Les consommateurs canadiens irrités par l'attitude de Trump et son imposition de tarifs douaniers contre l'acier canadien n'ont pas la tâche facile s'ils choisissent de consommer seulement des produits 100 % canadiens et éviter touts produits américains. Cela risque de leur coûter plus cher.
D'abord, la proportion dans le monde des produits faits au Canada est en régression depuis le milieu des années 1990. Le poids au Canada du secteur manufacturier, par rapport aux autres secteurs comme celui des matières premières et des produits financiers, est en recul. Ainsi, le pays exporte beaucoup moins de produits usinés dans le reste du monde.
Le secteur manufacturier produit encore certes beaucoup de produits qui sont vendus partout dans le monde comme le papier, le matériel de haute technologie, la technologie aérospatiale, les pièces automobiles, l’équipement lourd, les aliments et les vêtements. Mais le secteur de la production manufacturière au Canada est en pleine crise. Malgré un dollar canadien faible, ce qui devrait doper les exportations, les usines canadiennes ne produisent plus qu'a 80 % de leur capacité.
Cela est le résultat en grande partie d'un marché concurrentiel qui a été beaucoup plus ouvert avec les accords de libre-échange qui ont exposé le Canada à la concurrence sur le coût.
On fabrique très peu de textiles au Canada, alors même si un vêtement a été conçu au Canada, le tissu aura probablement été acheté ailleurs. Difficile aussi d’acheter un téléphone, un robot culinaire ou un grille-pain « Made in Canada ». L’alimentation représente un défi particulier.
L'économie canadienne délaisse la fabrication, et se tourne vers la finance et les services
Un logo de la Banque Royale au centre-ville de Toronto. © Nathan Denette, PC
Depuis la crise économique de 2008, l'économie canadienne est donc résolument en transition vers une économie du savoir.
Elle conçoit les produits innovateurs de demain, mais elle en délaisse la fabrication aux pays moins développés où les coûts de main-d'oeuvre sont moins élevés.
Les salaires sont effectivement très élevés au Canada. Par exemple, le secteur de la construction automobile, qui était si fort au Canada depuis des décennies, se trouve maintenant incapable de rivaliser quand il paie ses travailleurs 50 $ de l'heure et qu'au Mexique on les paie 10 $ de l'heure.
Tout cela a des répercussions très concrètes dans la vie quotidienne des travailleurs canadiens. Un jeune Canadien ou un nouvel arrivant qui veut mettre aujourd’hui le plus de chance de son côté pour se trouver un emploi bien rémunéré et plein de potentiel de croissance devrait fixer sa bonne étoile au secteur financier ou à celui des services qui sont eux en pleine expansion.
Bien qu’ils soient importants, les secteurs de l’agriculture, des transports, de l’énergie, ou de la construction n’atteignent pas, même réunis, les dimensions titanesques qu’occupe maintenant le secteur financier au Canada. Les banques, les compagnies d’assurance et toute leur série de petits cousins sont responsables à elles seules de 20 % de tout le produit intérieur brut du Canada. Très rares sont les nations où les finances occupent cette place de roi.
Après l’argent au Canada, ce qu’il y a de plus important, ce sont les services : plus de 75 % des travailleurs canadiens occupent maintenant un emploi dans le secteur des services.
Le savez-vous?
La différence entre « Fait au Canada » et « Produit au Canada »
- Si vous voyez sur un produit, autres que les denrées alimentaires, un autocollant « Produit du Canada » cela veut dire que ce produit à un seuil de contenu canadien plus élevé (98 %), tandis que « Fait au Canada » veut dire qu'au moins 51 % des coûts directs de production ou de fabrication ont été engagés au Canada.
- Dans les deux cas,