La musique de film était mieux avant ou pas ? Et si on essayait la démonstration ultime cette semaine dans Seriefonia avec Miklós Rózsa ?
Extrait Sonore « Ben-Hur, 1959 »]
[« SérieFonia : Season III : Opening Credits » – Jerôme Marie]
[« Ben-Hur – Prelude (Main Title) » – Miklós Rózsa]
La semaine dernière, les réactions ont été vives sur les réseaux sociaux après la publication de notre « SérieFonia’s Cut de la Snyder’s Cut »… Au point que, pour me sortir d’une situation quasi inextricable, à base de débats sans fin visant à établir si oui ou non la musique de films était vraiment mieux avant », j’en suis venu à utiliser le plus perfide de tous mes jokers… Miklós Rózsa et son Roi des Rois. Pourquoi perfide, me direz-vous ? Tout simplement parce que quand vous entendez ça… Bah… Comment dire ?…
[« King of Kings – The Lord’s Prayer » – Miklós Rózsa]
… La messe est dite. Sans mauvais jeu de mot. Parce que, quand on entend ne serait-ce qu’une bribe de cette partition composée en 1961 pour le film de Nicholas Ray, on ne peut que se rallier à l’évidence : bien sûr que « c’était mieux avant ». Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?! Ohhh, mais non… Bien sûr que j’exagère ! Allez, j’arrête de vous taquiner… Alors, pourquoi est-ce que, subitement, j’avais réellement envie de vous parler de Miklós Rózsa et de sa « petite » carrière s’étalant de 1937 jusqu’au milieu des années 80 ? Non seulement parce qu’il est important de replonger un peu dans le passé pour mieux comprendre d’où viennent les œuvres du présent, mais aussi et surtout parce que Miklós Rózsa c’est un peu James Horner avant James Horner…
[« The Thief of Bagdad – The Skeleton Room » – Miklós Rózsa]
Déjà pour la présence récurrente des fameuses quatre petites « notes de la mort » (comme ici dans cet extrait du Voleur de Bagdad, dès 1940) qui seront, plus tard, au cœur-même de la « signature Horner »… Dont j’ai déjà régulièrement parlé ici… Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire… Mais aussi et surtout pour cette approche ample, souvent romantique, et par-dessus tout thématique et ultra-viscérale de leurs compositions ; par ailleurs toutes aussi généreuses en termes d’utilisation de voix ou de chœurs. Et non : je n’interprète ou n’extrapole rien… Horner lui-même le citait régulièrement en interview comme l’un de ses plus grands « Maîtres à penser ». D’ailleurs, ils n’ont pas partagé que ces quatre notes… Ils ont partagé quatre plumes aussi.
[« The Four Feathers, 1939 – Sunstroke / River Journey » – Miklós Rózsa]
Car en 1939, Miklós Rózsa signait le score de The Four Feathers (Les quatre plumes blanches), mis en scène par Zoltan Korda d’après le roman d’Alfred Edward Woodley Mason… Puis, en 2002, c’était au tour d’Horner de lui succéder pour la nouvelle adaptation qu’en faisait Shekhar Kapur…
[« The Four Feathers, 2002 – Escape » – James Horner]
Miklós Rózsa est né en Hongrie le 18 avril 1907. Du coup, cette émission tombe quasi pile-poil pour son anniversaire et je ne l’ai même pas fait exprès… Mais c’est en Allemagne, au conservatoire de Leipzig exactement, qu’il étudie l’art qu’il fera sien en écrivant plusieurs concertos, symphonies et musiques de chambre à partir de 1927. Quant au cinéma… C’est son ami Arthur Honegger qui lui en a ouvert les portes. Même si ses premiers projets français n’ont finalement pas abouti. Un peu plus tard, une fois installé à Londres, il se voit enfin confier la partition du Chevalier sans armure de Jacques Feyder. Nous sommes en 1937 et le moins que l’on puisse dire,