Share L'Histoire en roue libre
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By Baptiste Martin
The podcast currently has 34 episodes available.
Six historien·nes présentent leurs recherche et articles rédigés dans la revue Cahiers d’histoire n°152 : “Extrême droite: de la marginalité au pouvoir ?”.
À l’heure ou les idées de l’extrême droite sont banalisées dans le débat public et que le RN s’institutionnalise au terme des dernières élections législatives, les historiens et historiennes reviennent sur les fondement de cette culture politique nationaliste, xénophobe, violente et autoritaire. D’autres adjectifs peuvent être ajoutés. Mais depuis quelque décennies la définition de l’extrême droite semble s’être diluée dans l’imaginaire collectif à force de reprendre ses mots, de jouer tactiquement avec son parti et de lui offrir une dangereuse respectabilité.
L’extrême droite est plurielle mais cohérente dans les idées et les valeurs qu’elle défend. Et cela se révèle lorsqu’on analyse et restitue son histoire.
Le invités était donc Grégoire le Quang qui a coordonné le numéro de la revue.
Baptiste Roger Lacan dont l’article revient sur la biographie de Pierre Gaxotte, une figure intellectuelle qui est parvenu à faire oublier son engagement après la seconde Guerre Mondiale et à entrer à l’Académie Française.
Alexandre Dupont revient sur les mouvement contre-révolutionnaire du XIXe siècle, catholiques et royalistes dont certain principes irriguent les partis de notre époque.
Virginie Dubslaff enquête sur le terrorisme d’extrême droite en Allemagne et nous rappelle que la violence politique de ce mouvement ne s’est pas éteinte, au regard des tueries en Norvège en 2011, en Australie en 2019, de nombreux attentats en Allemagne ces dernières années et bien d’autres exemples.
À une autre échelle, Richard Vassakos nous parle des graffitis des militants d’extrême droite au début du XXe siècle et sous le régime de Vichy. Cette pratique se distingue historiquement des autres forces politiques qui use du graffiti comme un moyen de propagande tandis que l’extrême droite en fait une arme d’intimidation et de menace directe.
Enfin l’historienne Ludivine Bantigny était invitée en tant que coautrice de l’ouvrage Face à la menace fasciste rédigé avec Ugo Palheta aux éditions Textuel.
Serge Reggiani – Les loups sont entrés dans Paris
Notre invitée Raphaëlle Branche est professeur d’histoire à l’Université de Nanterre, spécialiste de la guerre d’Algérie. Elle est co-autrice du documentaire En guerre(s) pour l’Algérie avec Rafael Lewandowsky, diffusée sur arte.tv jusqu’au mois d’août 2022.
En six épisodes, la série revient sur la guerre d’indépendance entre 1954 et 1962. Ce sont 66 témoins qui racontent cette histoire : des jeunes français d’Algérie, de Métropole, des Algériens mobilisés au sein du FLN ou auprès de Messali Hadj, militant.es pacifiste, de l’OAS, militaires gradés, jeunes conscrits, Harkis ; ils et elles nous livrent leurs récits d’expérience et restituent comment ils ont vécus ces évènements.
Ce sont autant de trajectoires qui nous donnent à voir la pluralité des acteurs et des perceptions de la guerre. Raphaëlle Branche revient sur ce projet de documentaire, l’importance d’un récit par le bas de ce conflit et explicite, à l’aune de ses recherches sur les jeunes français mobilisés, différents aspects de ces générations “Guerre d’Algérie”.
Francis Lemarque – Quand un soldat
Elle fut violemment réprimée par la police parisienne sous les ordre du Préfet Maurice Papon, le bilan officiel est de 9 morts et plus de 250 blessés.
Muriel KS : Parce que je craignais qu’on ne les oublie,
Parce que finalement, la République leur a rendu hommage …mais en 5 lignes,
Parce que leur mémoire est plus importante que jamais aujourd’hui.
Je remercie vivement toutes les personnes qui m’ont permis de réaliser ce documentaire :
et mon père, José Luis Sanchez, manifestant.
“Charonne, 1962” est un documentaire de création de Muriel KS . Extraits des films « Diabolo Menthe » de Diane Kurys et de « Mourir à Charonne, pourquoi? » de Daniel Kupferstein.
Les invité.es étaient Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau auteurs de l’ouvrage Universalisme publié aux éditions Anamosa.
Mame-Fatou Niang est maîtresse de conférence à Carnegie Mellon University en Pennsylvanie, elle s’intéresse aux questions urbaines, raciales et à l’universalisme en France.
Julien Suaudeau est cinéaste et écrivain. Il enseigne à Bryn Mawr College à côté de Philadelphie. Ses travaux porte sur le refoulement des questions coloniales dans les discours politique en France et dans l’histoire culturelle.
Tout deux nous invite à repenser l’Universalisme. Le concept étant brandit contre toutes celle et ceux qui questionnent l’héritage de l’esclavage et de la colonisation en France, il résonne comme un terme conservateur et excluant.
Comment se réapproprier ce mot et lui donner un souffle émancipateur ? En dessinant un humanisme à la mesure du monde qui intègre l’histoire mosaïque de la France sans occulter son impérialisme et les discriminations raciales enracinées de siècles en siècles.
Paul Maneuvrier-Hervieu a rédigé et soutenu une thèse d’histoire économique et sociale intitulée <em>La Normandie dans l’économie Atlantique au XVIIIe siècle. Production, commerce et crises.
À rebours des représentations d’une Normandie rurale, la région entre de plein pied dans la révolution industrielle. Les ports de Rouen et du Havre jouent un rôle de premier plan dans le commerce extérieur du Royaume de France, deuxième puissance commerciale avec l’Angleterre. Le coton importé des Antilles dynamise le territoire et l’industrie devient la principale activité pour de nombreux habitants.
Paul a étudié ces transformations économiques du territoire en mesurant la dépendance croissante des normands à l’industrie et au commerce extérieur. Ainsi les révoltes de subsistances normandes du XVIIIème siècle ne sont pas seulement conséquentes de mauvaises récolte. Paul montre que des crises sociales éclatent alors que le prix du grain ne monte pas ou à l’inverse des hausses de prix ne provoque pas d’émeutes. Le commerce et l’industrie sont donc déterminants dans ce territoire à l’aube de la Révolution française. La Normandie connectée au monde renouvelle les regards sur les crises du XVIIIème siècle et la dépendance au commerce s’éclaire lors de la signature du premier traité de libre échanges en 1783, de la révolution de Saint-Domingue de 1791 et des guerres contre l’Angleterre.
The Diasonics – Almandine
Anaïs Albert est historienne, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’Université de Paris et autrice de La vie à crédit. La consommation des classes populaire à Paris (1880-1920). L’ouvrage, issus de sa thèse, revient sur les facteurs qui permettent l’accès des classes populaire à la consommation lors de la “Belle Époque”. Si les Grands Magasins construits au Second Empire incarnent les débuts de la société de consommation moderne, ces derniers s’adressaient d’abord à une clientèle bourgeoise. À la fin du XIXe siècle les salaires sont en hausse pour les ouvriers, employés ou les petits fonctionnaires parisiens. Parallèlement, un homme de commerce, Georges Dufayel, met en œuvre un système de crédit à la consommation qui ciblent directement les classes populaires.
Or des pauvres qui consomment suscitent dés cette époque des commentaire moraux ou négatifs dont on retrouve des échos de nos jours. Consommer est un vice qui fragiliserait encore plus les classes populaires (qui feraient donc mieux d’épargner) pour les uns; une aliénation qui éloigne les individus de toute lutte d’émancipation pour les autres. Cette histoire sociale de la consommation est un moyen de sortir de ces discours.
L’enquête s’attelle ainsi à interroger cette nouvelle culture matérielle qui mêle l’acquisition moderne d’objet neuf à crédit et les moyens alternatifs de diffusion de biens, les brocantes et les marchés d’occasion. C’est aussi une période de transition lors de laquelle différents domaines (comme la santé ou la mort) qui relevaient de solidarités familiales ou de voisinages sont désormais marchandisés. Toutefois, le phénomène n’est pas linéaire et les populations étudiées demeurent socialement fragiles. En cas de crise, de soucis de santé ou de travail, beaucoup retrouve des forme plus traditionnelle d’entretiens des biens, d’économie etc.. Ce sont autant de savoirs pratiques de la pauvreté ancré dans l’habitus des classes populaires étudiées par Anaïs Albert.
Fréhel – Où est-il donc ?
Les moutons et les brebis sont les premier animaux domestiqués par Homo Sapiens. Nous trouvons des traces d’élevages ovins en 8 500 avant notre ère, période du Néolithique et de la sédentarisation des sociétés humaines (une partie du moins).
Bien plus tard entre le Xe et le XIIIe siècle, l’essor de l’économie drapière fait de la laine une matière première convoitée car l’industrie textile devient l’activité manufacturière la plus importante d’Europe. Elle est le moteur des transformation économique et sociales de la période moderne, à l’origine du capitalisme. Le mouton est ainsi une ressource stratégique pour les Royaumes en concurrence commerciale.
Le Mérinos est une race ovine dont la laine est connue pour être d’une excellente qualité. C’est le début d’une histoire racontée lors de l’exposition La guerre des moutons. Le Mérinos à la conquête du monde 1786-2021 aux Archives Nationales de Paris.
Le roi Louis XVI se procure de précieux mérinos et fonde la Bergerie Royale à Rambouillet qui se trouve au centre d’enjeux économiques, scientifiques et géopolitiques tout le long du XIXe siècle.
Pierre Cornu historien des sciences et co-commissaire de l’exposition nous raconte l’épopée de la Bergerie, les projets napoléoniens de construire une puissance industrielle du textile à l’échelle impériale et nous initie à cette longue et complexe histoire des rapport entre l’homme et les animaux d’élevage.
L’exposition est gratuite, vous pouvez aller la voir jusqu’au 18 avril 2022 à l’hôtel de Soubise de Paris.
Georges Carpentier est né à Liévin en 1894. C’est un cht’iot, issu d’une famille modeste qui grandit joyeusement entre l’école, les plats de lapin au pruneaux de sa mère et les bagarres avec d’autres enfants. L’une d’elle change sa vie car il est repéré à 10ans en train de se battre par le professeur de gymnastique François Descamps. Ce dernier décide alors de le prendre sous son aile pour lui apprendre la gym et la boxe. Georges se révèle être un combattant hors norme “né pour boxer” écrit-il. Il enchaîne les victoires et devient le premier boxeur professionnel de France. Champion de France et d’Europe en 1911. Il n’a alors que 17 ans et il est le premier français à battre un anglais à ce niveau sur le ring. On compte 109 combats sur l’ensemble de sa carrière avec 14 défaites pour 88 victoires.
Carpentier a marqué l’histoire de la boxe et du sport.
Pourtant aucune biographie ne lui était consacrée jusqu’à la thèse de Stéphane Hadjeras puis son ouvrage, Georges Carpentier. L’incroyable destin d’un boxeur devenu star. Nous revenons sur la trajectoire l’athlète et ses combats les plus célèbres, notamment le match contre Jack Dempsey à Jersey-City en juillet 1921, analysé comme un évènement-monde lors duquel tout Paris vibrait pendant le combat pour le héro national.
La boxe est ainsi le miroir d’une société de la Belle Époque, chaque champion représente sa nation, les matchs cristallisent des concurrences internationales et à travers le travail de Stéphane Hadjeras, on comprend comment le sport-spectacle tel que nous le connaissons est né dans ces temps là.
Graeme Allwright – Qui a tué Davy Moore ?
Marguerite Ronin est historienne au CNRS. Elle a soutenu sa thèse en 2014 : “la gestion commune de l’eau dans le droit romain. L’exemple de l’Afrique romaine et de l’Hispanie. Ier siècle avant – Ve siècle après JC”. Dans cette émission, Marguerite nous partage son travail et les enjeux de sa recherche en histoire environnementale.
Ce champ historiographique interroge les interactions des sociétés avec leurs environnements naturels à différentes époques et dans différents contextes. Comment s’y prendre pour des époques aussi anciennes que celle de l’Empire Romain ? A travers les textes juridique, Marguerite explore la régulation de l’usage de l’eau dans certains territoires romains et y décèle les interactions entre différents acteurs ainsi que des conflits liés à l’eau. Les normes juridiques de gestion de l’eau écrites par les Romains ont traversé les siècles jusqu’à notre époque. Or ce droit ne protégeait pas la ressources en tant que telle mais un usage économique et un bien patrimonial.
La discussion se poursuit autour de plusieurs enjeux environnementaux de l’Empire : l’exploitation de minerai, de bois ou l’augmentation démographique qui demande une production agricole croissante. Ces questions témoigne de la richesse de l’histoire environnementale à toutes les périodes.
À L’OREILLE :
Située au 20 rue Étienne Marcel dans le IIe arrondissement de Paris, la tour Jean Sans-Peur est un vestige exceptionnel de la ville médiévale. Elle fut construite au XVe siècle en pleine guerre civile et complète l’hôtel de Bourgogne adossé à l’enceinte de Philippe Auguste. C’est donc un lieu de pouvoir qui traversa les siècles, classé Monument Historique en 1884 puis ouvert au public en 1999 après restauration.
L’association d’historiens et d’archéologues Les amis de la tour Jean Sans-Peur en ont fait un centre d’interprétation où les visiteurs s’immergent dans le contexte du bâtiment. Pour accéder aux cinq niveaux de la tour, on emprunte l’escalier d’apparat qui se tient par une voûte végétale représentant la famille du Prince. Très peu de ces chefs d’œuvres architecturaux sont parvenus jusqu’à nous.
En plus du lieu, la Tour propose des expositions sur la vie quotidienne médiévale et jusqu’en mai 2022, nous pouvons assister à “Jeunesse au Moyen-Âge”.
Agnès Lavoye, chargée des publics et de la programmation de la tour Jean Sans-Peur nous raconte cette histoire. Elle a elle-même étudié les étapes de sa construction, les compositions et significations de la voûte. L’exposition retranscrit au public des nouveaux regards historiographique sur l’enfance et la jeunesse au Moyen-Âge. Car on a longtemps cru que les enfants étaient peu intégrés dans ces sociétés anciennes, vus comme des petits adultes. En réalité ils étaient l’objet d’attentions et prenaient toute leurs parts à une conception des cycles de la vie.
Cette valorisation des théories de l’éducation, des jeux pour enfants, des différentes vies de jeunes au Moyen Âge participe à abolir les clichés sur cette époque et c’est là une bonne raison d’aller y faire un tour.
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