En Europe, se sont déployés deux régimes distincts de
discours: un discours selon l’ordre des raisons, qui s’abstrait du sensible,
conceptualise, démontre, et un discours qui enquête, décrit, raconte: la
philosophie (et la Science) d’un côté, la Littérature de l’autre. Chacun son
rôle. La Littérature récupère alors ce que la philosophie et les sciences, qui
visent à l’universel, laissent de côté: le sensible, le singulier, l’événement.
Certes, il y a aussi des savoirs qui dansent d’un pied sur l’autre, «entre
science et fiction», témoins l’écriture de l’histoire, ou l’ethnologie
française. Alors que le roman se tient au plus près de l’expérience vécue,
décrit les linéaments et les transformations d’«une vie», les infléchissements
et les basculements, la philosophie propose des concepts. Mais que serait une
philosophie qui ne viendrait pas éclairer «vivre»? Que faire du roman en
philosophie? Qu’est-ce que la poésie donne à penser? Comment l’écriture
philosophique peut-elle s’ouvrir au possible littéraire? En retour, comment les
concepts permettent-ils de lire autrement la littérature? En d’autres termes,
il s’agit de penser la manière dont la littérature et la philosophie peuvent
coopérer, jusque dans la trame d’une écriture philosophique qui puisse mettre
en tension l’universel du concept et le singulier de l’expérience, de telle
manière que la philosophie en soit relancée. Ce séminaire trouve son point de
départ dans le travail de François Jullien, qui souvent prend appui sur des
romanciers, de Stendhal à Proust, en passant par Flaubert, Fromentin,
Maupassant ou Tolstoï, qui pense avec Baudelaire, Verlaine, Rimbaud ou Valéry.
Et si le nom de Rousseau revient souvent dans ses essais, c’est le Rousseau
écrivain qui l’intéresse, celui des Confessions et des Rêveries, plutôt que
l’auteur du Contrat social. Ce séminaire, est proposé par l’Association
Décoïncidences, en partenariat avec le Patronage laïque Jules Vallès.
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