Une affaire hors normes. Enquête ultra-médiatique qui tient la France en haleine depuis maintenant deux ans, les investigations sur la mort du petit Émile sont dans l'attente de cet élément qui pourrait faire basculer le dossier. Dans ce quatrième et dernier épisode de notre podcast Émile, l'ancien membre de la division des affaires non élucidées de la gendarmerie nationale, Olivier Le Gall, 55 ans, revient sur ces deux années d'enquête.

Comment reprendrait-il cette affaire ? Quel témoin, quel élément de preuve réinterrogerait-il ? Que ferait-il différemment par rapport à la quinzaine d'enquêteurs qui travaillent quotidiennement sur ce dossier depuis deux ans ? Durant cet entretien, il expose ses méthodes d'enquêteur en tant qu'expert des cold cases.

Ne rien laisser au hasard

Dans un premier temps, il raconte comment il retravaillerait les éléments de l'enquête, en réinterrogeant chaque procès-verbal. Il détaille, par exemple, les battues, l'un des premiers temps des investigations. Et si la clé de l'affaire s'y cachait ? "Il faut réinterroger chacun des participants", glisse-t-il.

Méticuleux, il ne veut rien laisser au hasard car c'est peut-être dans un détail que se trouve la réponse à l'énigme de la disparition. "On va réentendre les gens parce que, parfois, on s'aperçoit que ce qu'ils racontent n'est pas très clair, ajoute-t-il. Finalement, leur emploi du temps n'est pas bien défini. Il y a des choses qu'ils auraient pu dire et qu'ils n'ont pas dit. Cela peut aussi être l'audition qui a été tout simplement mal prise."

Autre aspect qui pourrait, peut-être, permettre de résoudre l'enquête : le travail "en rapprochement". "On va essayer de voir s'il n'y a pas d'autres affaires qui pourraient être mises en rapprochement avec ce qui a pu se passer pour le petit Émile, poursuit-il. Donc, on va tomber sur une série de dossiers et reprendre chaque PV pour regarder s'ils n'ont pas des éléments communs."

Vers un cold case ?

Olivier Le Gall livre, ensuite, son regard sur cette affaire. Deux ans après le début de l'enquête, elle semble virer au casse-tête pour la quinzaine d'enquêteurs qui travaillent quotidiennement dessus. Selon lui, celle-ci pourrait "très bien arriver au pôle cold case de Nanterre", car elle dépasse le délai légal de 18 mois pour pouvoir l'intégrer. Toutefois, "l'aspect médiatique" de l'affaire tempère cette possibilité, assure-t-il. "Ce sera au parquet d'estimer s'il y a une plus-value à ce que le dossier aille à Nanterre, voire dans un autre service de police ou de gendarmerie."

Enfin, selon lui, la clé de l'affaire se trouve sans doute dans un détail, un élément "technique ou scientifique". Cela pourrait également venir "d'un aveu". Que ce soit l'un ou l'autre, c'est en tout cas "le travail de terrain qui va être prédominant", conclut-il.

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Émile est un podcast original La Provence. 

Écrit et raconté par : Éric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.

Habillage et mixage : Aurore Le Bihan et Sylvain Paley.

Rédaction en chef : Aurélie Rossignol.

Directeur de la rédaction : Olivier Biscaye.

Avec la participation du service Documentation.

Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Dans ce troisième épisode du podcast Émile, découvrez la troisième piste explorée par les enquêteurs dans la disparition du petit garçon de 2 ans et demi dans le hameau du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence le 8 juillet 2023. Envisagée depuis le début de l’enquête, l'hypothèse familiale, menée dans le plus grand des secrets, conduit les gendarmes à placer quatre membres de la famille du petit Émile en garde à vue.

Dès le début des investigations, dès le signalement de la disparition d'Émile Soleil, les enquêteurs gardent en tête que la disparition de l’enfant pourrait résulter de l’implication d’un ou plusieurs membres de la famille. "Dans un travail d'enquête, il faut examiner la totalité du spectre et des hypothèses, assure David Galtier, ancien directeur de la police judiciaire de la gendarmerie. Sans être dépourvu d'humanité, l'enquêteur doit pouvoir travailler sur l'hypothèse qui est la plus sensible et qui consiste à imaginer qu'un proche aurait pu commettre là aussi soit de façon accidentelle, soit de façon directe, l'irréparable.”

D'abord dans une phase d'observation du comportement des grands-parents, oncles et tantes du petit garçon qui étaient présents sur les lieux de la disparition, les gendarmes vont ensuite mener des recherches sur leur passé pour tenter de trouver des éléments pouvant faire avancer l'enquête. Un des personnages clés de cette affaire apparaît alors dans leur viseur : Philippe Vedovini, le grand-père d'Émile.

Dernière personne officiellement en contact avec le garçon avant sa disparition, l'homme de 59 ans intrigue également les enquêteurs en raison de son passé trouble. Quelques années plus tôt, en 2018, il a été placé sous le statut de témoin assisté dans une ancienne affaire de violences sur mineurs au sein de la communauté religieuse de Riaumont, dans le Pas-de-Calais. Ces suspicions, ces éléments troublants à charge contre Philippe Vedovini, s'ils constituent des éléments d'enquête, ne sont en aucun cas des preuves concrètes de sa quelconque implication dans la disparition de son petit-fils.

Début 2025, après des mois d'enquête sans avancée majeure, un faisceau d'éléments vont conduire les enquêteurs à passer à l'action et à placer Philippe Vedovini, son épouse Anne, et deux de leurs enfants majeurs en garde-à-vue pour "homicide volontaire" et "recel de cadavres". Dans le même temps, leurs autres enfants mineurs présents dans la maison familiale du Haut-Vernet sont entendus en audition libre. Un coup de poker de la part des gendarmes qui espèrent ainsi résoudre l'énigme de l'affaire Émile.

Malgré les efforts des enquêteurs, malgré les tentatives de persuasion, les auditions n’aboutissent à aucune mise en examen et 48h après le début des garde-à-vue, les quatre membres de la famille sont libérés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Plus d’un an et demi après la disparition du petit garçon, l’enquête semble de nouveau au point mort.

Malgré la fin des garde-à-vue, la piste familiale n’est cependant pas fermée, comme l’explique le procureur de la République Jean-Luc Blachon en conférence de presse le 27 mars 2025. "Aujourd'hui, il y a une phase qui se termine concernant cette piste mais cela ne veut pas dire qu'elle se termine définitivement. Il peut survenir au cours des investigations futures des éléments complémentaires nouveaux qui sont susceptibles de la prolonger."

Affaire ultra médiatique qui tient la France en haleine depuis maintenant deux ans, l’enquête sur la mort du petit Émile est donc dans l’attente de cet élément qui pourrait faire basculer les investigations. Pour les gendarmes, plane aussi le risque que l'affaire ne trouve pas d’issue et se transforme en cold case. Dans ce cas, dans le cas d’affaires qui semblent insolubles, comment reprendre l’affaire ? Comment réinterroger les preuves ? Comment trouver cet élément sur lequel les enquêteurs sont peut-être passés à côté. Pour le savoir, nous avons interrogé un spécialiste des crimes non résolus, l’ancien officier de la police judiciaire, Olivier Le Gall. Une interview exclusive à découvrir dans le dernier épisode d’Émile.

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Dans la foulée de la disparition d’Émile Soleil, 2 ans et demi, le samedi 8 juillet dans le hameau du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, les gendarmes sont engagés dans une course contre la montre pour retrouver sa trace. Mais après plusieurs jours de recherches intensives et d'importants moyens déployés sur le terrain, le garçon reste introuvable. "À partir de là, les enquêteurs sont obligés d'envisager d'autres hypothèses", assure Jacques Dallest, ancien procureur de la République.

Émile a-t-il été kidnappé ? A-t-il été victime d'un accident ? A-t-il été la proie d'un prédateur ? Au fil des jours, les présomptions les plus terrifiantes émergent. Le 28 juillet 2023, deux semaines après la disparition, le parquet d'Aix-en-Provence requalifie l'affaire pour des faits “d'enlèvement, arrestation, détention, et séquestration arbitraires sur mineur”. L'enquête change alors de braquet et devient criminelle.

Face à l'absence d'éléments déterminants, les gendarmes adoptent alors une méthode d'investigation structurée et progressive : la technique dite du colimaçon. Dans un rayon de 20 km autour de la maison des grands-parents, le dernier endroit où a été vu le petit garçon, toutes les personnes deviennent des suspects potentiels, à commencer par les plus proches voisins.

Après seulement quelques semaines, dans le premier cercle de suspects potentiels, deux premières pistes intriguent les enquêteurs. Après vérification, celles-ci ne donnent finalement rien et les gendarmes poursuivent leurs recherches et, toujours en suivant la méthode en colimaçon, vont élargir leurs investigations.

Décision est alors prise de procéder à l'identification de tous les numéros de téléphone qui ont borné dans le secteur du Haut-Vernet le jour de la disparition. "Il faut ensuite vérifier qu'il y ait un lien soit avec une audition, soit avec le repérage d'un véhicule, soit parce que ce numéro va apparaître à plusieurs reprises à proximité du lieu de la disparition de l'enfant", détaille l'ancien chef de section de recherche, le général David Galtier.

Début novembre 2023, trois mois après la disparition, une trentaine de perquisitions sont menées à travers six départements, sans que cela n'apporte d'éléments significatifs. L'affaire du Haut-Vernet tourne alors au véritable casse-tête.

Dès lors, plus aucun scénario ne doit être écarté, pas même le pire. L'hypothèse du prédateur sexuel qui serait passé sous les radars et n'aurait laissé aucune trace de son passage est ainsi étudiée par les enquêteurs. "Pour identifier ces personnes, il faut s'intéresser aux fichiers des auteurs d'infractions sexuelles et, une fois qu'on les a identifiées, savoir quels étaient leurs faits et gestes au moment de la disparition", précise Jacques Dallest.

En septembre 2024, plusieurs mois après la découverte du crâne du petit Émile, les premiers résultats des analyses médico-légale rebattent les cartes de l'enquête. Deux ADN étrangers à l'enfant et à la famille sont trouvés. Ces résultats renforcent l'hypothèse de la piste criminelle. Problème : ces deux ADN sont fragmentés, abîmés et ne permettent pas aux enquêteurs d'identifier de quelconque suspect.

Les gendarmes espèrent que les résultats définitifs des analyses apporteront de nouveaux éléments pour faire avancer l'enquête. Le 27 mars 2025, le compte-rendu définitif des expertises fait l'effet d'une bombe et confirme la piste criminelle.

Qui a bien pu s'en prendre à cet enfant de 2 ans et demi ? Est-ce un voisin, une personne de passage, un prédateur ? À moins que la vérité soit ailleurs, au plus proche du petit garçon. Une troisième piste à découvrir dans le prochain épisode d’Émile.

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8 juillet 2023. 18h12. Anne Vedovini, appelle les gendarmes et signale la disparition de son petit-fils, Émile Soleil, âgé de 2 ans et demi. Engagés dans une course contre la montre, les enquêteurs se mettent tout de suite en action pour tenter de retrouver l'enfant le plus rapidement possible. "S'il est blessé, s'il a chuté, il faut aller très vite puisque la nuit peut arriver”, appuie Jacques Dallest, ancien procureur de la République.

Environ 30 minutes après le coup de téléphone, les premiers gendarmes arrivent sur place et commencent d'emblée les recherches. "Tout de suite, il faut baliser le territoire et mettre un quadrillage en place, précise le général David Galtier, ancien directeur de la police judiciaire de la gendarmerie. Généralement, il prend la forme d'un quadrilatère qui peut faire jusqu'à six kilomètres autour du dernier endroit où il a été aperçu, en l'occurrence la maison des grands-parents. Et, à partir de là, les gendarmes vont tourner en suivant la technique de l'escargot."

Autre paramètre à prendre en compte pour les enquêteurs sur le terrain : la topographie des lieux. "Le hameau est entouré de champs et de sous-bois, et le relief est très pentu, décrit Laurent Blanchard, journaliste au service Reportages de La Provence. Les alentours sont traversés par des sentiers, dont un principal qui part du rond-point central du village et se dirige vers la nature environnante. Ce fameux sentier, ensuite, se répartit en deux, une partie montante et une descendante, où se concentrent alors les recherches."

En plus des gendarmes et des sapeurs-pompiers, un hélicoptère, des drones équipés de caméras thermiques ainsi que des chiens spécialisés dans la recherche de personnes disparues sont déployés sur place. D'importants moyens auxquels s'ajoutent spontanément plusieurs habitants du village et des proches environs. Rapidement, le dispositif porte ses fruits : l'un des chiens de la gendarmerie marque au niveau du lavoir du village, situé à une vingtaine de mètres de la maison familiale, au bas de la rue principale. À partir de là, ils perdent la trace du petit Émile. Les heures passent et toujours aucune trace du petit garçon.

Le lendemain de sa disparition, des centaines de citoyens rejoignent les équipes spécialisés sur place pour mener de nouvelles battues. Un nouvel indice est récolté par les gendarmes : deux témoins, deux voisins, affirment avoir aperçu l'enfant seul dans le hameau, une heure à peine avant l'annonce de sa disparition. Malgré ce nouvel élément et l'important dispositif sur le terrain, l'enfant reste introuvable.

Le lundi 10 juillet, les nouvelles battues ne donnent rien et, en fin de journée, elles s'arrêtent et l'enquête entre dans une nouvelle phase, plus technique. La piste de l'enfant égaré, jusque-là prioritaire pour les enquêteurs, prend alors du plomb dans l'aile. "Quand vous êtes sur un terrain escarpé, les recherches sont compliquées et c'est presque impossible de tout passer au peigne fin, centimètre carré par centimètre carré, surtout quand il s'agit de trouver un petit corps sans signes extérieurs visuels très évidents", tempère Jacques Dallest.

Huit mois après sa disparition, le 30 mars 2024, une découverte fait basculer l'enquête : au hasard d'une randonnée, au milieu d'un sentier, une habitante du Vernet tombe sur le crâne du petit Émile. Dans les jours suivants, des ossements et des vêtements lui appartenant sont également retrouvés dans la même zone. "Le premier réflexe, c'est de se dire que, durant leurs recherches opérationnelles, les enquêteurs sont passés à côté et n'ont pas retrouvé le corps, suggère David Galtier. On se dit alors que c'est finalement la thèse de l'enfant égaré qui est peut-être la bonne."

Le 27 mars 2025, soit un an presque jour pour jour après la découverte, le résultat des analyses de ces découvertes rebat les cartes. Celles-ci révèlent que le corps a été déplacé au moins deux fois, subi un traumatisme facial violent et que la disparition résulte d'une probable intervention d'un tiers.

Ces révélations font l'effet d'une bombe. Déjà fragile, la piste de l'enfant égaré est donc désormais quasiment abandonnée. Reste alors deux autres pistes pour les enquêteurs pour tenter de résoudre l'énigme de l'affaire Émile. Deux scénarios à découvrir dans les prochains épisodes de notre podcast.

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Au cœur du hameau isolé du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, la disparition du petit Émile, 2 ans et demi, bouleverse la France à l’été 2023.

Très vite, une enquête tentaculaire est lancée par les gendarmes, mobilisant hélicoptères, drones, chiens pisteurs et enquêteurs spécialisés. Face à l’absence de traces matérielles, les pistes s’éparpillent : accident, fugue, enlèvement, voire scénario criminel. Dans cette série documentaire originale La Provence, nous retraçons en quatre épisodes le fil de l’enquête et les rebondissements qui continuent de tenir le pays en haleine.

Dès le signalement de la disparition du petit garçon le 8 juillet 2023, les gendarmes s'engagent dans une course contre la montre. Des premières battues aux premières perquisitions et auditions, toutes les pistes sont étudiées, disséquées par les enquêteurs. Où se trouve Émile ? Comment le petit garçon a-t-il pu disparaître subitement ? Qu’a-t-il pu lui arriver ?

Un podcast inédit pour s'immerger totalement dans les coulisses de l'enquête. Une plongée captivante dans l’une des affaires les plus mystérieuses de ces dernières années, à écouter sur toutes les plateformes d'écoute.

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