Je viens d'Iran, je m'appelle Reza et j'ai quarante-trois ans.
J’étais un employé du gouvernement en Iran et je travaillais à l'aéroport. J'ai dû demander l'asile en Suisse à cause des problèmes causés par les agents de sécurité iraniens. Quand je travaillais à l'aéroport, je voyageais dans de nombreux différents pays. Pendant l'un de ces voyages, J'ai appris par l'intermédiaire de mes collègues que les agents du gouvernement iranien étaient venus après moi et voulaient m'arrêter. Alors je ne suis jamais rentré en Iran.
Cela fait environ trois ans que je suis devenu réfugié en Suisse. Quand je suis arrivé en Suisse, je pensais que les peuples du monde étaient conscients de la douleur et de la souffrance de mon peuple et de l'oppression par le gouvernement des mollahs en Iran. Mais j'ai réalisé que personne ici ne connaissait bien le peuple et le gouvernement iraniens.
Quand j'ai dû déclarer l'asile ici, je pensais que l'office suisse des étrangers porterait une attention particulière à mes paroles et à mes documents. Je pensais pouvoir parler au monde de ma douleur ici. Mais malheureusement, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas de justice ici non plus. Peut-être que je ne pouvais pas bien expliquer la raison de ma migration à cause de l'inconfort et du stress de l'immigration. Maintenant, depuis environ trois ans, je suis banni de toute éducation, de tout travail ici, et je vis une vie dure, je reçois environ deux cent septante francs par mois, et je n'ai pas le droit de vivre une vie normale, une vie comme tout le monde.
C’est très difficile pour moi d'apprendre à connaître la langue et la culture suisses, parce que c’est difficile de communiquer avec les gens. Après environ un an et demi, j'ai rencontré ma professeure de français et elle m'a beaucoup aidé. Malheureusement, parce que je n'ai pas un bon titre de séjour, je n'ai pas le droit d’avancer ou de changer ma situation. Parfois, je pense que j'ai fui la République islamique des mollahs en Iran pour sauver ma vie, mais qu’ici en Suisse, je suis coincé depuis trois ans dans un autre type de prison, où je n'ai pas le droit de manifester et pas le droit d'aller dans un autre pays.
J'ai vu beaucoup d'amour et de gentillesse de la part des Suisses. Ils m'ont donné beaucoup d'espoir avec leur bonne culture, et sans leur aide, peut-être que je serais mort de chagrin dans le coin de ma chambre. Apprendre le français m’aide beaucoup. J’étais tout le temps en colère à cause de l'injustice qui a été créée dans mon dossier d'asile, mais rencontrer et parler à des gens a diminué ma colère, car je peux partager ma douleur. Je sens que je ne suis plus seul et que ma voix est un petit peu entendue.
Je comprends maintenant que le juge avait le droit de rejeter mon entretien parce qu'il n'a pas compris ma douleur et mes paroles, parce qu'il n'est pas familier avec la mafia religieuse et l'oppression des dirigeants iraniens. Il ne connaissait pas la dictature. Il ne connaissait pas du tout l'Iran. Quand je lui ai parlé de mes problèmes, il ne m'a pas cru et a pensé que je mentais. Beaucoup de gens ne connaissent pas la douleur du peuple iranien.
J’aimerais parler un peu des souffrances du peuple iranien, en particulier des femmes, et de Noël. Vous n'êtes pas autorisé à critiquer le dirigeant du pays. Chaque mot et ordre donné par le dirigeant iranien doit être mis en œuvre. En Iran, les femmes ne sont pas autorisées à se rendre au stade de football et à pratiquer de nombreux sports, à louer des vélos et des motos. Le hijab est obligatoire pour les femmes. Le gouvernement peut vous accuser de n'importe quel crime et déposer une fausse plainte contre vous. Depuis de nombreuses années, l'Iran se classe premier ou deuxième après la Chine en matière de peine de mort dans le monde entier.
Il y a deux ans, en seulement trois jours, près de trois mille personnes ont été tuées lors de manifestations en Iran, par des soldats du gouvernement iranien, mais les nouvelles n'atteignent jamais les médias sociaux du monde. Je pense que les pays puissants du monde sont de bons partisans de ce dictateur et ne veulent pas que les mollahs quittent l'Iran.
Le peuple iranien est fatigué des années de souffrance et de misère religieuse, il est descendu dans la rue après la mort de Mahsa et la protestation s'est transformée en révolution. Le peuple de mon pays manifeste dans les rues d'Iran depuis environ trois mois et est sévèrement réprimé. Jusqu'à présent, environ 30 000 personnes sont en prison et près de 1 000 personnes ont été tuées. Notre peuple veut la liberté et un changement de régime, mais malheureusement, le peuple iranien est seul et ce régime importe des mercenaires des pays voisins avec une grosse somme d'argent dont il dispose pour tuer le peuple iranien.
J'ai fait un spectacle à Genève dans lequel je jouais le rôle du père Noël couvert du sang des enfants d'Iran sur sa barbe, et j’apportais un cadeau pour que les politiciens l'offrent aux Nations Unies et aux organisations de protection de l'enfance pour qu'ils se réveillent. Je suis très bouleversé et triste. Je ne sais pas ce que je peux faire pour mon peuple, mais je demande aux peuples du monde d'être la voix de mon peuple. Réveillez vos politiciens. Je suis très triste quand je me promène dans le marché de Noël de Lausanne. Aucune fête ou cadeau ne me rend plus heureux, quand je pense que chaque jour dans mon pays, leurs enfants sont tués par les soldats des mollahs alors qu'ils descendent dans la rue pour la liberté. Je me sens très triste lorsque le gouvernement des mollahs oblige les pays et les organisations internationales à se taire sur leurs crimes avec beaucoup d'argent.
Les enfants et les femmes en Iran ont commencé une révolution depuis environ trois mois. Et ils n'ont eu aucun partisan sauf les peuples du monde jusqu'à présent. Je vous demande, peuple libre de Suisse, d'être la voix des femmes de mon pays pour changer le régime et de ne pas laisser vos gouvernements se taire face à ces criminels. S'il vous plaît, soyez notre voix.
Parfois, je me demande quand toute cette douleur et cette souffrance prendront fin. Quand est-ce que le monde vivra-t-il dans la paix et la tranquillité ? Et pourquoi suis-je ici ? J’ai cherché refuge ici pour sauver ma vie, mais pourquoi suis-je enfermé dans une autre prison où je n'ai pas le droit d'apprendre la langue, pas le droit de me marier, pas le droit de vivre ? Quand je vois la souffrance et la tristesse des gens de mon pays, quand je vois des filles iraniennes se faire violer en prison, plus rien ne me rend heureux, et chaque nuit je m'endors avec des larmes et des larmes. J'ai souhaité plusieurs fois ne plus me réveiller de ce rêve, car je ne peux pas supporter tous les crimes, la cruauté et les mensonges de ce monde, et Je souffre encore plus de la coopération des pays. L'Occident regarde sans agir les mollahs d'Iran pour l'argent et le pétrole. Je ne peux pas supporter toute cette douleur et ce chagrin.
CREDITS :
Prête-moi ta voix est un podcast lausannois de partage d'expérience et de récit de vie. Si tu souhaites me prêter ta voix pour que d'autres l'écoutent, tu peux me contacter via ma page instagram.
Prête-moi ta voix est un podcast indépendant enregistré, réaliser et produit par Fred Rebeaud. Cet épisode a été enregistré le 25 juin 2022 à Lausanne. Générique : Francesco Bucciarelli et Fred Rebeaud.
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