Embaumeur au service des âmes : Olivier Emphoux
Olivier Emphoux (prononcez le x) est thanatopracteur-embaumeur.
La thanatopraxie est la pratique qui consiste à prodiguer des soins de conservation et de présentation sur la dépouille d’un défunt.
En France, les professionnels du secteur funéraire utilisent le terme thanatopracteur (thanatopractrice pour les femmes) et jamais le terme embaumeur.
En revanche, en Angleterre, on utilise bien le terme d’embaumeur.
Or le terme d’embaumeur s’applique précisément à l’art que pratique Olivier Emphoux, parce qu’il est détenteur du diplôme de l’Institut Britannique des Embaumeurs, et parce qu’il a exercé pendant de nombreuses années en Angleterre.
Mais Olivier Emphoux est un embaumeur assez à part, vous allez le comprendre en visionnant l’interview qu’il m’a accordée !
Si, plutôt que de visionner cette vidéo, vous souhaitez écouter l’audio correspondant, le voici en podcast :
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Jérôme Choisnet : Bonjour et bienvenue sur Au-delà de mourir, je suis aujourd’hui avec Olivier Emphoux, thanatopracteur, nous sommes au cinéma Capitole Studios, à côté d’Avignon, où passe en ce moment le film Thanatos – L’ultime passage, où Olivier Emphoux intervient et c’est pour ça qu’il est là ce soir pour une interview.
Jérôme Choisnet : Olivier Emphoux, bonjour !
Olivier Emphoux : bonjour, je suis très content d’être ici !
J. Ch. : alors nous sommes très heureux de vous accueillir, vous êtes l’auteur de deux livres dont on va parler ce soir, dont notamment Entre mes mains — Confidences d’un embaumeur et également Aux portes de l’inconnu — Quand la vie résiste à la mort.
Olivier Emphoux : ces deux livres, dont le dernier livre Entre mes mains — Confidences d’un embaumeur, tous ces livres ont en fait été écrit d’après mes notes et mémoires que j’ai accumulées depuis une trentaine d’années, par une personne qui s’appelle Madame Annette Geffroy, qui est plus apte que moi à écrire, qui est un écrivain et qui en a fait des manuscrits ont été publiés immédiatement par des certaines sociétés d’édition.
J. Ch. : d’accord, vous nous dites effectivement dans votre livre, je ne sais plus lequel c’est, peut-être Aux portes de l’inconnu, mais peu importe, enfin vous nous dites que dès le début de votre carrière de thanatopracteur, vous avez eu la bonne idée de prendre des notes sur vos activités et sur les cas particuliers que vous rencontriez et c’est ça qui vous a permis finalement de rédiger ces deux livres, sans quoi vous ne seriez pas parti de vos seuls souvenirs, vous auriez été un peu en difficultés pour reconstituer tout cela ?
Olivier Emphoux : lorsque l’on ne reste pas sur l’instant présent d’un vécu que l’on se dit on remet à plus tard de vouloir rendre compte de quelque chose, on va perdre la réalité de l’instant présent, donc c’est pour ça que dès le début j’ai pris l’habitude de noter sur des notes, sur des bouts de papier, sur des petits carnets ce que je voyais au niveau une manifestation un petit peu étrange au contact de certains, certains… une personne décédée c’est un cadavre ! au contact de certains cadavres pour lesquels je travaillais, ou alors de certaines découvertes sur le plan spirituel et toutes ces notes accumulées c’est une autre personne comme je le disais, donc, qui les a prises et qui en a fait des livres. Nous ne sommes que le maillon d’une chaîne qui s’étend…
J. Ch. : d’accord, vous avez dit, vous avez rencontré quelques manifestations que vous avez qualifiées un peu d’étranges, vous nous en parler assez abondamment dans vos deux livres donc, et j’imagine quand même que c’est pas systématique, c’est pas pour toutes les personnes auxquelles vous vous prodiguez des soins de conservation ?
Olivier Emphoux : Non, c’est pas pour toutes les personnes. Avec du recul, maintenant que j’ai à peu près une trentaine d’années…
J. Ch. : une trentaine d’années d’expérience, c’est pas votre âge bien sûr !
Olivier Emphoux : J’ai 58 ans.
J. Ch. : Eh ben voilà, une confidence de plus, vous êtes un embaumeur qui fait des confidences !!
Olivier Emphoux : Il faut savoir dire les choses dans la vie en général, toujours rester comme l’on est, sans vouloir entrer des artifices donc ce tout ce qu’il y a dans ce livre c’est une trentaine d’années de vécu, quoi, le métier d’un thanatopracteur je préfère dire en fait embaumeur. Pourquoi ? Parce que j’ai plus vécu en Angleterre que en France.
J. Ch. : Alors oui merci pour cette précision sur le terme que vous préférez employer et donc ça explique le le choix que vous avez fait pour le sous-titre Confidences d’un embaumeur, et là je voudrais préciser pour les personnes qui nous écoutent que « embaumeur », c’est pas un terme qu’on rencontre en fait dans le métier du funéraire, en tout cas en France, puisque j’ai travaillé moi-même comme maître de cérémonie funéraire pendant longtemps et j’avais toujours affaire à des thanatopracteurs, qu’on appelait d’ailleurs des thanato, on disait : « Est-ce que tu as appelé le thanato ? oui et alors le terme thanato ça nous fait bien penser au film Thanatos, pour lequel on se réunit ce soir.
Olivier Emphoux : Effectivement, Thanatos – L’ultime passage. Alors c’est vrai que maître de cérémonie, c’est une chose que l’on est le plus au contact des défunts, moi ce qui se passe en fait c’est que quand j’étais gamin je voulais connaître le mystère de la mort, sans idées macabres, sans idées préconçues, je l’avais jamais rencontré la mort, quoi, donc il faut savoir garder ses rêves, avoir de l’obstination, ne surtout pas abandonner ce que l’on a en l’esprit, donc par le fruit du temps j’ai abandonné donc des études de droit qui allaient me mener à des métiers d’avocat d’affaires, pour devenir porteur fossoyeur
J. Ch. : Vous vouliez devenir avocat, et vous avez pris un virage soudainement, vous avez changé d’avis, vous…
Olivier Emphoux : C’est pas que j’ai changé d’avis, mais vous savez dans une famille quelquefois il y a un poids, il y a le poids des familles qui disent il faut que tu suives ce chemin et à un moment donné de ma vie donc, beh, j’ai fait un choix j’ai laissé tomber le côté matérialiste binaire d’une vie basique, pour rentrer dans un espace qui s’ouvrait à moi, un boulevard immense, immense, d’opportunités, pas matérielles mais spirituelles, c’est pour ça je suis arrivé à ce métier et c’est vrai qu’avec du recul… lorsque j’ai voulu faire ce métier je ne le connaissais pas, je savais même pas si j’allais réussir à avoir les bases techniques, psychologiques, intellectuelles, on dit il faut durer et puis on ne sait pas ce qui va se passer, si seulement l’idée que j’avais du départ que être plus proches des défunts ça permettrait de voir des manifestations, donc en fait j’ai fait un pari est un pari immense et avec du recul si c’était à refaire je le referais.
J. Ch. : Vous nous rapportez différentes anecdotes toutes plus surprenantes les unes que les autres dans vos différents… dans vos deux ouvrages et en fait je voudrais revenir un petit peu sur ce qui vous a motivé au départ, votre intérêt pour pour la mort qui n’était pas du tout macabre, vous nous avez dit, alors qu’en fait on a quand même cette image en tête et effectivement dès qu’on pense à la mort, on plonge tout de suite dans une atmosphère morbide et… mais pour vous c’était pas du tout le cas, en fait, vous étiez même… quand vous étiez enfant vous étiez juste curieux peut être simplement, une saine curiosité, voilà c’est cela qui vous animait ?
Olivier Emphoux : Je suis issu d’une famille qui… mon père était médecin, ma mère était donc directrice d’école maternelle, j’ai eu la chance de vivre dans une famille à l’abri du besoin donc, où on peut vivre à l’abri du besoin, à l’écart de toutes les vicissitudes humaines, où on rencontre des problèmes, et donc j’ai pu avoir un regard simple sur le monde extérieur quoi, et c’est des simples interrogations que je me posais, qui m’ont amené à cette notion, le point de départ c’est une curiosité, mais pas une curiosité il y avait de la volonté, vous savez quelque fois on se dit il faut que je fasse ça, vous le faites sous peine de si vous ne le faites pas vous le regrettez toute votre vie, tout ça… Je disais au début, si vous avez des rêves, allez-y, ne les abandonnez pas en cours de route !
J. Ch. : en fait vous avez eu… une mission… dont vous vous êtes senti investi très tôt en fait, donc du coup pendant votre votre enfance ou votre adolescence vous avez compris que c’était quelque chose à quoi vous ne deviez pas renoncer donc vous avez commencé des études d’avocat, et puis vous avez dit : non, il faut que je revienne à ma mission, enfin peut-être que vous pensiez pas avec ce terme-là à cette époque là, mais enfin vous pensiez que c’était plus juste pour vous d’aller dans cette voie ?
Olivier Emphoux : Bien sûr et c’est donc… vous savez euh… je vais vous dire comme pour vous comme tout un chacun et chacune, à l’instant où nous sommes présents nous ne sommes plus les mêmes êtres humains que nous étions il y a dix ans, il y a une évolution qui se fait et c’est vrai que si je me regarde, le point de départ, l’adolescence, puis mon entrée donc dans les pompes funèbres, c’était à Avignon, au poste de… vous vous rendez compte, je laisse tomber des études en droit qui allaient me mener à un un métier qui ramène… excusez-moi l’expression, qui ramène beaucoup d’argent, pour devenir porteur fossoyeur !
Dans une famille, ça laisse froid… mais bon le terme n’est pas juste, mais vous avez des découvertes qui sont… alors là vous rentrez dans des découvertes qui sont ternaires, vous n’êtes plus dans le binaire matérialiste et c’est là où vous vous rendez compte que la mort c’est la découverte de la réalité de ce qu’est réellement un être humain, si vous ne savez pas ce qu’est réellement un être humain vous ne pourrez jamais vous consacrer à savoir ce qu’est la mort.
L’être humain… la vie de l’être humain, ne commence pas par le cri du nouveau-né, la vie commence bien avant ; et la mort ne commence pas qu’avec l’arrêt du cœur…c’est vrai que cette approche spirituelle de la mort… et puis il faut durer dans le temps
J. Ch. : Je trouve… je trouve intéressante votre observation, enfin, comme quoi on n’est plus dans le binaire mais on est ternaire ; en fait le binaire c’est, on peut dire, une approche matérialiste binaire ça serait de dire soit on est vivant, soit on est mort et dans son cercueil etc, et vous, vous avez une vision ternaire alors, c’est pour dire qu’il y a quelque chose au delà de cette dualité apparente de vie/mort, il y a quelque chose au delà, et ça vous intéresse et vous y avez été confronté, vous y êtes confronté assez régulièrement dans votre vie, dans votre activité en fait…
Mais je voudrais vous interroger sur le choix que vous avez fait d’aller en Angleterre, pour passer un autre diplôme de thanatopraxie, le diplôme anglais, et d’ailleurs en Angleterre on parle effectivement là, du coup, d’embaumeur, le terme anglais c’est embalmer, embaumeur…
Olivier Emphoux : Ce fut… en fait vous savez, lorsqu’on a une vie qui continue l’évolution se fait plus ou moins facilement, c’est lorsqu’il y a des arrêts, des remises en question qu’une évolution peut arriver, bon, l’être humain, l’histoire de l’humain a été conçue comme ça, depuis l’homme préhistorique… je suis parti en Angleterre parce que je me disais, le diplôme anglais est considéré comme euh… il est considéré comme le plus dur au monde, je vais tenter, je vais essayer de… déjà d’une part de me former à ce que font les anglais et puis et puis présenter ce diplôme ; bon, je fais court, je vous passe sur les mois de travail acharné, de remise en question permanente, de doute, je tiens à dire que le doute n’est pas un échec, c’est un facteur d’évolution !
Bon, finalement j’obtiens donc le diplôme anglais, je reste en Angleterre, et puis je me mets à travailler et c’est pour ça que je préfère le terme embaumeur parce qu’en fait ce sont les anglais qui m’ont tout donné : lorsque j’étais en Angleterre à travailler je me rappelle encore, j’étais sur un corps autopsié, mon supérieur hiérarchique vient me voir et me dit tu sais le monsieur qu’est là, il rentre d’Irak.
Je dis : comment ça ? Un embaumeur qui vient d’Irak !? C’est pas possible, qu’est ce que c’est que ce truc ? Il m’expliqua qu’il dépendait d’une entreprise américaine qui employait des embaumeurs… qui emploie des embaumeurs, pour la recherche et la conservation de restes humains lorsqu’il y a des accidents d’avion, des tsunamis ainsi de suite…
J. Ch. : Je vous interromps, excusez-moi, c’est en fait, c’était un nouveau déclic pour vous la suite de votre carrière puisque vous avez décidé en fait de faire comme ce monsieur et donc vous avez postulé pour travailler pour le compte de cette entreprise américaine, et vous allez me confirmer cela tout de suite, c’est votre activité actuelle ?
Olivier Emphoux : c’est mon activité, c’est mon activité actuelle c’est à dire que je dépends de cette entreprise. lorsqu’il y a un pépin, enfin, un pépin…je veux dire dire, lorsqu’il y a mort de masse, catastrophes d’avion, tout ça…. je n’exerce pas du tout en France pour raisons d’ordre spirituel…
J. Ch. : oui, alors, vous allez nous expliquer cela, en fait, vous me l’aviez dit au téléphone quand on s’est parlé il y a quelques jours effectivement, vous allez nous le ré expliquer.
Olivier Emphoux : je suis venu à ce métier pour savoir, du fait, être à proximité des défunts donc j’ai dû faire des soins de conservation dans les règles juridiques, imposées et techniques mais au fur et à mesure…Bon, à ce jour j’ai dû réaliser, j’ai réalisé à peu près vingt mille personnes quoi
J. Ch. :oui, vingt mille personnes et vous nous dites que ça fait l’équivalent d’une petite ville
Olivier Emphoux : voilà, donc je me suis rendu compte que lorsque quelqu’un décède, on a de la peine, enfin, on a … je me trompe, les êtres humains ont de la peine lorsqu’un proche décède. Ils veulent pour une dernière fois retrouver le visage sans les crispations de la mort, mais ne serait-ce pas un échec de la réalité du cheminement spirituel face à la mort ? lorsque quelqu’un décède, ce n’est qu’un moment, ce n’est qu’un un instant, je veux dire…c’est là où tout va se passer, je ne dis pas d’être heureux, de sourire, de faire la fête, mais lorsque quelqu’un décède, c’est le cheminement l’immensité intense où l’être humain est plongé et où tout se déclenche ! N’oublions pas que la vie humaine est plus courte que ce qui se passe après la mort, dite physique, terrestre, je veux dire ! Si on ne connaît pas l’humain, comment voulez-vous englober tout ça ? vous ne pouvez pas.
Alors, la thanatopraxie, c’est une technique qui est efficace, qui permet de donner l’apparence du sommeil, mais je considère, maintenant où j’en suis, donc je suis peut-être un « vendu », tout ce que vous voulez, personne n’a à me donner de leçons sur le plan technique thanatopraxique, donc je considère que lorsqu’un être humain est décédé, il faut le laisser.
Alors pourquoi est-ce que je reste dans les désastres ? parce qu’il me semble, à mon avis, non, pas à mon avis, sur le plan global, sur le plan spirituel, sur le plan humain, il est plus concevable d’intervenir sur un corps qui est déchiqueté, qui est anéanti, en bouillie que son corps qui est mort de mort naturelle, basique où l’intégrité n’est pas atteinte.
J. Ch.: voilà, donc vous nous dites que pour les personnes, ce qui est le cas le plus fréquent, pour les personnes dont l’intégrité du corps n’est pas atteinte, dans le cadre d’une mort naturelle, même si la personne peut mourir dans certaines souffrances et garder des grimaces sur son visage, vous considérez que ce n’est pas juste de faire des soins de conservation. Peut-être même que ça porte tort à la personne, vous nous dites dans vos livres que ça pourrait contribuer à empêcher l’âme de la personne ou le corps subtil de la personne, ça l’empêche de quitter le corps physique correctement, alors vous donc vous avez choisi de ne faire ces soins de conservation que pour le cas des personnes qui ont été malheureusement défigurées dans une tragédie, dans un cataclysme…
Olivier Emphoux : vous savez le traumatisme d’un accident d’avion, il faut bien voir que la personne décède, c’est pas parce qu’elle a le cœur qui s’est arrêté ! Nous allons voir le film de Pierre Barnerias, qui est un type, bien je dis un type, c’est affectueux ! c’est quelqu’un d’immensément riche, qui est à la fois, tout ça….
J. Ch.: oui, Pierre Barnérias est le réalisateur du film Thanatos, l’ultime passage que nous allons voir ici au Capitole Studio.
Olivier Emphoux : donc, il parle principalement des EMI mais il faut savoir lorsque quelqu’un décède, il va se voir, parce que vous avez le processus de dissociation, on dit la conscience ou l’âme, vous avez ce processus de dissociation où c’est un peu comme un vaisseau qui va partir vers la Lune, ils vont se dissocier pour que le vaisseau parte plus loin et que l’autre retombe, au total c’est pareil, ce qui va rester sur terre, c’est le corps humain, ce qui va partir c’est l’âme et la conscience, et il faut savoir que lorsque quelqu’un décède il se voit …
J. Ch.:vous voulez dire que, en tout cas, certaines personnes, dont vous même si j’ai bien compris, vous pouvez dans certaines circonstances, voir l’âme, la conscience s’échapper du corps physique parce que vous avez quand même développé cette capacité que tout le monde n’a pas. Je ne l’ai pas moi même d’ailleurs, enfin en tout cas, je n’ai pas eu l’occasion de me rendre compte de cette capacité pour l’instant,
Olivier Emphoux : vous avez cette capacité, j’en suis convaincu, on sent les choses !
Comment pourrais-je dire ? déjà si on ne connaît pas l’être humain, comment voulez-vous connaître la mort ? Si les gens s’amusent à rendre objets leurs prochains, les animaux, toutes les formes de vie sur terre, ils vont rendre objet la mort et lorsque c’est le moment qui se passe, où il faut qu’on se sépare, parce qu’il faut partir, vous savez un enfant on le pousse pour qu’il parte, nous sommes strictement pareils, il n’y a pas de drame à ce que la personne décède sauf à rester dans une approche binaire matérialiste. Il y avait un embaumeur écossais qui m’a dit: « tu sais, Olivier, quand quelqu’un décède, il va entendre, il va voir, parce que l’activité du cerveau le permet ». Bon, j’ai rencontré après des gens, j’ai écouté le film Thanatos et c’est vrai que ces informations, que j’avais, m’ont conforté. Mais la mort n’est pas ce que les gens pensent, ils se trompent, il faut fuir le Veau d’Or, la fête foraine, vous savez, il y a un goudron qui est mis sur la vie, qui recouvre toute la vie, donc la mort c’est pas dans ce sens là qu’il faut l’approcher. Mais je parle déjà trop !
J. Ch.: non, vous nous avez parlé du Veau d’Or, là je vais revenir là dessus parce que dans votre livre, vous nous dites que vous avez aussi, en plus de votre petit carnet de notes ou de vos bouts de papier, vous avez aussi toujours un exemplaire de l’Ancien Testament avec vous et de temps en temps vous faites une lecture d’un passage au hasard comme ça, parce que vous pensez qu’il faut le faire.
Olivier Emphoux : tout est dans la Bible, on va pas chercher des chemins de traverse pour accéder à une vérité qui n’existe pas et ne trouver que des mirages, mais tout est dans la Bible. Oui, en France, en exerçant, j’ai toujours eu ce livre qui est sacré, même s’il a été édité à maints et maints exemplaires, qui est sacré et à moment donné, lorsqu’il y avait certains défunts, mais pas tous, en respectant leur religion bien évidemment, je m’asseyais au bord du lit, je leur tenais la main, j’ouvrais au hasard le livre et je me mettais à lire une petite page. Et je sentais à certains moments donnés, des pulsions, vous savez quand quelqu’un repose sur son lit, qu’il est décédé, vous voyez le cœur qui bat, ce n’est pas le cœur qui bat, mais vous avez l’être humain qui est en train de partir, et il faut absolument le calmer parce que…
J. Ch.: vous nous avez dit, vous voyez le cour qui bat, puis vous vous êtes repris, mais en fait il y a un cas dont vous nous parlez où vous avez senti vraiment des vibrations sur le corps de la personne qui était là devant vous, allongée sur son lit et vous avez posé la main sur la poitrine de la personne, je crois, et vous avez senti des vibrations mais ce n’était pas des vibrations physiques ?…
Olivier Emphoux : non, c’est comme on dirait, des manifestations un petit peu étranges. Vous savez, là où il y a les morts, il y a toujours des… c’est pas dans un match de football, en allant voir une finale, que vous allez pouvoir voir ça, mais ce n’est pas parce qu’on est un thanatopracteur, qu’on est là dedans, qu’on va voir. Si vous avez pas… comment vous diriez, la disposition ?…
J. Ch.: oui eh bien, écoutez, en tout cas, c’est vrai que la plupart des thanatopracteurs, quasiment tous les thanatopracteurs que j’ai rencontrés, ne m’ont pas parlé des manifestations que vous avez rencontrées vous.
Olivier Emphoux : oui c’est ce que vous diriez, ce n’est pas parce qu’on est un thanatopracteur qu’on va voir, il ne faut pas se tromper de chemin. Bon, ils sont très bien, mais moi j’ai basé ma vie sur certaines choses, je m’en suis jamais écarté et pourquoi, pourquoi est-ce, pourquoi est ce qu’une fois j’ai eu la température d’un corps qui s’est mise à monter au point que si je le touchais et je me serais brûlé ! Pourquoi moi ? ! c’est inconcevable et alors est-ce qu’il faut donner une explication ? ! Si je donne une explication, je ne vais me projeter que moi même, je serai certainement loin de cette réalité originelle. Moi, je me suis posé la question il n’y a pas longtemps. Vous voyez…. je dévie peut-être de votre cursus, je m’en excuse, des questions que vous alliez me poser…
J. Ch.: non, non, non, pas du tout, l’entretien se déroule….
Olivier Emphoux : nous sommes en société, nous savons comment est la mort mais nous sommes nous, euh… avons nous pensé comment aurait été la mort avant la fin du 7ème jour ? le Paradis et vous savez Eve et Adam, Eve a mangé la pomme, le Paradis est parti en perdition, à la fin du septième jour. Bon, est-ce que nous nous sommes posé la question, avant que cet acte terrible ne soit fait, comment était perçue la mort ? on ne s’est jamais posé la question et ça c’est fondamental. Et ce qui est étonnant, c’est que c’est l’être humain qui a mis fin au Paradis, ça je pense que personne ne peut le contester, et les seules formes de vie qui ont rien fait, ce sont les animaux, les insectes et maintenant, qu’est ce que nous voyons ? ! Ces formes de vie se font massacrer par l’être humain, vous voyez tout ce réécrit.
J. Ch.: vous nous parlez pas vraiment d’animaux dans vos livres. Vous n’avez pas rencontré de personnes défuntes avec un animal domestique avec lequel il y aurait eu… ?? Ah, oui, un cas de réincarnation, mais oui je me souviens d’avoir lu ça, c’était étrange
Olivier Emphoux : oui, oui, c’était étrange
J. Ch.: il y a beaucoup de choses étranges, vous êtes confronté à cela régulièrement…
Olivier Emphoux : l’instant présent, il faut absolument noter l’instant présent, il faut pas après penser que… quand vous notez ce temps présent, vous êtes déjà sauvé. Vous n’allez pas vous diluer…
J. Ch.: en tous cas, merci de réorienter un petit peu la conversation parce qu’ici on n’est pas là pour faire un spectacle de l’étrange, c’est pas pour ça que je suis venu vous interviewer, c’est simplement pour que vous nous fassiez part de votre expérience qui confirme simplement que, effectivement, l’au-delà existe et la mort n’est pas binaire, enfin on peut se dégager d’une conception binaire, comme vous nous l’avez dit tout à l’heure,
Olivier Emphoux : alors l’aspect binaire, il y a des gens ne vont pas trop comprendre, je dirai juste ne restez pas trop matérialistes.
J. Ch.: mais je crois que binaire, au contraire, ça je pense que ça va beaucoup plus parler, en tout cas les gens peuvent se sentir moins accusés, sinon les gens disent: « non, non, moi je suis pas matérialiste, qu’est ce que c’est que ça, non ! » Mais par contre, voilà, si on dit: « est ce que vous vous êtes dualiste ou binaire » ? Binaire, qu’est ce que ça peut être binaire ? Non, je crois que c’est une bonne idée !
Olivier Emphoux : votre façon de parler est très juste. Je veux dire, on n’est pas là pour parler de l’étrange: est ce que ça existe ? Nous sommes juste là pour faire une approche de la mort qui est logique, qui est normale. Et, c’est vrai vos questions tombent, sont bien !!
J. Ch.: merci pour vos compliments ! Je voulais voir une dernière petite chose avec vous. Voyons… ah, oui, vous avez vu le film plusieurs fois et vous êtes intervenant dans le film. Et vous êtes forcément enfin spectateur, je perds un petit peu le fil, mais bon…. vous êtes spectateur du film parce qu’il y a beaucoup de scènes auxquelles vous n’avez pas participé. En fait le film est un assemblage de différents entretiens, de différents témoignages et voilà vous êtes l’un d’eux et donc vous avez découvert les autres témoignages avec intérêt, je suppose ?
Olivier Emphoux : je ne les ai pas découvert avec intérêt… j’ai été ému pour certains !!
J. Ch.: vous avez été ému !?
Olivier Emphoux : oui, j’ai été ému et j’ai appris. Je veux dire, bon, c’est vrai que j’ai 58 ans, je suis rentré dans la mort à 25 ans, ça fait un chemin de découverte tout ça et de remise en question et dans ce film… la première fois que je l’ai vu le film fini, j’ai été ému, je n’ai pas eu les larmes aux yeux parce que c’est pas comme ça que je procède, ça ne me vient pas et je ne suis pas très émotif
J. Ch.: oui, vous n’êtes pas très émotif et c’est ce qui vous a permis…
Olivier Emphoux : mais très sensible !
J. Ch.: ce n’est pas la même chose..
Olivier Emphoux : non, c’est pas la même chose. Alors vous avez certaines personnes, je veux pas dévoiler le film, l’unanimité de toutes ces personnes, c’est l’élan du cœur, la sincérité, l’honnêteté. Vous avez des gens à qui c’est arrivé et qui vous racontent ça mais qui n’oseraient pas le raconter. Pourtant, vivre entre guillemets une EMI c’est pas quelque chose de banal, je veux dire, dans le cursus d’une vie, c’est assez extraordinaire. Mais ça s’est passé au Moyen Age, à la Préhistoire, ça s’est passé demain, des personnes isolées, en tôle ou pas…
Vous voyez, et ce film, j’ai appris beaucoup, voyez, on apprend tout le temps, comme je vous disais, nous ne sommes que le maillon d’une chaîne qui s’étend, on est toujours en phase d’apprentissage. Je peux donner redonner à autrui ce que j’ai vu au sein de la mort et puis vous avez certaines personnes qui ont un métier un petit peu plus avancé socialement, dans la médecine, et bien, ils m’ont appris des choses ! Oui c’est fabuleux ça. Le grand merci à Pierre Barnérias, le réalisateur du film Thanatos, l’ultime passage. Je pense qu’il n’a pas cédé à la tentation de l’argent, de faire un film facile pour le balancer dans les écrans, c’est vraiment avoir la foi, être sûr de ce qu’il veut, je veux dire, aller jusqu’au bout de ses convictions. faire reconnaître, dégager les consciences et c’est vrai que nous ne serions pas à discuter si Pierre Barnérias un jour ne s’était pas dit, je vais faire ce film. Et un jour, c’est vrai, mon téléphone a sonné !
J. Ch.: j’allais vous posez la question. C’est donc le réalisateur qui a pris contact avec vous, c’est pas vous qui êtes allé au devant de lui.
Olivier Emphoux : je crois qu’il a lu un livre, le premier et puis, il m’a dit : « voilà, est ce que vous êtes Olivier Emphoux ?
J. Ch.: celui-ci de livre ?
Olivier Emphoux : non, il y en eu un autre encore ! j’ai eu la part la plus facile, celle de vivre les événements que j’ai notés, après c’est vrai que Madame Geffroy a eu la part la plus dure, celle d’écrire. Il m’a dit: « est-ce que tu es, est ce que vous êtes d’accord ? voilà ce que je fais ». Je dis: « c’est fabuleux ». Et en fait, j’ai mis le doigt dans un engrenage d’une aventure fabuleuse qui allait me mener aux confins des prises de vue, tout ça, et c’est enrichissant. Tout n’est que découverte auprès des êtres humains qu’ils soient riches ou pauvres.
J. Ch.: et est-ce que vous avez rencontré d’autres personnes qui apparaissent dans le film ou pas ?
Olivier Emphoux : non, je n’ai pas pu les rencontrer parce que je devais me déplacer à Paris au Grand Rex, parce que le lancement du film a eu lieu au Grand Rex, c’était l’avant première, oui, salle comble, ça a été un doublage, bon, ça a été assez fabuleux et c’était bien. J’ai rencontré personne, j’aurais aimé !
J. Ch.: mais j’imagine en fait que la plupart des intervenants du film ne se sont pas rencontrées non plus sauf les quelques personnes que l’on voit réunies autour d’une table à Chamonix, voilà, dans le chalet. Là , c’était une belle idée du réalisateur
Olivier Emphoux : oui, une très belle idée, très juste, très juste et très équilibrée, on sentait qu’il y avait eu un équilibre, dans le calme, de toute façon, le film, c’est le calme. J’ai rien que du calme, c’est vrai qu’il y a des séquences qui sont émouvantes mais il faut bien, comme dit Pierre Barnérias, faire avancer les choses : redonner à autrui ce que nous savons, c’est la base, ne pas s’écarter de l’humain. Vous allez me dire: « bon sang, je lui parle de la mort, il me dit le contraire! » Non, nous y sommes: une attitude humaine permet une certaine faculté d’approche du mystère de la mort et vous savez, si vous mourrez en quiétude, vous serez bien. Si vous mourez dans la panique la plus totale, vous n’y arriverez jamais après. Il faut en avoir bien conscience.
J. Ch.: vous avez rencontré des cas de personnes qui étaient probablement décédées dans une grande agitation intérieure et ça s’est ressenti énergétiquement…
Olivier Emphoux : ça se ressent et j’ai eu un cas vraiment… c’était un monsieur qui battait sa femme, le drame, c’est franchement, bon, j’en ai encore…
J. Ch.: malheureusement ça existe oui, c’est assez fréquent..
Olivier Emphoux : oui, c’était un type, je dis le type, je m’excuse si c’est vulgaire, qui battait sa femme puis sa femme n’en pouvant plus a pris son fusil de chasse et elle l’a tué. Bon, et ce monsieur je l’ai retrouvé dans une morgue, je dirai pas d’où, parce qu’il faut quand même garder… et faire attention…. Il y avait le mal en lui, je suis rentré dans cette pièce, déjà avant même de rentrer dans la pièce, je me sentais déjà, je sentais quelque chose qui se passe et ce n’était pas bon. Quand je suis rentré dans cette pièce, que je l’ai vu sur son chariot, bien sûr il était sous un drap blanc, vous savez, un drap mortuaire, qu’est ce que je fais, j’enlève le drap pour voir.
J’ai vu son visage, c’était un visage qui incarnait le mal et immédiatement dans la pièce, il y a eu des oiseaux comme si c’était des oiseaux qui était enfermés et qu’il fallait absolument qu’ils sortent parce qu’ils avaient une frayeur panique, c’était des oiseaux plus qu’affolés, c’était terrible ça. Alors là, qu’est ce que j’ai fait, je sais, je pourrais pas vous dire, j’ai fait mon boulot, je l’ai raccourci, mais je l’ai fait parce que j’étais payé pour ça, il faut rester honnête. Mais j’ai mis je ne sais pas combien de temps pour m’en remettre, quoi…
J. Ch.: alors nous allons… est-ce que vous pouvez nous dire… ce que vous faites actuellement, donc c’est seulement….c’est assez difficile en fait, c’est peut être même plus, la chose la plus difficile de votre carrière, non ? c’est pas.. parce que j’imagine que quand même bien que pour se rendre sur le lieu d’une catastrophe humanitaire pour…
Olivier Emphoux : comme je vous disais, je crois, je ne travaille plus en France, je suis plus en France à travailler, je dépends d’une entreprise qui, vous voyez… quelle heure il est ? je ne sais pas quelle heure il est, mon téléphone va sonner, parce qu’il est toujours allumé, on va m’appeler, on va me dire: « Olivier, tu sais il y a eu un truc qui s’est passé, il faut partir, donc où tu es, combien de temps il te faut ? » ça veut dire, tu as une valise ? tu la prends, tu as un billet qui t’attend à l’aéroport de Marignane Marseille. tu pars !
J. Ch.: vous devez vous tenir prêt comme beaucoup de gens…. beaucoup de gens dans le métier funéraire et dans d’autres métiers aussi, qui doivent, qui sont d’astreinte mais donc pour vous aussi, ça veut dire partir sur un lieu de catastrophe, c’est encore plus difficile ?!
Olivier Emphoux : hum….disons que…
J. Ch.: c’est pas votre idée apparemment, c’est mon opinion mais c’est pas votre idée…
Olivier Emphoux : faut pas voir ça comme ça sinon… ça veut dire, il faut déjà vous arracher à votre quotidien, vous fait le départ si vous êtes marié, si vous avez des animaux, vous devez partir instantanément et vous êtes plongé dans un milieu que vous ne connaissez pas, vous n’en connaissez pas les aboutissements, je parle sociaux, les comportements de personnes, les coutumes, les mœurs, vous savez juste si c’est un pays en état de guerre ou pas, à partir de là on fait le job pourquoi vous êtes payé, mais c’est pas de temps en temps sortir la photo, larmoyer: « ah, tu me manques, tu me manques ! » Non ! vous devez faire abstraction de beaucoup de choses et vous faites le travail. C’est aussi simple que ça. Alors les morts de masse, est ce que ça vous choque, non… je vois pas très bien en quoi ça peut choquer, enfin je dis ça, mais je connais certaine personnes qui supporteraient pas.
J. Ch.: votre première mission c’était à Haïti, oui, vous nous le racontez assez longuement dans notre ouvrage » entre mes mains », c’était assez éprouvant, enfin…. c’est toujours mon idée, moi quand je découvre votre témoignage, mais c’est vrai que vous êtes confronté à un environnement qu’on ne connaît pas en Europe surtout dans le cadre d’une catastrophe, peut-être qu’Haïti aujourd’hui en dehors de la catastrophe, du séisme, c’est, voilà .. mais au moment de la catastrophe, c’était un environnement dangereux pour vous ?!
Olivier Emphoux : oui, Haïti c’était… il n’y avait plus personne, tout le monde était mort à Port au Prince, je veux dire, les infrastructures étaient anéanties… !
J. Ch.: tout le monde était mort, oui, effectivement, il y avait beaucoup de morts…
Olivier Emphoux : mais vous travaillez à ciel ouvert et donc vous avez une délinquance horrible.
J. Ch.: vous n’avez pas pu reconstituer les corps de toutes les personnes, vous avez eu une petite contribution mais pour vous c’était une grosse contribution, petite en nombre mais l’effet sans doute est immense.
Olivier Emphoux : voilà, vous avez une obligation de résultat là, c’est à dire que vous avez des personnes à retrouver, il faut les retrouver où que vous soyez et avec… et vous faites le processus que vous vous dites. Haïti, les avions, c’était fini tout ça, c’était…déjà, c’est un pays qui est dangereux à la base, tout se fait par route, par 4X4 .Il faut savoir que il y a des prisons à Haiti et les prisons sont dures, les gens qui y sont, sont des criminels, ce sont des types dangereux, et la plus grande des prisons étaient éventrée et tout le monde était parti !! je les comprends, la prison n’a jamais été la panacée de certaines personnes…. et comme c’est des criminels de droit très dur, très dur, des violeurs, des assassins…
J. Ch.: mais vous êtes vraiment courageux pour aller faire votre travail dans ce milieu où savez que les criminels sont en liberté parce que la prison est détruite !….
Olivier Emphoux : ça tout le monde sait que c’est des gens qui étaient… y en avait cinq- six mille qui s’étaient échappé, qui étaient au niveau de Port au Prince principalement et sur la périphérie, jusqu’à la frontière de la République Dominicaine et haïtienne parce que, pour aller à Haiti il n’y a que la route, vous n’arriviez pas en avion, c’est impossible, il n’y avait que l’armée américaine, qui était là pour gérer l’espace aérien, et vous n’aviez pas d’avion, donc il faut arriver à terme pour ça, c’est vrai que le milieu était hostile…
J. Ch.: et quand vous arriviez sur le lieu où vous deviez travailler sur les personnes décédées, est ce que vous aviez une perception énergétique, on va dire, de ce qui se passait là, c’est à dire pour les personnes qui étaient décédées dans ces conditions du séisme, donc par surprise ?
Olivier Emphoux : vous avez raison de noter ça parce qu’en fait, ça a été une partie de mon évolution, en fait j’ai découvert que j’avais cette possibilité, que je ne le savais pas, bon. Lorsque quelqu’un meurt de mort naturelle, vous avez le processus, l’âme qui s’en va, tout ça, bon….mais lorsqu’elle meurt de mort, génocide de masse, l’âme ou la conscience reste bloquée dans le côté géographique la terre. C’est à dire que à Haïti, frontière haïtienne/République Dominicaine, qu’est ce qui s’est passé ? il y a un lac, les gens disent le « lac des massacrés, juste à la frontière, vous y allez, bon, je sais que vous allez pas y aller, … mais vous y allez et ce lac était rempli de sang… pourquoi ?
Parce que certaines personnes, je ne veux pas dire la nationalité, ont tué des haïtiens à l’arme blanche et le lac était rempli de sang et quand je suis arrivé en le 4X4, parce que je faisais plusieurs fois le trajet, des dizaines et dizaines de fois, avant d’arriver à cet espace, je sentais dans l’air quelque chose qui bruissait, vous savez la pression atmosphérique. je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas et puis, plus je m’approchais de cet endroit, qui est précis quoi, qui est quand même géographiquement bien localisé je veux dire, je sentais des mouvements tourner, vous voyez… et puis je voyais des choses…
J. Ch.: et oui c’est à dire que probablement toutes les personnes qui étaient décédées donc dans ce lac, leur conscience ou leur âme reste à proximité, ils n’ont pas pu s’élever, ils sont restés là parce que personne n’a pu leur permettre ou les aider pour qu’ils s’élèvent donc c’est effectivement, ça doit représenter une énergie que vous avez perçue, énergie considérable puisque là, c’était un décès de masse.
Olivier Emphoux : exactement, ah oui c’est un décès de masse et ça s’est reproduit lorsque que j’arrivais à Port au Prince. On a eu, tout le monde a vu à la télé… alors la difficulté de Port au Prince, c’est ce que les rues étaient obstruées, les rues étaient obstrués donc il fallait avancer quelques fois ou pas mais vous êtes en milieu hostile et donc comme vous devez retrouver absolument ces gens, vous avez l’identité, il faut les retrouver !
Vous ne repartez pas sans pouvoir les retrouver, donc on fait abstraction de soi même, de ses peurs, si on en a seulement… je pense que les gens disent: « mais c’est inconscient de faire un truc pareil », mais écoutez, j’étais le seul français, qui fait partie de cette entreprise américaine. Pourquoi ? parce que d’une part j’ai le diplôme anglais, que les thanatopracteurs français ne l’ont pas, respectons la hiérarchie, même si je respecte les thanatos, comme vous dites, français et d’autre part, j’ai pu rentrer dans cette entreprise américaine qui m’a permis de… c’est pour ça que je dis: ce sont les anglais qui m’ont tout donné, les américains. La France m’a donné, euh,… oui, je suis né en France…
J. Ch.: le diplôme anglais vous a donné davantage de compétences…
Olivier Emphoux : oui davantage de compétences, ça m’a donné une ouverture que j’aurais pas eue parce que avec mon diplôme français, l’entreprise américaine ne m’aurait jamais pris quoi, ils prennent pas les français, même s’il y a des accidents, type ou femme thanatopracteur ou thanatopractrices, vous voyez, en 30 ans je sais toujours pas si on dit thanatopracteur ou trice ! bon, peu importe, donc je peux vous dire que avec un diplôme français, j’aurais jamais eu accès… mais vous voyez, il faut toujours aller au bout de ses rêves, de ses pensées.
J. Ch.: bien, écoutez je crois qu’on va pouvoir s’arrêter là, notre interview a duré un peu plus longtemps que prévu mais c’est pas grave, les personnes qui nous regardent seront certainement ravies d’avoir fait connaissance avec vous.
Olivier Emphoux : merci, c’est moi qui vous remercie, tout est positif là ! C’est beau !
J. Ch.: et donc nous vous invitons à aller voir ce fameux film Thanatos – L’ultime passage, un très beau film de Pierre Barnérias, avec entre autre Olivier Emphoux…
Olivier Emphoux : un des intervenants parmi les nombreux qui ont autant de choses à apporter que moi-même.
Merci de nous avoir suivis, voilà c’est la fin de cette interview. Si l’interview vous a plu, mettez un pouce bleu, si vous n’êtes pas encore abonné, profitez-en pour le faire tout de suite sur le bouton prévu pour cela et à très bientôt sur Au delà de mourir !!
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