Plus tard je serai pompier, infirmière, institutrice, gardienne de chèvre, champion de plongeon...
Je rendrai heureux, je sauverai des gens, je vivrai dans la nature, j’aurai plein d’amis.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
Finalement, on nous a dit, tu seras «bankable» mon fils ou tu ne seras pas. Tu ne manqueras pas d'ambition et tu grimperas au sommet, quitte à tomber, de haut. Quelqu’un sera en bas pour te remplacer.
Tu seras fort à l’école, tu seras un Ingénieur commercial, un directeur informatique, des finances ou marketing... langue étrangère, sémantique âpre, consonances froides..."bankaîbeules"
Il faut bien que ça tourne tout ça. De toute façon on a déjà trop de de champions de plongeon.
Les métiers essentiels, comme celui d’Isabelle, Corinne, Christelle, Jean, Nathalie, les amis... les métiers qui nous permettent de continuer à vivre, ne sont pas "bankaîbeules".
C’est drôle ça tient ? Si je regarde dans mon calepin d’amour je ne vois pourtant que des héros et des héroïnes, animatrice prévention santé, auxiliaire de vie scolaire, éducatrice public handicapés, chauffeur de bus dans les quartiers oubliés, thérapeutes, agent de sécurité, professeur en ZEP, caissière en SCOP, producteurs...
Pourquoi ils ne sont pas bankable eux ? Mince, encore un truc sur lequel il faut qu’on bosse durant cette retraite forcée. On a déjà pas mal de dossiers en cours, il faudra remettre ça une fois par an. Comme ceux qui partent au Tibets ou sur les chemins de Compostelle.
Le salon est mon temple, la cuisine mon labo, mon balcon l’agora.
Je suis à mon compte, pas de chômage partiel, je ne travaille plus donc je réfléchis
Et si le travail était devenu le vrai problème. Pas le fait de travailler, non...mais son rôle dans notre vie, sur notre planète, dans nos relations, dans nos perceptions et surtout au sein de notre système de valorisation. Si être infirmière, auxiliaire, éducateur, agriculteur, éboueur était réussir sa vie. Si offrir son labeur, ses interventions à toutes heures, son courage, et son empathie étaient les seules mesures de rentabilité recevables.
Et si on prenait le temps...
Entre la course en sac avec le grand dernier qui en a profité pour retourner en enfance, la présence à l’énième réunion zoom, la tête dans les seau, les pieds dans le guidon et la queue au ravitaillement, posons-nous cette question :
Qu’est-ce que je voulais faire quand je serai grand ?
Si on ne s’en souvient plus, rappelons Pierre, Paul et Simonette ça leur fera des nouvelles et déterrons la réponse.
L’ai-je fait ? Qu’est ce qui m’en a empêché ?
Bon là, Simonette a sa version des faits. Qu’elle est la vôtre ?
Pourquoi n’êtes-vous pas devenu votre héros ?
Parce que les héros ne gagnent pas d’argent ?
En revanche ce que je sais, c’est que si je les connais Isabelle, Corinne, Mamo, Jean, Nathalie, c’est que j’ai réussi ma vie.