« C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière ». Voilà ce qu’on peut lire dans le livre de la Genèse de la Bible. Un extrait du bestseller mondial encore révélateur de la vision du travail qu’ont, ou qu’avaient, les sociétés occidentales : un devoir moral. La fourmi a toujours été mieux perçue que la cigale oisive ; même si dans le langage courant, le terme « oisiveté » a progressivement laissé sa place à l’appellation « loisirs », dont Joffre Dumazedier prophétisait l’avènement dans les années 1960. Alors que le temps de travail diminue, le sociologue fait le constat d’une « sous-estimation théorique du loisir » par les intellectuels de l’époque qui gardent cette notion à distance de leurs systèmes de pensée. Pourtant, un effet de ciseau s’est produit entre d’une part, l’importance accordée au travail et d’autre part, l’attention aux loisirs, la carotte qui nous pousse à travailler (de moins en moins). L’homme ne s’accomplit plus dans son travail, mais en-dehors. Mais cette « civilisation des loisirs » qu’annonçait Joffre Dumazedier a-t-elle vraiment eu lieu ?