On croyait le débat régler, pour ne pas dire mort et enterré. Le printemps dernier, la mairesse Valérie Plante avait tranché en faveur des citoyens qui s'alarmaient chaque fois qu'un cheval de calèches se faisait blesser ou étaient victimes de la chaleur.
(Chris Romanyk/Facebook)
Elle mettait un trait sur cette pratique touristique plus que centenaire, et ce à partir du 31 décembre 2019. Pour justifier cette décision, la Ville a invoqué des lacunes qui touchent le bien-être des chevaux.
Si la mort d'un cheval du nom de Zeus dimanche après-midi, dans le Vieux-Montréal, alors qu'il tirait une calèche, conforte la mairesse dans sa décision d'interdire ce mode de transport, la scène de ce cheval à l'agonie, retransmise dans tout le pays, revient pourtant interpeller des citoyens qui souhaiteraient que l'interdiction se fasse plus rapidement.
La scène s'est produite devant des touristes qui visitaient une galerie d'art. On ignore pour l'instant la cause de la mort du cheval. Il tirait une calèche à bord de laquelle se trouvaient des clients lorsqu'il s'est mis à tousser et s'est effondré au sol. Il aurait semblé éprouver des problèmes respiratoires.
Christ Romanyk, qui habite dans la rue Saint-Jean, où Zeus est venu mourir, a raconté la scène à CBC News. « Même de notre appartement, vous pouviez entendre le cheval pleurer. C'était déchirant. Il hurlait de douleur. C'est vraiment difficile à décrire. C'était vraiment un son bouleversant », a-t-il dit. Il a fallu environ deux heures pour que le cheval meure, selon lui.
Mise en garde : le contenu de cette vidéo pourrait être difficile à regarder
Urgence d'agir ou précipitation à agir?
Luc Desparois, qui dirige une entreprise de calèche qui s'appelle Lucky Luc, dit qu'il pense que la mairesse Valérie Plante ne sait pas de quoi elle parle quand il s'agit de calèche. Photo : CBC
Cet incident est le dernier exemple dramatique de la raison pour laquelle les défenseurs des droits des animaux affirment que les calèches, bien que populaires auprès des touristes, doivent être retirées des rues de Montréal coûte que coûte.
Selon le propriétaire du cheval, Luc Desparois, le cheval d'attelage appartenant à son écurie Lucky Luc était pourtant bien soigné et apte au travail. L'animal était certes malade la semaine dernière, mais semblait aller mieux. Il affirme qu'il n'y a aucune preuve que l'industrie est trop dure pour les chevaux et qu'il n'est pas rare qu'un animal tombe raide mort
« Ils n'ont aucune preuve vétérinaire, aucune preuve logique nulle part, qui confirme qu'il est trop difficile pour un cheval de tirer une calèche », a déclaré M. Desparois, qui a 25 ans d'expérience dans l'industrie.
Entre-temps, la mairesse de Montréal se dit plus déterminée que jamais à interdire cette industrie d'ici 2020. « Ça me confirme la nécessité de mettre fin à l’industrie de la calèche », a-t-elle dit. Mais elle ne croit pas cependant possible d'accélérer le calendrier du retrait des calèches des rues, notamment pour des raisons juridiques.
Est-il possible cependant que les propriétaires de calèches de Montréal soient eux-mêmes injustement traités dans toute cette affaire par la classe politique et les citoyens qui s'alarment? Écoutez pour le savoir...
Luc Desparois est caléchier depuis plus de 30 ans et trouve les arguments de la Ville « un petit peu exagérés ». Photo : FacebookFR_Reportage_2-20181106-WRF20
Le point de vue de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux
Depuis l’année dernière, les calèches doivent rester à l’arrêt dès que la température atteint les 28 degrés, au lieu des 30 comme c’était le cas avant. En 2020, ces calèches tirées par des chevaux seront complètement interdites dans les rues de Montréal.