L'entretien avec Donna Hope, cheffe de la Première Nation Nacho Myak Den, met en lumière les conséquences désastreuses d'un glissement de terrain survenu à la mine Eagle Gold, ainsi que l'indifférence apparente des autorités compétentes. Survenu sur le territoire traditionnel de sa communauté, cet événement, qualifié par Donna Hope de plus grave catastrophe minière de l’histoire du Yukon, a engendré d'innombrables souffrances, tant sur le plan environnemental qu'émotionnel pour ses concitoyens. Elle insiste sur le fait que près de 4 millions de tonnes de déchets miniers, contenant des produits toxiques, se sont déversées suite à cet incident, soulignant l'ampleur des dégâts causés et leur impact durable sur les terres ancestrales.
Dans ses déclarations, Hope dénonce non seulement les défaillances systémiques au sein de Victoria Gold Corporation, l'entreprise exploitante de la mine, mais aussi l'inaction critique du gouvernement du Yukon. Elle rappelle la demande d'audit adressée à la vérificatrice générale du Canada en décembre 2024, qui reste à ce jour sans réponse, ce qui accroît le sentiment d'une absence de responsabilité et d'une culture d'impunité vis-à-vis des acteurs impliqués dans la gestion de la mine. À ses yeux, la lassitude et la frustration ressenties au sein de sa communauté résultent d'un manque de contrôle rigoureux sur les pratiques minières, un constat alarmant qui appelle à une réévaluation totale des réglementations en vigueur.
Le rapport indépendant révélé en juin 2025, qui ne semble pas signifier une remise en question sérieuse de la responsabilité du gouvernement, est considéré par Hope comme une preuve de négligence. Elle critique fermement la gouvernance minière qui, selon elle, œuvre contre les intérêts environnementaux et ceux des Premières Nations. En évoquant les recommandations du rapport, notamment celles exhortant le gouvernement à engager des experts pour encadrer les projets miniers dès leur phase de planification, elle exprime son scepticisme quant à la volonté réelle des autorités de changer leur façon de gérer l'industrie minière, accusant le gouvernement d'ignorer les pratiques dangereuses qui perdurent.
En parallèle, la Première Nation, ayant rejeté la nouvelle législation sur les minéraux proposée par le gouvernement, a pris position contre les ajustements jugés insuffisants pour véritablement transformer le régime minier du Yukon. Selon Hope, ces propositions ne constituent que des révisions superficielles d'un statu quo, laissant ainsi la porte ouverte à la poursuite d'exploitations non durables qui compromettent la sécurité et l'intégrité des terres et des ressources naturelles. Cela met en évidence le besoin urgent d'une réforme structurale, soutenue par un véritable engagement du gouvernement à rendre les exploitants responsables.
Dans ce contexte difficile, l’appel de Donna Hope pour un changement significatif et une reconnaissance des droits des Premières Nations résonne comme une nécessité pressante pour rétablir la justice environnementale et la sécurité des communautés affectées. Son discours souligne non seulement la lutte pour la protection de leur territoire, mais aussi l'exigence d’un cadre juridique et réglementaire qui prenne en compte les voix et les préoccupations de ceux qui vivent directement les conséquences des activités minières.