : la surexposition des enfants aux écrans. « Il ne faut pas d'écran entre zéro et trois ans [...] Le cerveau d'un enfant est un cerveau en construction ». Elle dénonce une forme de renoncement collectif : « Ce n'est pas si simple [...] La moitié des élèves d'une classe de CP dans laquelle je me suis rendue avait une télé dans sa chambre, l'autre moitié des téléphones portables ou des tablettes ».

Sur l’accès des enfants à la pornographie, elle affirme l’engagement de l’État à bloquer les sites non conformes : « Nous avons fermé deux sites et nous avons plusieurs procédures. C'est un combat de très longue haleine [...] mais les technologies existent ».

Contre-culture kids friendly

Face à un discours croissant d’hostilité à l’égard des enfants dans l’espace public, Sarah El Haïry veut défendre une vision inclusive : « On ne peut pas considérer un enfant comme une nuisance. On est en train d'institutionnaliser [...] que l'absence d'enfants est un luxe ». Elle plaide pour une «contre-culture» : « Moi je crois à une sorte de contre-mouvement qui serait kids friendly ». L’objectif : que les enfants soient «bienvenus» dans l’espace urbain, les écosystèmes professionnels, les politiques publiques.

Laïcité, frérisme et idéologie séparatiste

Face aux inquiétudes sur l’influence des Frères musulmans en France, Sarah El Haïry appelle à ne pas faire preuve de candeur : « Il ne faut pas être naïf ». Elle précise : « Le mouvement frériste n'a rien à voir avec l'islam [...] C'est une doctrine idéologique », et souligne que la réponse doit être « extrêmement forte, extrêmement ferme ».

Refusant le discours sur le «racisme systémique» ou l’«islamophobie d’État», elle tranche : « La France ne te regarde pas par ta religion, [...] elle te regarde comme citoyen français ». Selon elle, ces discours sont «absolument contraires à la construction d'une société universelle et universaliste» et alimentent le communautarisme. Le combat est aussi «idéologique», prévient-elle.

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L'Atelier politiqueBy RFI