Mise au pas des rédactions par des milliardaires identitaires. Coups de pression sur les journalistes et les lanceurs d’alerte… Après deux épisodes bien sombres, nous abordons l’urgence de développer des médias indépendants et solides financièrement avec François Bonnet, cofondateur de « Mediapart » et président du Fonds pour une presse libre.
Plus de 300 procès pour cinq perdus : ces chiffres en disent long sur la solidité des informations publiées depuis 2008 par le vaisseau-amiral de la presse indé. Les 250 000 euros déboursés en frais de justice par le journal chaque année témoignent, eux, du défi quotidien que représente la promesse éditoriale de révéler ce qui est caché ou dissimulé, en matière politique, financière, sociale ou environnementale.
« Aujourd’hui, des procédures invraisemblables visent à contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse, observe François Bonnet. On a vu des tribunaux de commerce rendre des ordonnances demandant de pourchasser les sources des journalistes, comme dans l’histoire de Reflets.info poursuivi par Patrick Drahi. Ça leur a coûté 25 000 euros. »
Dans ces conditions, prévoir des réserves n’est pas une option. « Mediapart » a très vite pu bénéficier du soutien de ses lecteurs. Attaqué par la Caisse d’Épargne pour une enquête de Laurent Mauduit qui avait fait tomber la direction, le journal a collecté 40 000 euros de dons. La banque ayant fini par retirer ses plaintes, l’argent a permis de payer des avocats dans d’autres procédures.
Une issue heureuse, comme celle vécue par « Splann ! » au printemps 2025. La mise en examen pour diffamation de notre média d’enquête breton a suscité une vague de soutien, matérialisée par plus de 60 000 euros de dons. Cette fois, c’est la cour d’appel de Rennes qui a coupé court aux poursuites en prononçant la nullité de la procédure engagée par le président d’Inaporc, Philippe Bizien.
Reste que les médias indépendants sont fragiles économiquement. C’est pourquoi « Mediapart » a décidé de loger la totalité de son capital dans un fonds de dotation le rendant statutairement ni cessible, ni achetable. Ce n’est pas sa seule fonction puisqu’il permet de collecter des dons défiscalisés, redistribués ensuite à des entreprises de presse portant des valeurs humanistes, démocratiques, sociales et au service du bien commun.
« On essaye d’aider la presse indépendant à construire des modèles économiques qui soient durables, c’est-à-dire d’approcher l’équilibre et la rentabilité, explique François Bonnet. On n’est pas dans les 17 millions d’euros reçus par le groupe de Bernard Arnaud, LVMH, pour ses différents médias. On compte en quelques dizaines de milliers d’euros, mais ça permet de financer des enquêtes, des développements techniques pour des sites… »
« Splann ! » fait partie des premiers lauréats du fonds, bénéficiant d’une aide de 15 000 euros, en 2022.
Riposte : le podcast du journalisme dans le dur
Riposte est un podcast produit par le média d’investigation breton « Splann ! », avec le soutien de l’association Journalisme & Citoyenneté, et les Assises du journalisme de Tours. D’après une idée originale de Pierre-Yves Bulteau.
Juliette Demey et Pierre-Yves Bulteau ont préparé et mené les interviews. Pierre-Yves Bulteau a écrit, monté et prêté sa voix pour cette série.
💸 « Splann ! » est un média à but non lucratif, qui fonctionne grâce à votre générosité. Vous pouvez nous faire un don ponctuel ou mensuel en ligne ou par chèque.
📣 Vous avez une information d’intérêt général qui mériterait une enquête en Bretagne ? Contactez-vous.
👍 Retrouvez-vous sur les réseaux sociaux. Nous sommes présents sur Mastodon, Facebook, LinkedIn, Instagram, Bluesky, Threads et YouTube.
📩 Abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir une alerte lors de la publication de chacune de nos enquêtes, ainsi que des articles en avant-première chaque mois. C’est gratuit et ça le restera.