À Toronto, on en sait un peu plus sur l’auteur de la fusillade de dimanche. Faisal Hussain, 29 ans, était en proie à des troubles mentaux selon sa famille. Mais les résidents du complexe d'appartements du centre-ville de Toronto, où le tueur vivait avec ses parents, voyaient plutôt un jeune homme calme, courtois et tout à fait ordinaire, d’où leur stupéfaction lorsqu’ils ont su que Faisal Hussain était l’auteur de la tuerie. Cette autre fusillade a relancé le débat sur le contrôle des armes à feu au Canada.
Dès le lendemain de la fusillade, le maire de Toronto Jon Tory s’est demandé pourquoi quelqu'un aurait besoin d'une arme à feu dans une ville comme la sienne. Pour lui, la fusillade est bien la preuve que sa ville, la quatrième métropole d'Amérique du Nord, a « un problème d'armes à feu ». « Les armes sont trop facilement disponibles pour trop de personnes », a-t-il déploré.
En seulement sept mois en 2018, la Ville Reine a connu 220 fusillades ayant causé la mort à 27 personnes. Alors que pour toute l’année 2017, on a dénombré 196 échanges de coups de feu avec un bilan de 17 morts.
François Doré, ancien policier de la SQ © Francis Labbé
Cela signifie que les violences par balles ont augmenté de 10 % par rapport à la même période de l'année dernière. La plus grande ville canadienne fait-elle face à un problème de trop grande circulation d’armes? La législation canadienne sur le contrôle des armes à feu est-elle laxiste? François Doré, retraité de la Sûreté du Québec et analyste en affaires policières, répond à ces questions et à bien d’autres au micro du Réseau de l’information.
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Le service de police de Toronto estime que trop d’armes à feu obtenues légalement au Canada sont ensuite revendues à des criminels. Jusqu’en 2012, environ les trois quarts des armes à feu en circulation au Canada provenaient des États-Unis. En 2017, seulement une arme à feu sur deux venait du sud de la frontière canadienne. Pour un propriétaire d’arme à feu canadien, vendre au pays au plus offrant est beaucoup plus rentable.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, affirme qu'Ottawa est prêt à revoir le Code criminel. (REUTERS/Fred Thornhill )
Ottawa prêt à agir... mais les Canadiens sont divisés
Même si le contrôle des armes à feu est plus strict au Canada qu'aux États-Unis, les positions sont loin d’être unanimes sur ce sujet. Les régions rurales et le Parti conservateur sont plus hostiles au contrôle, alors que le Parti libéral et les centres urbains y sont plus favorables.
Ainsi, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, affirme qu'Ottawa est prêt à revoir le Code criminel, notamment en ce qui concerne les armes de poing. Une idée qui trottait déjà dans les esprits à Ottawa bien avant la fusillade de Toronto. Ce sont les témoignages des proches des victimes de la tuerie dans une mosquée en janvier 2017 qui avaient poussé Ottawa à amorcer cette réflexion.
Pendant ce temps, une pétition électronique contre le contrôle accru des armes à feu lancée par un adolescent de l’Alberta a déjà recueilli près de 85 500 signatures. La pétition du jeune Ryan Slingerland, mise en ligne en mars dernier sur le site web de la Chambre des communes, est parrainée par la députée conservatrice de Lethbridge, Rachael Harder.
La pétition s'oppose au projet de loi C-71 qui, selon les signataires, imposerait des procédures inutiles aux propriétaires d'armes à feu respectueux des lois. Elle propose plutôt des ressources accrues aux forces de police au Canada. Près de 25 500 Ontariens l’ont signée, plus de 20 700 Albertains, 15 000 Britanno-Colombiens et près de 9300 Québécois.
La pétition du jeune Ryan Slingerland contre le contrôle accru des armes à feu, parrainée par la la députée conservatrice Rachael Harder,