Révolution, libération, le mois de mai...
En France, en mai 1968, et autour des événements, les médias et tout spécialement la radio ont joué un rôle particulier. Au-delà de l’histoire événementielle, mai 68 marque pour la France un tournant sociétal auquel les médias n’échappent pas. Depuis le début des années 60 la radiodiffusion française connaît une mutation profonde. Les postes transistor mobiles et individuels ont remplacé les vieux récepteurs à lampe familiaux et de nouvelles émissions, de nouvelles musiques attirent et captivent les jeunes auditeurs.
C’est aussi l’émergence d’une aspiration à la prise de parole, une parole plus directe et libérée de ses contraintes, plus en phase avec les craintes, les aspirations et les changements sociaux et moraux des années 60.
Les radios périphériques suivent au jour le jour les événements, les violences mais aussi les négociations, elles ont pallié les carences d’un service public privé de crédibilité ou muet. Elles ont été présentes en rendant compte précisément des manifestations au point qu’on a pu les qualifier de «radios barricades» ou de «radios émeutes». Le gouvernement les accusait d’amplifier les troubles et de guider les étudiants du quartier latin en signalant les mouvements des forces de l’ordre. Les journalistes des radios périphériques vivent les événements dans la rue, au cœur du quartier latin, ils participent à la fièvre de l’action, sentent la montée de la tension, ils voient et décrivent la violence des affrontements, subissent les gaz lacrymogènes et même parfois les charges et les coups de matraque des CRS. La jeunesse de certains d’entre eux les rapproche justement des manifestants et oriente leurs commentaires dans un sens favorable aux étudiants.
Pas une femme dans leurs rangs, quelques soutien-gorges ont beau finir sur le bûcher, le chemin de l'égalité entre femmes et hommes est encore long, qui dure toujours aujourd'hui. En 1968, un féminicide, ça s'appelle un crime passionnel...