Alors que la stigmatisation envers les musulmans reprend dans le débat public, revenons avec l'historien Todd Shepard aux origines de ce réflexe construit par l'extrême-droite sur le fond de la décolonisation et de l'indépendance de l'Algérie.

"L’histoire de la décolonisation est importante pour comprendre le traitement public réservé à la figure du 'musulman' aujourd’hui en France et à tout ce qui lui est attaché — comme ces mots qui saturent le débat public: 'laïcité', 'communautarisme', 'séparatisme'." (Christophe Bertossi, directeur de l'Idem)

Todd Shepard montre en particulier que la construction par l'extrême-droite de la figure de l'homme arabe indésirable s'est aussi nourrie d'une "crise de la virilité" en lien avec la "nostalgérie" (la nostalgie de l’Algérie française et l’amertume politique de la défaite).

Cette histoire des sexualités permet de voir ce qui se joue alors: la reformulation de la tradition politique française dans sa relation avec la question algérienne et la fabrique de l’Arabe (surtout de l’Algérien) comme archétype de l’immigré dans la société française.

Le croisement du discours sur la "crise de la virilité" et de celui sur la "crise de la nation" résonne avec le présent. En témoigne l'obsession d'E. Zemmour pour la virilité qu'il relie au thème de la "reconquête" afin de contrer le supposé "grand remplacement".

Cette conférence a été donnée le 7 décembre 2022 en ouverture du cycle de rencontres des #MercredisdelaDemocratie. Il était temps de vous la livrer! Elle a été introduite par Christophe Bertossi, directeur de l'Idem, dont vous trouverez le texte sur notre site (https://institut-democratie.eu/2022/11/15/lhomme-arabe-au-musulman-indesirable-une-histoire-francaise-avec-todd-shepard-mercredi-7-decembre-2022-19h/)

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Site de l'Institut pour la démocratie : https://institut-democratie.eu/

La relation entre citoyenneté et police est au centre de l’organisation de toute société démocratique. Or, la réponse au mouvement social contre la réforme des retraites a mis en lumière de nombreux débordements violents. Le 24 mars 2023, le Conseil de l’Europe s’est inquiété d’un « usage excessif de la force » par la police, tandis que la Ligue des Droits de l’Homme a accusé la police et les autorités françaises de mettre « à mal le droit de contestation des citoyens en faisant un usage disproportionné et dangereux de la force publique ». Ces mises en garde s’ajoutent aux disputes, particulièrement politisées, sur la pertinence de la notion de « violences policières » pour décrire ces débordements.

Quelle forme et quel niveau de violence sont acceptables dans une démocratie ? À partir de quel moment la relation entre citoyenneté et police prend-elle le risque d’être rompue ? Assiste-t-on à une évolution de la doctrine française du maintien de l’ordre ? Enfin, l’histoire contemporaine a montré que les « émeutes urbaines » ont toujours eu des incidents avec la police comme élément déclencheur, en France comme ailleurs dans le monde. Les abus de contrôle au faciès sur les populations issues de l’immigration ou perçues comme telles ont été empiriquement démontrés et objectivement mesurés. Cela signifie-t-il que les quartiers populaires et immigrés ont été l’avant-garde d’une relation conflictuelle avec la police, qui serait désormais appelée à être généralisée à l’ensemble de la population ?

Pour répondre à ces questions, nous avons discuté avec Sébastian Roché, sociologue de la police et directeur de recherche au CNRS. Il est notamment l’auteur de La Nation inachevée : la jeunesse face à l’école et à la police (Paris, Grasset, 2022) et De la police en démocratie (Paris, Grasset, 2016).

Animation : Christophe Bertossi, directeur de l'Idem

Musique : Néon (Mathias Lévy, Camille Maussion, Pierre Tereygol, Éric Perez)

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