Philippe Beaumier est le Directeur Aéronautique Civile de l’ONERA. Il est entré à l’ONERA en 1990 avec pour ambition : exercer un métier stimulant intellectuellement, mais en même temps, tourné vers des problématiques concrètes. A l’ONERA, pont entre la recherche et l’industrie, il mène des travaux de recherche appliquée. Il « tombe dans la marmite hélicoptères », dont il ne ressortira plus, ayant ainsi l’opportunité de travailler sur un des plus beaux chantiers du domaine, la pale Blue Edge.
Toutes les grandes industries s’engagent dans le développement d’une approche globale pour réduire l’empreinte environnementale. Qu’en est-il de l’ONERA ?
"L‘ONERA en tant que centre de recherche et partenaire majeur du secteur aéronautique est pleinement dans cette démarche. La réduction de l’empreinte environnementale est au cœur de nos recherches. Soit dans une approche incrémentale, c’est-à-dire qu’on poursuit ce qu’on a fait depuis des dizaines d’années, pour réduire la consommation des avions, en jouant sur l’avion, en jouant sur les performances des moteurs, sur l’intégration motrices, c’est-à-dire la façon dont le moteur est intégré à l’avion. Mais aussi en imaginant des ruptures. Aujourd’hui, les ruptures telles qu’on les voit, sont des ruptures relatives aux sources d’énergie. Le kérosène qui est utilisé dans les avions, il est efficace, mais il produit beaucoup de gaz à effet de serre, le CO2 en particulier. On s’est fixé comme objectif à l’horizon 2050, de réduire de moitié les émissions de CO2 d’aviation par rapport à 2005. Ce qui est un vrai challenge compte tenu du fait que le trafic aérien va triplé d’ici 2050. Il faut donc envisager plusieurs voies pour atteindre cet objectif ambitieux. Une première voie, c’est celle de l’utilisation des carburants alternatifs ou bien des biocarburants ou les carburants de synthèse. On reste dans des carburants qui produisent du CO2, mais on n’utilise pas de l’énergie fossile. Ensuite, il y a une deuxième voie, qui est de changer complètement de paradigme. Là, on s’oriente ou bien vers l’avion électrique ou plus électrique, ce qu’on appelle l’avion hybride, ou de l’hybridation thermique électrique, cela est une vraie révolution.
Une deuxième révolution qui pourrait avoir lieu, peut-être à un horizon un peu plus lointain, c’est d’utiliser d’autres combustibles comme l’hydrogène qui permettrait de décarboner complètement l’aviation puisque lorsqu’on fait brûler de l’hydrogène au final qu’est-ce qu’on obtient ? On obtient de la vapeur d’eau, qui peut poser d’autres problèmes. Notamment par rapport aux traînées de condensation qui ont aussi un impact climatique et qui est important d’étudier. Tout ceci va avoir un impact non négligeable sur les configurations des avions parce que si on change les sources d’énergie, on va changer les moteurs, on va changer plein de choses et donc la forme des avions telle qu’elle est aujourd’hui, va être amenée à changer de façon significative pour atteindre cet objectif de réduction de l’empreinte environnementale. On est donc à un tournant, c’est extrêmement motivant pour toutes les personnes qui sont dans ces études et recherches dans le domaine aéronautique."
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