Dans leur synthèse des travaux sur la socialisation des enfants d'âge scolaire, Rubin, Coplan, Chen, Bowker et McDonald (2011) listent des comportements et attitudes qui sont corrélés avec le fait d'être apprécié des pairs, tels qu'être capable d'entamer et de maintenir des relations positives, de s'affirmer et de faire preuve de leadership d'une manière respectueuse, d'adopter la façon de faire d'un groupe au moment de s'y joindre, d'éviter d'attirer l'attention sur soi d'une façon non désirée, de ne pas interrompe les activités déjà en cours, de ne pas seulement se concentrer sur soi ou sur ses désirs. En contrepartie, les attitudes ou les comportements agressifs liés aux difficultés à s'autoréguler sur le plan émotionnel ou comportemental risquent de provoquer du rejet de la part des autres enfants. L'agressivité est un facteur de rejet lorsqu'elle est mal contrôlée, de nature immature, causée par des difficultés d'attention ou dérangeante (disruptive) (Rubin et al., 2011). Notons que l'agressivité physique tend à diminuer entre 3 et 5 ans en raison du développement du langage et des habiletés sociales. Au moment de l'entrée à l'école, les conflits s'expriment et se règlent surtout verbalement (Papalia et Feldman, 2014). Par ailleurs, le développement de ce qu'on appelle théorie de l'esprit (theory of mind, en anglais) concerne la capacité des enfants à comprendre leur propre fonctionnement mental ou celui des autres. En d'autres mots, les enfants, à coups de suppositions, en arrivent à saisir que les états mentaux, tels que les croyances, les désirs, les intentions, les émotions ou les connaissances, déterminent les comportements humains (Houdé, 2013). Astington et Edwards (2010) considèrent que le développement d'une théorie de l'esprit est une des étapes les plus importantes dans le développement de la cognition sociale. Pour plus de détails, consultez les textes théoriques : Théorie de l'esprit : Compréhension des processus mentaux, de sa pensée et de celle des autres et Développement de la socialisation chez les enfants de 3 à 7 ans. Dans cette vidéo, Henri, 5 ans, explique qu'il évite de jouer avec certains enfants (dont le nom est remplacé par bip) parce qu'ils se comportent mal avec lui : soit ils rient de lui, soit ils le traitent de noms, ou encore, ils sont agressifs physiquement à son endroit. Contrairement à ce qui se passe avec les plus jeunes, pour qui l'agressivité est souvent instrumentale (c'est-à-dire qu'elle sert à obtenir un avantage), on note plutôt ici de l'hostilité. Normalement, avec l'avancement dans le cheminement scolaire, les comportements d'agressivité physique devraient diminuer. Si des enfants sont ainsi agressifs avec d'autres, on peut supposer qu'ils sont rejetés par ces derniers. Les stratégies d'Henri pour mettre fin à ces comportements consistent à demander aux autres enfants d'arrêter ou à prévenir un adulte. Il semble donc vouloir régler ses disputes autrement que par la force. Quand on lui demande pourquoi ces enfants agissent ainsi, il a beaucoup de difficultés à parler de leurs motivations : il évoque plutôt leur façon de procéder (par surprise) ou interprète leurs expressions faciales au moment où ils agissent. On peut penser qu'en termes de théorie de l'esprit, Henri éprouve encore de la difficulté à comprendre les intentions des enfants qui sont agressifs avec lui. Références Astington, J.W. et Edward, M.J. (2010). Le développement de la théorie de l'esprit chez les jeunes enfants. Repéré à http://www.enfant-encyclopedie.com/cognition-sociale/selon-experts/le-developpement-de-la-theorie-de-lesprit-chez-les-jeunes-enfants. Houdé, O. (2013). La psychologie de l'enfant (6e éd.). Paris, France : PUF. Papalia, D.E. et Feldman, R.D. (2014). Psychologie du développement de l'enfant (8e éd.). Montréal, Québec : Chenelière Éducation. Rubin, K.H., Coplan, R., Chen, X., Bowker, J. et McDonald, K.L. (2011). Peer Relationships in Childhood. Dans M.H. Bornstein et M.E. Lamb (dir.), Developmental science: An advanced textbook (6e éd., p. 519-570). New York, NY : Psychology Press.