Sébastien et sa conjointe-collègue Aude Leroux-Lévesque partagent une passion du cinéma qui remonte à leur rencontre sur les bancs d’école de l’Université Concordia. Un premier projet documentaire au Bangladesh (Call Me Salma, 2009) devient la plateforme de lancement d’une riche carrière de documentaristes.

C’est en participant à des activités de formation vidéo sur la Basse-Côte qu’ils découvrent cette région, ses enjeux et les jeunes qui y font face. Ensemble, ils suivent la vie de jeunes Coasters à la fin de leurs études secondaires, le début de leur vie adulte et à la croisée des chemins dans une région au futur incertain. Ce projet devient A Place of Tide and Time (2019), un portrait sensible des espoirs d’une jeunesse en exode et d’une culture qui vieillit, et se perd.

Ce couple prolifique continue sa passion pour les histoires en marge. En 2020 paraît L’Académie qui suit la carrière bourgeonnant et ardue de jeunes basketballeurs qui souhaitent à tout prix entrer dans les grandes ligues.

Née au Saguenay, Emilie Pednault c’est l’œil d’une tempête de passion et d’émotions qui s’arrêta, il y a une dizaine d’années à Baie-Comeau. « Chu ben intense », me dit-elle, et c’est vrai depuis les débuts de sa carrière artistique.

Passionnée depuis toujours du patrimoine immatériel, c’est à Baie-Comeau qu’elle trouve son créneau, qu’elle assume pleinement son métier d’artiste et s’œuvre à faire taire ses remises en question.

« Arrivée à Baie-Comeau j’me suis dit f(udge) toute »  me répète-elle, et depuis, l’artiste multidisciplinaire exprime en sensibilité son quotidien de mère et sa vision du patrimoine culturel de la Côte-Nord sous une multitude de formes.

Sculpteur sociale, c’est comme ça que se décrit Johanne. La longue carrière de l’habitante de Moisie, village au nord de Sept-Îles, n’a pas toujours été marquée de cet esprit revendicateur. De retour sur la Côte-Nord après plusieurs années à Montréal, Johanne fait face à la réalité qu’elle a quittée.

Elle grandit en bordure de Maliotenam l’une des communautés innues qui cerclent Sept-Îles. Maintenant, sa relation au territoire nord-côtier et à son héritage de violence et de destruction des espaces naturels prend tout son espace de réflexion artistique. Depuis, Johanne œuvre à la contamination sociale, à travers son art elle espère changer les mœurs, ouvrir le dialogue, pour éventuellement guérir.

C’est à travers l’Atelier de la 8e île, un lieu de création qu’elle habite et qu’elle partage avec d’autres artistes. En collaboration avec des créateurs d’ici et d’ailleurs, elle consacre tout son temps à la réalisation de son rêve, de ses utopies nordiques.

La dernière année de mon secondaire en est une de tous les excès, où la fibre rebelle devient le chandail au grand complet, tricoté de désobéissance et de mauvaises décisions. Tout le contraire pour Benoit, c’est l’année où il décide de fonder ce qui deviendra l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord (OSCN).

Passionné de musique et multi-instrumentiste depuis un très jeune âge, ce projet d’abord scolaire devient une carrière. Avec la professionnalisation de l’OSCN et la multitude de prestations qui suivent, le jeune chef d’orchestre est projeté à la tête d’une formation toujours plus ambitieuse.

L’OSCN et Benoit Gauthier parcourent à plusieurs reprises le littoral nord-côtier, mais c’est en Basse-Côte que Benoit réalise son projet le plus marquant. À bord du Bella-Desgagnés, l’OSCN porte la mélodie du Carnaval des animaux du compositeur Camille Saint-Saëns, de village en village.

Nicolas Lachapelle et Éloïse Demers-Pinard sont tous les deux artistes et Septiliens d’adoption, où ils travaillent et créent, ensemble. Venus du monde du cinéma, du journalisme et de la littérature, l’école de la vie (et l’école en générale aussi), les mènent par tous les hasards vers le balado. Lors d’une date, à l’aube de leur relation, ils réalisent un premier documentaire sur des chauffeuses de monstertruck. Puis un autre intitulé Ogdoï, pour lequel ils seront lauréats de plusieurs prix associés au médium.

Ainsi prend forme un engouement partagé pour le documentaire sonore, qui culminera par le lancement du balado Par-delà la 138. Au bout de la route, Éloïse et Nicolas feront le reste du chemin en ski de fond, récoltant au fil des villages bas-côtiers des sons, des voix, le relief sonore d’une région.

Artistes de l’année 2021 de Culture Côte-Nord, les talentueux documentaristes travaillent maintenant sur des projets solos et nous rappellent qu’il aura toujours de nouvelles histoires à écouter.