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À Cannes, Jean-Louis S. arrive un ou deux jours après moi. Il prend possession de sa chambre, dans laquelle il ne mettra pas les pieds, comme à chaque tournoi que l’on organise ensemble. Il me rejoindra dans la mienne. Notre liaison est désormais un secret de polichinelle. Pour autant, on continue de se cacher. Après avoir déposé sa valise, il me retrouve pour déjeuner, dans le jardin d'hiver art déco du Carlton Intercontinental :
- Putain cette chambre, c’est un placard ! ils se moquent de moi ! peste-t-il, Wayfarer sur le nez, mocassins qui résonnent sur le marbre, et on va encore se taper un croque-monsieur même pas cuit pour cinquante balles !
L’après-midi, nous devons la consacrer à vérifier l’organisation du tournoi, la Carlton Golf Cup. Retrouver Philippe L., inspecter les parcours, l’aménagement du club-house, la bonne réception des lots et récompenses, des bijoux des sponsors à exposer dans leurs vitrines sécurisées, l’accueil dans les hôtels, les traiteurs, les dîners, les cocktails.
Jean-Louis S. s’installe en maugréant, sans me regarder, et prononce très vite :
- Elsa, il faut que je te dise...
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Dans la vie, il existe toujours un moment de bascule irréversible. Qui signe un avant et un après. Même s'il s'accompagne d'indices annonciateurs, il surgit à l'improviste, dans un contexte qui ne s'y prête pas, tout est décalé, la réalité déformée. Tout bascule. Demain ne sera pas comme on l'avait imaginé et il est vain de résister. Facile à dire des années après.
Avec le recul, la décision que vous avez prise, vos choix dans l'instant ont-ils été bénéfiques, cette bifurcation s'est-elle révélée positive ?
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