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L’économie régénérative constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés et de notre planète. Au-delà des concepts théoriques, cette approche commence à prendre racine dans les territoires français. Elle est portée par des entrepreneurs et des entreprises engagées. Navi Radjou, expert en innovation frugale et auteur de référence sur l’économie Jugaad, nous livre sa vision optimiste de cette transformation économique. Fort de son expérience de treize années dans la Silicon Valley et de ses deux années passées à parcourir la France, il nous dévoile comment l’économie régénérative s’épanouit déjà dans nos régions. L’enthousiame de Navi est toujours aussi communicatif, mais son discours courageux, et à l’abri des caricatures des deux bords, sur la « troisième voie », mériterait qu’on l’écoute un peu plus.
Une économie frugale se base sur trois piliers : la coopération, la distribution et la régénération. La régénération, c’est la version avancée du développement durable. Les entreprises cherchent à faire mieux avec moins, créer un impact positif sur la société et l’environnement, tout en minimisant leur empreinte carbone.
Une entreprise durable cherche à réduire son empreinte carbone en décarbonant sa chaîne de valeur et en recyclant ses déchets. Une entreprise régénérative va au-delà : elle améliore la santé et la vitalité des individus, des territoires et de la planète. Ce n’est pas contradictoire, c’est complémentaire. L’objectif n’est plus seulement de faire moins de mal, mais de faire plus de bien.
On vient d’apprendre que la septième limite planétaire a été dépassée avec l’acidification des océans. Mais personnellement, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les inégalités grandissantes. En France, le taux de pauvreté excède 15 %. Avec l’IA et les nouvelles technologies, il faut intégrer la population active en la formant aux nouveaux métiers.
Si nous n’agissons pas, cela pourrait conduire à un gouvernement qui ferait un bond en arrière vers une ère industrielle où tout serait permis.
Décathlon a ouvert un magasin à Saint-Jouan-des-Guérets qui régénère la biodiversité locale en créant un habitat naturel pour la faune et la flore endémique. C’est du biomimétisme : le magasin offre des services écosystémiques comme le fait la nature.
Dans la Nièvre, deux entrepreneurs ont fondé Losanje pour industrialiser l’upcycling de vêtements usagés. Ce département peu dense démographiquement et confronté au chômage peut ainsi se régénérer économiquement. Cela illustre ma notion de « trip-régénération » : régénérer simultanément les individus, les communautés et la planète.
Il faut s’inspirer du Crédit Agricole et de ses 39 caisses régionales qui ont un mandat explicite de régénération territoriale. Elles ont des KPI précis pour mesurer leur contribution au bien-être des clients, à la restauration du tissu économique et à l’impact sur la biodiversité locale.
Sans facteurs de performance (KPI) explicites au niveau régional, on ne peut pas changer la donne.
Le changement se fait graduellement, par la pratique. Prenons l’exemple du partage de ressources. Les entreprises commencent par partager leurs déchets dans des parcs éco-industriels, comme en Moselle où une dizaine d’entreprises valorisent ensemble leurs déchets en employant des personnes en difficulté.
Progressivement, elles gagnent en confiance et peuvent partager des ressources intangibles : employés, propriété intellectuelle. C’est « l’apprendre en faisant » : expérimenter à petite échelle avant d’oser plus grand.
Il existe un malentendu sur l’incompatibilité entre croissance et régénération. Mon livre propose une troisième voie entre décroissance et hypercroissance. Les deux extrêmes sont délétères. La décroissance est injuste : l’Inde doit améliorer le niveau de vie d’un milliard d’habitants. En France, de nombreux territoires désindustrialisés ont besoin de régénération économique.
Le problème n’est pas la croissance en soi, mais sa mauvaise distribution. Je prône une économie distribuée où chacun peut contribuer à la croissance et en partager les fruits, plutôt qu’une simple redistribution.
Je ne crois pas que la taxe Zucman résolve les problèmes. La redistribution consiste à prendre aux uns pour donner aux autres. Je préfère une économie distribuée qui crée des opportunités pour tous, notamment par la reconversion professionnelle des territoires désindustrialisés vers l’énergie renouvelable ou l’agriculture régénérative.
L’objectif est d’éviter une France élitiste où une poignée accapare les technologies sans que l’économie profite à tous.
La notion d’abondance de Peter Diamandis prône une société sans rareté grâce aux technologies. Je n’y crois pas. Mais l’abondance des démocrates américains a du sens : donner accès aux soins, au logement, aux infrastructures décentes, notamment en zones rurales.
L’abondance, ce n’est pas avoir deux maisons, mais pouvoir en acheter une et accéder à des soins de qualité. Créer un sentiment de dignité quand 160 millions d’Américains ont des difficultés financières.
L’Europe recèle de nombreuses pépites déjà engagées dans la régénération. Le danger, c’est le « green-hushing » : nous sommes trop modestes. Plus de 40 % des entreprises européennes sont engagées dans cette voie. Nous construisons des économies frugales au niveau territorial, comme en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie.
J’ai collaboré avec le magazine We Demain pour un hors-série d’octobre 2025 présentant 140 projets de régénération territoriale. La France peut devenir la référence européenne de cette bifurcation économique.
L’esprit jugaad est intégré dans les entreprises françaises. Chez Aramis, qui reconditionne des voitures, ils utilisent l’impression 3D pour créer des accessoires en interne et ont développé une appli de recherche par mensualité en deux heures grâce à l’IA, au lieu de plusieurs semaines.
Avec la crise de la dette publique, j’espère que le gouvernement pratiquera aussi le jugaad pour faire mieux avec moins.
Absolument ! Dans les territoires français, l’économie frugale est déjà une réalité. Si vous êtes parisien, sortez de Paris et passez quelques mois en région pour vous en inspirer. C’est là que se joue la régénération de la France. Vous découvrirez que l’économie régénérative est concrète et enthousiasmante.
Cette interview révèle une réalité encourageante : l’économie régénérative prend racine dans nos territoires. De la Nièvre à Saint-Malo, des entreprises innovent pour régénérer individus, communautés et environnement.
L’approche de Navi Radjou privilégie une croissance distribuée plutôt qu’une redistribution, offrant une perspective pragmatique pour réduire les inégalités. Son optimisme, forgé par l’immersion territoriale, nous invite à regarder au-delà des métropoles pour découvrir les initiatives qui dessinent notre avenir économique. L’économie régénérative apparaît comme une réponse concrète aux défis contemporains, un message d’espoir qui nous encourage à repenser croissance et développement.
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By Visionary MarketingL’économie régénérative constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés et de notre planète. Au-delà des concepts théoriques, cette approche commence à prendre racine dans les territoires français. Elle est portée par des entrepreneurs et des entreprises engagées. Navi Radjou, expert en innovation frugale et auteur de référence sur l’économie Jugaad, nous livre sa vision optimiste de cette transformation économique. Fort de son expérience de treize années dans la Silicon Valley et de ses deux années passées à parcourir la France, il nous dévoile comment l’économie régénérative s’épanouit déjà dans nos régions. L’enthousiame de Navi est toujours aussi communicatif, mais son discours courageux, et à l’abri des caricatures des deux bords, sur la « troisième voie », mériterait qu’on l’écoute un peu plus.
Une économie frugale se base sur trois piliers : la coopération, la distribution et la régénération. La régénération, c’est la version avancée du développement durable. Les entreprises cherchent à faire mieux avec moins, créer un impact positif sur la société et l’environnement, tout en minimisant leur empreinte carbone.
Une entreprise durable cherche à réduire son empreinte carbone en décarbonant sa chaîne de valeur et en recyclant ses déchets. Une entreprise régénérative va au-delà : elle améliore la santé et la vitalité des individus, des territoires et de la planète. Ce n’est pas contradictoire, c’est complémentaire. L’objectif n’est plus seulement de faire moins de mal, mais de faire plus de bien.
On vient d’apprendre que la septième limite planétaire a été dépassée avec l’acidification des océans. Mais personnellement, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les inégalités grandissantes. En France, le taux de pauvreté excède 15 %. Avec l’IA et les nouvelles technologies, il faut intégrer la population active en la formant aux nouveaux métiers.
Si nous n’agissons pas, cela pourrait conduire à un gouvernement qui ferait un bond en arrière vers une ère industrielle où tout serait permis.
Décathlon a ouvert un magasin à Saint-Jouan-des-Guérets qui régénère la biodiversité locale en créant un habitat naturel pour la faune et la flore endémique. C’est du biomimétisme : le magasin offre des services écosystémiques comme le fait la nature.
Dans la Nièvre, deux entrepreneurs ont fondé Losanje pour industrialiser l’upcycling de vêtements usagés. Ce département peu dense démographiquement et confronté au chômage peut ainsi se régénérer économiquement. Cela illustre ma notion de « trip-régénération » : régénérer simultanément les individus, les communautés et la planète.
Il faut s’inspirer du Crédit Agricole et de ses 39 caisses régionales qui ont un mandat explicite de régénération territoriale. Elles ont des KPI précis pour mesurer leur contribution au bien-être des clients, à la restauration du tissu économique et à l’impact sur la biodiversité locale.
Sans facteurs de performance (KPI) explicites au niveau régional, on ne peut pas changer la donne.
Le changement se fait graduellement, par la pratique. Prenons l’exemple du partage de ressources. Les entreprises commencent par partager leurs déchets dans des parcs éco-industriels, comme en Moselle où une dizaine d’entreprises valorisent ensemble leurs déchets en employant des personnes en difficulté.
Progressivement, elles gagnent en confiance et peuvent partager des ressources intangibles : employés, propriété intellectuelle. C’est « l’apprendre en faisant » : expérimenter à petite échelle avant d’oser plus grand.
Il existe un malentendu sur l’incompatibilité entre croissance et régénération. Mon livre propose une troisième voie entre décroissance et hypercroissance. Les deux extrêmes sont délétères. La décroissance est injuste : l’Inde doit améliorer le niveau de vie d’un milliard d’habitants. En France, de nombreux territoires désindustrialisés ont besoin de régénération économique.
Le problème n’est pas la croissance en soi, mais sa mauvaise distribution. Je prône une économie distribuée où chacun peut contribuer à la croissance et en partager les fruits, plutôt qu’une simple redistribution.
Je ne crois pas que la taxe Zucman résolve les problèmes. La redistribution consiste à prendre aux uns pour donner aux autres. Je préfère une économie distribuée qui crée des opportunités pour tous, notamment par la reconversion professionnelle des territoires désindustrialisés vers l’énergie renouvelable ou l’agriculture régénérative.
L’objectif est d’éviter une France élitiste où une poignée accapare les technologies sans que l’économie profite à tous.
La notion d’abondance de Peter Diamandis prône une société sans rareté grâce aux technologies. Je n’y crois pas. Mais l’abondance des démocrates américains a du sens : donner accès aux soins, au logement, aux infrastructures décentes, notamment en zones rurales.
L’abondance, ce n’est pas avoir deux maisons, mais pouvoir en acheter une et accéder à des soins de qualité. Créer un sentiment de dignité quand 160 millions d’Américains ont des difficultés financières.
L’Europe recèle de nombreuses pépites déjà engagées dans la régénération. Le danger, c’est le « green-hushing » : nous sommes trop modestes. Plus de 40 % des entreprises européennes sont engagées dans cette voie. Nous construisons des économies frugales au niveau territorial, comme en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie.
J’ai collaboré avec le magazine We Demain pour un hors-série d’octobre 2025 présentant 140 projets de régénération territoriale. La France peut devenir la référence européenne de cette bifurcation économique.
L’esprit jugaad est intégré dans les entreprises françaises. Chez Aramis, qui reconditionne des voitures, ils utilisent l’impression 3D pour créer des accessoires en interne et ont développé une appli de recherche par mensualité en deux heures grâce à l’IA, au lieu de plusieurs semaines.
Avec la crise de la dette publique, j’espère que le gouvernement pratiquera aussi le jugaad pour faire mieux avec moins.
Absolument ! Dans les territoires français, l’économie frugale est déjà une réalité. Si vous êtes parisien, sortez de Paris et passez quelques mois en région pour vous en inspirer. C’est là que se joue la régénération de la France. Vous découvrirez que l’économie régénérative est concrète et enthousiasmante.
Cette interview révèle une réalité encourageante : l’économie régénérative prend racine dans nos territoires. De la Nièvre à Saint-Malo, des entreprises innovent pour régénérer individus, communautés et environnement.
L’approche de Navi Radjou privilégie une croissance distribuée plutôt qu’une redistribution, offrant une perspective pragmatique pour réduire les inégalités. Son optimisme, forgé par l’immersion territoriale, nous invite à regarder au-delà des métropoles pour découvrir les initiatives qui dessinent notre avenir économique. L’économie régénérative apparaît comme une réponse concrète aux défis contemporains, un message d’espoir qui nous encourage à repenser croissance et développement.
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