La phrase est simple et ne surprend pas. Mais elle comporte deux affirmations majeures: le Paradis Terrestre ne se situe pas « sur le sol d'ici-bas », c'est-à-dire sur la Terre, et, si c'est ici que Dieu « renvoya » Adam et Ève, c'est qu'ils n'avaient pas été créés là-haut, mais d'abord élevés, l'un après l'autre, de la Terre au Paradis Terrestre.

« Les épreuves que Dieu nous envoie correspondent au désir secret de chaque âme », écrit Marie-Paule, et cette phrase est d'une importance capitale. Elle signifie que « rien n'est l'effet du hasard » et que tout, dans la vie des personnes, est orienté vers l'accomplissement maximal de l'être en fonction de son désir d'être près de Dieu.

La révélation que fait ici Marie-Paule est majeure: l'Homme possède un « sens mystique », hélas enfoui sous tant d'autres facultés. Mais aujourd'hui, tandis que le Royaume se forme dans les cœurs et dans le monde, il faut en revenir à cet essentiel: la dimension mystique de l'être humain qui lui permet de communiquer avec Dieu.

Il y a bien des mystères en suspens relativement à la nature de l'Esprit. Car Dieu Soi-même est Esprit, bien avant d'être Père, Fils ou Saint-Esprit. Ce n'est donc pas l'Esprit Saint de la Trinité qui « s'est penché » sur Marie pour La féconder, mais Dieu qui devient alors Père par le fait de se donner un Fils appelé à devenir Dieu-le-Fils.

L'expression, surprenante, est de nature à faire douter de la valeur des écrits de Marie-Paule. Or, elle n'a pas le sens qu'on aurait tendance à lui donner. Car Marie-Paule ne voit pas les choses dans une boule de cristal extérieure à elle-même: non, c'est Elle qui se trouve dans cette « boule », sorte d'émanation du Paradis Terrestre sur la Terre.

Marie-Paule écrit que « la notion même de Dieu se trouva altérée (...) dans l'esprit de l'homme » à cause de la faute originelle. On prêta dès lors à Dieu les sentiments des hommes, alors qu'Il est tout Amour, ainsi que l'a, plus tard, enseigné Jésus-Christ. Maintenant, Marie-Paule nous apprend que l'État divin peut être conquis par l'homme.

La faute originelle a toujours fait l'objet de controverses et Marie-Paule a gardé, dans l'expression reprise en titre, la formulation traditionnelle à ce sujet. Mais nous savons aujourd'hui que, si nous héritons des conséquences de la Faute, nous n'en portons pas la responsabilité. C'est une pensée déterminante, annonciatrice du Royaume.

Cette affirmation de Marie-Paule est très grave et ses implications sont considérables! En fait, ce n'est pas toute l'Église du Christ qui « tire à sa fin », mais l'Église de Pierre qui doit à présent s'incliner devant ce qu'exige l'avènement du Royaume de Dieu sur la Terre: faire entrer l'Église du Christ dans la Communauté de la Dame.

Toute la vie de Marie-Paule consiste en un combat dantesque, une lutte à finir entre le Ciel et l'Enfer voulant tous deux La tirer de leur bord, car c'est d'Elle que dépend ni plus ni moins que « le sort de l'humanité ». Nous ne pouvons pas même imaginer l'intensité de cette lutte opposant saint Michel et Lucifer dans l'âme de Marie-Paule.

Le texte qui suit porte vraiment sur l'essentiel, à savoir la divinisation vécue par Marie-Paule au fil des jours. C'est comme un feu qui la brûle « de l'intérieur vers l'extérieur », c'est-à-dire à partir du Feu de l'Esprit « logé » dans le cœur du cœur jusqu'au moindre élément de son corps physique. Et celui-ci devient alors « comme de l'Esprit ».