Il faut toujours prendre le temps de discuter avec les anciens et, surtout, de les écouter attentivement. Car, qu’ils aient longuement usé leurs fonds culottes sur les bancs de l’école ou qu’ils ne l’aient fréquentée que de façon fugace et erratique, ils sont riches d’un savoir au moins aussi vaste que celui que les professeurs partagent...
Tenez, par exemple, la très vieille Mayonne qui vit au Gouezou depuis la pose de la première pierre du village, depuis le moyen âge au moins, elle sait bien plus de choses qu’on en pourrait trouver à la bibliothèque nationale de France à Paris. C’est sûr.
Elle sait distinguer un korrigan d’un poulpik d’un seul coup d’œil, elle tutoie les fées et prend le café avec les sorcières. De sa prodigieuse mémoire, sans consulter aucun grimoire, elle peut vous donner sans aucune erreur la recette du far noir, celle du philtre d’amour de Dahud –la princesse de la ville d’Ys- ou encore le remède contre le terrible rhume d’hiver (du jus de pomme, du miel et du lambig). Alors, vous pensez bien que les korrigans, elle connaît ! D’ailleurs, voilà ce qu’elle m’a confié hier, l’histoire du korrigan dont on ne vola pas la crêpe.