Parmi les projets marquants réalisés en 2018 grâce à l’Appel à projet GULLIVER, auquel est associé le LABO, voici en deux volets une création bouleversante, aux confins du récit de fiction et du réel : RADIO SYRIA, où 17 syriens réfugiés en Belgique témoignent.
Ils ont renoué avec leurs histoires de guerre à travers un processus d’une vingtaine d’ateliers, et nous les restituent sous la forme d’une narration-fiction : des premières intimidations, en 2011, à leur récent exil, en passant par les manifestations, les arrestations, les bombardements, et des violences de toutes sortes.
Cette création sonore, dont ils sont les auteurs, narrateurs, personnages principaux et acteurs, donne à entendre leurs voix, celles de femmes et hommes du peuple, et affirme que ceux qui viennent d’ailleurs vivent ici, et que ni eux, ni leurs histoires, ne nous sont plus étrangers. C’est valable bien sûr en Belgique comme en Suisse et dans les autres pays qui accueillent ces réfugiés.
Chaque participant a livré un souvenir marquant vécu personnellement au début des soulèvements ou pendant la guerre en Syrie, dans une chronologie de la violence.
Avec eux, si nous sommes à Bruxelles lors de l’enregistrement, nous nous croyons en Syrie, par la force et la beauté du son qui nous enveloppe et nous emmène dans l'intimité de ces vies blessées, reconstruites par le patient travail mené par Maëlle Grand-Bossi et Cyril Mossé.
DEUXIEME PARTIE: LA DESTRUCTION DES HOMMES
"Mon père et ma mère me disaient toujours : "Ne dis rien. Les murs ont des oreilles." On a été élevés comme ça en Syrie. Quand j'avais 17 ans, à l'époque de Hafez El-Assad, j'ai été enlevé, interrogé, torturé pendant plusieurs jours, pour avoir seulement parlé de liberté et de la possibilité d'un régime politique différent.
Les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus se taire. Le régime de Bachar El-Hassad a commencé à réprimer les manifestations en frappant avec des bâtons, puis ils se sont mis à tirer avec des armes à feu, puis avec des tanks, puis ils ont lâché des barils à explosifs, ils ont utilisé des armes chimiques.
Les civils sont les plus affectés par cette guerre. Soit ils prennent les armes contre le régime, soit ils s'en vont."
"Il suffit d'être au mauvais endroit au mauvais moment pour devenir coupable. On me met dans des cellules où il n'y a ni fenêtre, ni lumière. Moi, je suis cassé à l'intérieur, j'ai peur de mourir. Mais je suis encore jeune et j'espère toujours m'en sortir."
Radio Syria est une réalisation de MAËLLE GRAND BOSSI et CYRIL MOSSÉ.
Avec la collaboration de AHMAD, ALI, FATEH KAZMOUZ, MAHMOUD RAZZAZ, OMAR ASEM & HUSSEIN HOSARY, ALAA, MAZEN ALDHIAB, DIAB, TAHER MANLA, ZIN, MOHAMMED, SALAH, LOUJAIN, MUHAMMAD FATALOUN ET MOHAMMED SALIM MOBARAK
Interprètes arabe-français : MOHAMMED SALIM MOBARAK, MUHAMMAD FATALOUN, KINAN
Prise de son, Montage son, Création sonore et Musique originale : CYRIL MOSSÉ
Prise de son RTBF : VINCENT VAN DER VENNET ET ROXANE BRUNET
Mixage : VINCENT VAN DER VENNET
Bruitage : CÉLINE BERNARD
Comédiens voix françaises : JULIEN OUVRARD, ARTHUR GILLET, ALEXIS FLAMANT, FABIAN FINKELS, JONATHAN SIMON, AURÉLIEN DONY, ERIK STOUVENAKER, MATHIEU KLERCKX, ALEXANDRE HÉRAULT
Production : ATELIER GRAPHOUI ET MAËLLE GRAND BOSSI
Avec l’aide du Fonds d’Aide à la Création Radiophonique et du Fonds Gulliver de la RTBF, réunissant la RTBF, la RTS (Le LABO), la Promotion des Lettres, la SACD, la SCAM, la SACD France et la SCAM France, la SSA et Pro Litteris.
Avec le soutien de la COCOF et des associations Bureau d’accueil bruxellois d’intégration civique bon (BON), Fedasil et la Coalition Belgo-Syrienne de Secours.
Radio Syria a obtenu le prix documentaire 2017 de la SCAM.