Le vol du Sankofa ce jour atterrit donc à Dakar, au Sénégal, où nous arrivons en ce 22 Avril 1966, en plein FESMAN. Des quartiers ont été nettoyés, des hôtels construits, un musée dynamique a même été bati, pour accueillir ce qui doit être LE RDV panafricain.

Bienvenue donc, prenez un ticket et suivez-moi dans les allées du festival qui a pour objectif déclaré selon Senghor, la reconquête de la dignité des peuples noirs. Tout un programme !

Cinq balles tirées à bout portant d'un calibre 22 équipé d'un silencieux, dont quatre au visage et une dernière dans la nuque. Qui a intérêt donc à assassiner une femme de 52ans qui tentait de sensibiliser l’opinion publique aux crimes du régime d’apartheid sud-africain ? Qui donc ?

Mon cliché africain du jour c’est l’impuissance. Celle des familles et des compagnons de Dulcie September, pour qui il doit être si difficile de croire que personne sur cette planète n’aura réussi à faire condamner ne serait-ce qu’un seul être malfaisant dans cette affaire ! J’avoue que j’hésite à croire que tout a été mis en œuvre, afin de rendre justice à Dulcie la courageuse, dont la vie même soufflée, aura réussi à contrarier les intérêts de ceux qui l’ont lâchement abattue.

Il en aura fallu du temps aux chercheurs occidentaux pour enfin accepter l’évidence de l’origine proprement africaine de ces ruines monumentales qui constituent un témoignage unique sur la civilisation très élaborée des Shona au Moyen Age.  Bienvenue dans les ruines du Grand Zimbabwe, et ne touchez surtout à rien sur ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986 !

Mon cliché africain du jour est une exhortation, à l’endroit de tous les touristes africains et de la diaspora, pour qu’ils prennent le même plaisir à visiter et s’émerveiller sur des sites comme celui du Grand Zimbabwe, au même titre qu’au Château de Versailles, devant les merveilles du British Museum, ou sur les ruines aztèques.

Et Si vous renommiez les villes africaines qui portent encore des noms coloniaux?

Les noms que portent encore certaines villes africaines, qui continuent ainsi de perpétuer leur propre reniement, c’est comme si la France portait encore un nom choisi par l’Allemagne sous l’occupation.

Le petit village de N’Tamo par exemple, rebaptisé Brazzaville par l’explorateur Savorgnan de Brazza, n’a jamais retrouvé son nom originel. Heureusement, sa jumelle de l’autre côté du fleuve, a repris son vrai nom Kinshasa (originellement Nshasha) effaçant des cartes, Léopoldville, qui rendait hommage à Léopold II de Belgique, dont les exactions au Congo ont horrifié jusqu’à son propre peuple.

Bienvenue dans un nouveau vol du Sankofa qui atterrit au royaume du Ndongo, à peu près l’Angola du 16e siècle.  Nous y allons en visite officielle auprès de son excellence, la Reine Nzinga Mbandi reine du Ndongo et du Matamba, cette fine diplomate, habile négociatrice et redoutable stratège, remarquable exemple de la gouvernance féminine, qui a opposé une résistance tenace aux projets coloniaux portugais et ce jusqu’à sa mort, en 1663, marquant l’histoire de l’Angola du 17e siècle.

Nous atterrissons ici à Sharpeville en un mauvais jour, un de ces jours où il ne fait pas bon être noir par ici,je conseille donc à toutes les personnes de peau noire à bord, de bien vérifier leurs Pass, ces documents d’identité, ces espèces de passeport utilisés à l’intérieur du territoire sud-africain, qui sont imposés par le régime de l’apartheid, pour limiter et contrôler les déplacements des Noirs. En ce jour du 21 mars 1960,a lieu une manifestation contre les Pass, manifestation réprimée dans la violence par la police de l’apartheid.

Apprêtez-vous pour une plongée dans l’absurdité et la violence de ce régime brutal, raciste et pourtant soutenu ou tout au moins toléré pendant longtemps par nombre de puissances étrangères au nom des intérêts économiques.

Mon cliché africain du jour est un reproche. A mon prof d’histoire, à qui je pourrais en vouloir un peu, pour n’avoir pas imprimé dans ma tête d’enfant, le pouvoir, la puissance et l’importance de rêver.  Je suis persuadé que parler à des écoliers de ce roi, cet ancêtre qui renonça à la richesse et au prestige de roi, afin de poursuivre son rêve, ne peut que leur faire du bien, surtout à cet âge là. Cela aurait-il empêcher ces écoliers, une fois devenus chefs d'état, de s’accrocher au pouvoir ?  On ne saura sans doute jamais…

Le doute justement, le doute sur l'histoire telle qu’écrite ; Le doute comme justification pour faire réviser les programmes scolaires en Afrique, pour qu’ils parlent un peu plus des rêveurs brisés et oubliés dans les tréfonds de l’histoire du continent et un peu moins de George VI, Napoléon, et de la guerre de Sécession. 

Quant à moi je ne doute pas que ce vol vous donne envie d’une bonne pétition pour réaliser le rêve de voir un enseignement de l’histoire au service de la construction d’une citoyenneté africaine, au-delà des frontières coloniales. Et je vous dis comme l’autre, « Méfiez-vous de vos rêves, car ils pourraient se réaliser »!

Mon cliché africain du jour est une marque d’admiration, pour le peuple de Namibie, ce beau pays, qui souffert d’un génocide méconnu, et dont on parle peu, mais qui jouit d’une bonne stabilité tant politique qu’économique.  Mon admiration pour le fait d’avoir été le premier au monde à inscrire la protection de l’environnement dans sa constitution, et d’avoir fait de l’implication des tribus locales, un des axes majeurs de sa politique, grâce à un système équitable de répartition des bénéfices tirés du tourisme

Mon cliché africain du jour est un bout de phrase, qui répète que « telle puissance coloniale a donné son indépendance à telle colonie ». Je trouve qu’au regard de l’histoire des indépendances, ce groupe de mots ne fait pas sens, et que sans les luttes courageuses des peuples colonisés, aucune puissance coloniale ne serait partie. Il est temps de bannir certaines phrases qui continuent de renier silencieusement l’histoire. Que pensez-vous de ce cliché à peu près définitif ? Oui j’attends vos clichés à vous, sur notre histoire à tous, et je vous retrouve sans faute demain à bord du Sankofa. Merci !

Dans le vaste univers fictif de Marvel Comics, T’Challa, mieux connu sous le nom de Black Panther, n’est pas seulement le roi de Wakanda, il est également le super-héros le plus riche de tous. Et bien que la bataille d’aujourd’hui pour le titre de la personne la plus riche en vie implique une lutte acharnée entre des PDG milliardaires, la personne la plus riche de l’histoire, Notre passager d’aujourd’hui a plus en commun avec le premier super-héros noir de Marvel. Il domine le classement des hommes les plus riches de tous les temps bien loin devant Auguste César, les habituels industriels Andrew Carnegie et John D. Rockefeller, Nikolaï Romanov (tsar de Russie) ; Guillaume le Conquérant, Mouammar Kadhafi, et plus proche de nous, Bill Gates et Jeff Bezos. 

Bonjour Madame et Monsieur, le vol du Sankofa se pose au 14esiècle, précisément en 1312, année de l’accession à la tête de l’empire du Mali, du mec le plus riche jamais vu,mais encore peu connu, parce que L'histoire de l'époque médiévale est encore largement considérée comme une histoire occidentale.

Voici son excellence Mansa Musa, alias le roi de l’or, l’homme le plus riche de tous les temps !