La relation d'amitié offre un contexte très riche de socialisation. Elle constitue l'aspect le plus visible des relations avec les pairs pour l'enfant et le protège des expériences interpersonnelles négatives (Poulin, 2012). De même, avoir des amis augmente la confiance en soi, favorise la réussite scolaire (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009) et diminue les risques d'être victime de mauvais traitements ou d'être rejeté par les pairs (Poulin, 2012). On peut facilement déduire l'importance accordée aux amis à partir de certaines conduites des enfants, comme le fait de chercher son ami dans la cour de récréation, de le choisir pour des activités ou de le consulter quant au comportement à avoir avec d'autres enfants (Briand-Malenfant, 2016). Les enfants qui commencent l'école voient la loyauté, la confiance et l'entraide comme des aspects importants de l'amitié (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009), laquelle s'appuie alors davantage sur la notion de réciprocité : on attend d'un ami qu'il partage les choses équitablement et qu'il soit sensible à nos sentiments (Poulin, 2012). Certaines recherches montrent d'ailleurs que l'amitié est associée au développement de l'habileté à offrir son aide (Poulin, 2012). Ces notions de confiance et de loyauté entre amis sont observables par l'importance que les enfants accordent au fait de respecter leurs promesses ou de garder des secrets (Briand-Malenfant, 2016). Pour plus de détails, voir le texte Développement de la socioalisation chez les enfants de 3 à 7 ans. Selman (Selman et Schultz, 1990) propose une évolution des relations d'amitié, de l'âge de 3 ans à l'adolescence. D'après lui, l'amitié est d'abord déterminée par la proximité physique chez les plus jeunes, puis par des activités ou centres d'intérêt communs, pour les jeux par exemple. L'intimité, la réciprocité et la confiance prendront de plus en plus d'importance avec l'âge. Le choix des amis se fait selon plusieurs critères. Dès la période préscolaire, un de ces critères est la similarité entre amis. Les amis ont plus de probabilité de se ressembler quant à la prosociabilité, la timidité, la popularité, la réussite scolaire, etc. (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009) que l'inverse, un phénomène que l'on nomme homophilie. On peut aussi observer des similarités de caractéristiques générales tels l'âge, le niveau socioéconomique ou le genre (Poulin, 2012). Le genre est un critère particulièrement important. Pendant l'enfance, la majeure partie du temps est occupée par des interactions avec des partenaires du même genre (Poulin, 2012). On peut même parler de ségrégation sexuelle (voir les vidéos sur notre site à ce sujet). Les amitiés sont aussi vécues un peu différemment pour les garçons et les filles. Ces dernières accordent plus d'importance à l'empathie et à l'intimité (Poulin, 2012, Rubin, Coplan, Chen, Bowker et McDonald, 2011). Pour leur part, les amitiés entre garçons tendent à durer plus longtemps (Poulin, 2012). Les garçons amis entretiennent plus de concurrence entre eux que ceux qui ne sont pas amis, alors qu'on observe le contraire chez les filles (Boyd et Bee, 2017). Pour une description plus détaillée de la théorie de Selman, voir le texte Théorie de Selman concernant l'amitié. Dans la première partie de la vidéo, Arnaud âgé de 8 ans, nous parle de ses amis et explique pourquoi ils le sont : " William, Charlie... parce qu'ils sont gentils et ils sont drôles. " Lorsqu'on lui demande quels sont les jeux qu'il aime, il nous donne les exemples suivants : " Faire des petits paniers avec un ballon de basket, jeu d'espions... ". Il nous décrit le jeu d'espions comme une poursuite où lui et ses amis doivent fuir un méchant... qui est sa sœur Morgane. Arnaud s'adonne à des jeux plus physiques. Dans la deuxième partie, Chloé âgée de 7 ans, nous parle de ses amies. Elle joue avec Morgane et Camille. Camille est son amie d'enfance et Morgane, elle la trouve gentille. Lorsqu'on lui demande ses jeux préférés, elle répond : " À l'école, aux Barbie et dessiner "; on voit que Chloé et ses amis s'adonnent à des jeux calmes et en petit groupe. Références Boyd, D. et Bee, H. (2017). Les âges de la vie (5e éd.). Montréal, Québec : ERPI. Briand-Malenfant, R. (2016). L'amour et l'amitié chez les enfants. Montréal, Québec : Éditions du CHU Sainte-Justine. Bukowski, W.M., Motzoi, C. et Meyer, F. (2009). Friendship as process, function, and outcome. Dans K.H. Rubin, W.M. Bukowski et B. Laursen (dir.), Handbook of peer interactions, relationships and groups. New York, NY : The Guilford Press. Poulin, F. (2012). Recherches actuelles sur les relations entre pairs. Dans J.-P. Lemelin, M. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, les bases du développement. Québec, Québec : Les Presses de l'Université du Québec. Rubin, K.H., Coplan, R., Chen, X., Bowker, J. et McDonald, K.L. (2011). Peer relationships in childhood. Dans M.H. Bornstein et M.E. Lamb (dir.), Developmental science: An advanced textbook (6e éd.). New York, NY : Psychology Press. Selman, R. et Schultz, L.H. (1990). Making friend in youth. Chicago, Il : The University of Chicago Press.